C'est en 2008 que Klone commence à faire parler d'eux avec la sortie d'All Seeing Eye, soit quasiment dix ans après la formation du groupe. Deux ans plus tard on retrouve les poitevins avec un nouvel album sous le bras qui devrait les amener un cran au dessus dans la reconnaissance car quand on voit la qualité de Black Days cela semble tout à fait justifié.
Black Days se pose comme la continuité d'All Seeing Eye et n'a absolument pas à rougir par rapport à leur précédent album. En fait, Klone a réussi le tour de force d'aller plus loin, de faire mieux, d'approfondir leur Metal Progressif tout en gardant leur patte si spéciale. Quelques influences se décèlent tout même, celles de Tool et de Porcupine Tree qui sont à la base ce pourquoi Klone existe, se ressentent de suite, mais depuis le temps, ces inspirations se sont largement assimilées et digérées pour que cela ne se ressente que légèrement et n'altèrent en rien l'empreinte musicale particulière du groupe. Les poitevins sont donc passés au niveau supérieur ici, car les morceaux sont plus aboutis, plus complexes aussi. Il faudra surement quelques écoutes avant de se familiariser avec l'univers développé sur ce Black Days, mais une fois ce palier franchis, on ressent tout le potentiel de ce nouvel opus qui demeure d'une grande richesse que se soit d'un point de vue purement technique, mais surtout de l'atmosphère qui s'en dégage. Les ambiances, c'est d'ailleurs le gros point fort de Klone qui arrive à insuffler des passages remarquables comme sur l'instrumentale Closed Season. Klone montre par conséquent un visage plus progressif, moins décapant et rugueux que sur All Seeing Eye. Certains auditeurs seront donc un peu désorientés sur les premières écoutes de cet opus, mais il faut bien avouer que le léger virage pris par les français à de la gueule et leur sied à ravir.
Moins immédiat ou moins rentre dedans c'est sans doute vrai, par contre une chose qui ne bouge pas d'un iota c'est la capacité du groupe à mettre du groove sur chaque morceau (The Spell Is Cast). Black Days c'est également des moments mémorables à la pelle. Difficile de sortir un titre en particulier, mais des envolées de Rite Of Passage à l'efficacité d'un Rain Bird, cette galette est remplies de morceaux qui restent en tête sans jamais tomber dans la facilité. Klone dévoile une facette plus sombre également sur Danse Macabre par exemple. Et puis il y a cette reprise d'Army Of Me de Björk véritablement somptueuse, marquée par la forte personnalité de Klone.
Il me semble impensable d'écrire cette chronique sans souligner l'énorme boulot de Yann Ligner d'une maitrise incroyable derrière son micro. Il possède un timbre vocal, un phrasé qui en font une signature vocale reconnaissable dès les premiers couplets. Ainsi, même s'il s'attarde moins sur le chant growlé, le frontman officie toujours entre les voix hargneuses et le registre mélodique et aérien d'excellente facture, prouvant qu'il fait partie des plus belles voix du Metal hexagonal. Il convient également de parler de la production d'avantage travaillée et subtile sur cet opus, mettant en valeur l'instrumentation de Matthieu Metzger et d'une façon générale la qualité de composition du groupe.
Black Days est une œuvre inspirée et intelligente à placer sans mal dans les meilleures sorties de Metal français 2010. On espère qu'elle aura autant de succès que celle de leurs collègues poitevins, Hacride, l'année dernière. Et qui sait, ils marcheront peut-être sur les traces du géant français à la baleine. Ca serait amplement mérité.
A écouter : 1
Note : Un dvd live de 53min est également présent. Le concert a été enregistré le 07 février 2008 au Confort Moderne de Poitiers et comporte des treize morceaux issus de High Blood Pressure et d'All Seeing Eye. Filmé de manière professionnelle et d'une très bonne qualité sonore, il permet de découvrir la richesse et la puissance musicale de Klone sur scène.
Voilà un excellent album travaillé, homogène, illustrant le son caractéristique et le savoir-faire de Klone. Tout est ici très bien dosé, habile mélange de rock et de metal, tantôt aérien, tantôt plus lourd et direct. Avec en point d'orgue l'enchaînement "Hollow way"/"Immaculate desire", preuve d'une belle maîtrise instrumentale et vocale.
Une réussite sur album confirmée sur scène avec un public très réceptif lors de la tournée qui a suivi.