S'il est une scène qui se porte à merveille ces dernières années, c'est bien celle de ce qu'on appelle désormais le 'modern old school'. D'American Nightmare (Give up the Ghost) à Have Heart, en passant par Comeback Kid, difficile d'être complètement passé à côté de la vague si l'on s'intéresse un tant soit peu au hardcore en général.
Killing the Dream en est un digne représentant, et sans conteste parmi les plus intéressants actuellement, même si la concurrence ne manque pas. Se démarquant par un côté très brut couplé à un sens mélodique certain, les Californiens reviennent cette année plus que jamais décidés à confirmer les excellentes prédispositions démontrées il y a deux ans, avec In Place, Apart.
Et c'est d'abord à coups de marteau-piqueur que le groupe décide d'approfondir le sillon entamé auparavant. Bien aidés par une production dantesque et abrasive ainsi que par une section rythmique parmi les meilleures du genre, leur musique n'a sans doute jamais semblé aussi intense, agressive, percutante, à la limite du chaotique, prête à vous remettre une droite à la moindre baisse d'attention. Impression qui se voit d'ailleurs renforcée par les parties vocales d'Elijah Horner toujours déchirées, à la limite de la rupture, comme si chaque mot, chaque phrase éructés pouvait le soulager un peu plus du fardeau de douleur et de désespoir que le monde, le fait de vieillir et une femme semblent avoir contribué à former sur ses épaules.
Car c'est là aussi que réside la force de ce groupe : sa capacité à baisser les bras, à oublier sa rage et à se laisser emporter lors d'envolées mélodiques poignantes, très réussies, jamais trop évidentes et qui rassurent donc sur les aptitudes à la composition des deux nouveaux guitaristes du combo (Patrick Guild et DJ Rogers). Il n’y avait cette fois rien à craindre pour Killing the Dream, ses nouveaux membres semblent s’être intégrés très naturellement au processus d’écriture, rafraîchissant sans la bouleverser, l’identité du groupe et de sa musique.
Rien ou presque. Car après quelques temps, certains morceaux finissent par sembler un peu courts ("Thirteen Steps", "We Were", "You’re all Welcome"). On en resterait presque sur notre faim si cela n’était pas quelque peu inhérent au genre, et on pourra seulement espérer que cette sensation ne soit pas le premier signe d’un futur manque d’inspiration.
Toujours est-il que ce Fractures vient discrètement se poser parmi les meilleures sorties de l’année 2008 dans un genre qui en a pourtant connu beaucoup et pas des moindres. Killing the Dream possède malgré cela suffisamment d'atouts et de personnalité et il serait dès lors dommage de passer à côté, surtout que l’objet s’accompagne d’un classique, mais très bel artwork, signé Jacob Bannon (Converge).
1. (Re)Acquaintance ; 2. Part II (Motel Art) ; 3. Fractures ; 4. Thirty Four Seconds ; 5. Consequence (What Comes Next) ; 6. Everything but Everything ; 7. Hang the Jury ; 8. We Were ; 9. You're all Welcome (feat. Rob de Ruiner) ; 10. Thirteen Steps ; 11. Holding the Claws ; 12. Resolution
A écouter : Fractures, Resolution, You're all Welcome