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Biographie

Khemmis

Actif depuis 2012, Khemmis est un groupe de Heavy/Doom à la recette traditionnelle tout en apportant un son moderne à ses compositions. Très vite, Khemmis sort un premier EP éponyme qui sera parvenu aux oreilles de 20 Buck Spin puisque le label sort le premier opus du groupe, Absolution, deux ans plus tard. Bien reçu par les fans, l'album précède Hunted qui fera gagner au groupe un peu plus encore de notoriété et de reconnaissance. 

Chroniques

Desolation Hunted
16.5 / 20
8 commentaires (16.75/20).
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Desolation ( 2018 )

Il y a même pas deux ans, Khemmis s’était fait une place au soleil avec un Hunted qui propulsa nos Américains hors des frontières de leur Colorado natal. Faut dire que les groupes se la jouant Heavy Doom et capables de ne pas pomper bêtement Candlemass tout en proposant une musique plutôt inédite, ça ne court pas les rues. 

Dès les premières secondes de Bloodletting on se trouve en terrain connu, ravi par les rythmiques puissantes dominées de duos  de guitares harmonieuses à la Iron Maiden. Enfin, un Iron Maiden qui aurait rencontré Katatonia offrant un verre de cigüe, car si le génie des mélodies est toujours présent chez le quatuor, le ton lui s’est assombri. Desolation n’a pas volé son nom, illustré par des coups Doom plus désabusés, des leads à te rendre l’œil humide et une voix qui vient t’enserrer le cœur. D’ailleurs les virées extrêmes apparaissent plus souvent, les cris aux couleurs encore jamais exploitées par le groupe continuent d’assombrir le tableau et apportent un relief plus viscéral et malsain. 
Pour être honnête, mes premières écoutes de cette troisième offrande furent presque décevantes. Mince quoi, même si Hunted ne respirait pas toujours l’allégresse il y avait cette fougue, cet instinct de lutte (Heavy) qui cherchait à prendre le pas sur la fatalité (Doom). Desolation est un disque bien plus accablé, parcouru de textes moins métaphoriques qui laissent s’exprimer pleinement la douleur, et composé dans un contexte de deuil. De fait, garder les paroles à portée de main sera nécessaire pour toucher à l’essence de cette sortie qui nous plonge dans la pénombre jusqu’à un final enfin rédempteur. 

Ces détails extra-musicaux pris en compte, c’est sous un autre jour que l’on écoute le successeur de Hunted. Encore une fois Khemmis livre une tracklist sans défaut, bien que The Seer fasse un peu figure d’enfant pauvre parmi ces six titres, faute de passage très marquant. Arborant la tristesse comme étendard, ce sont finalement les moments passés au fond du gouffre qui retiennent l’attention. A ce jeu-là, Flesh To Nothing et Maw Of Time se payent tous deux des mimiques vocales à la Katatonia agrémentées de relents Sludge/Black passablement cracras en total contraste, alors que les six-cordes déballent de l’oraison funèbre à chaque note. Isolation par ses airs plus tubesques pourra rehausser légèrement l’atmosphère, bien qu’un spleen évident pèse sur le refrain. Mais s’il fallait n’en retenir qu’un, From Ruin serait évidemment LE morceau qui surplombe ses congénères, car il condense toute la peine et l’espoir entremêlés, l’acceptation et le courage. Probablement les 9 minutes les plus intenses et possédées de la carrière de Khemmis, comment ne pas succomber à la cassure centrale de ce titre, lâchant des lignes de gratte à faire pleurer une pierre et un chanteur au sommet de son art. 

Disque cathartique pour nous, exutoire pour eux, Desolation est à appréhender avec un état d’esprit différent de son aîné. Le groupe accouche avec la mine grave d’un brûlot torturé et moins immédiat, qui demandera plus d’investissement. Mais avec des gars coupables d’une instrumentation toujours aussi parfaite, il sera surtout difficile de se passer de cette poignée de chansons dévorées par les passions, et rongées par une délectable affliction. 

Une interview de Khemmis traitant entre autre de Desolation est à lire par ici

A écouter : Flesh To Nothing, Bloodletting, From Ruin
17 / 20
10 commentaires (16.55/20).
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Hunted ( 2016 )

20 Buck Spin n'est pas avare en découvertes de qualité, une ligne directrice pour le label qui met aussi bien en lumière l'Avant-Garde Black de Oranssi Pazuzu que le Crossover Thrash de Foreseen. Parmi toutes ces pépites, nos quatre intéressés du jour on réussi à se frayer un chemin haut la main jusqu'aux meilleures sorties de l'année, et l'on ne saurait présager que le meilleur pour eux. 

Paré d'un Heavy/Doom/Rock musclé, Khemmis frappe avant tout par son instrumentation réglée au détail près, à savoir des guitares et une basse puissantes sans en devenir baveuses façon Stoner, qui savent aussi se montrer plus légères lors de passages aériens. Une certaine finesse qui n'est pas sans rappeler Pallbearer pour son amour d'un son racé et personnel. De son côté, la batterie n'hésite pas à fuir les carcans pachydermiques à plusieurs reprises pour donner quelques coups d'accélérateur (Three Gates). A l'écoute de Hunted il est d'ailleurs évident que les musiciens n'aiment pas la répétition à outrance, oubliez donc les riffs qui tournent en rond pendant une éternité car nos bonhommes du Colorado sont des créatifs et aiment le montrer à travers les mouvements variés de leurs compos. De la mélodie ? Aucun problème, Above The Water et Beyond The Door raviront les aficionados de soli et de notes tournoyantes. Des ambiances variées ? Oui ! Car Khemmis navigue entre des sommets d'epicness Heavy et les bas-fonds déprimants du Doom, le tout grâce à un chant tout bonnement génial et sans le moindre bémol. Partagée entre les deux guitaristes, la section vocale est accrocheuse tout du long, aussi bien poignante qu'exaltante selon l'atmosphère des pistes. Agrémentée par moments de growls presque Funeral Doom, la voix claire est à ranger quelque part entre Pantheist et Woods Of Ypres, et devient le principal véhicule d'émotions de ces quarante-trois minutes passées en compagnie des Américains. 

Cette ambivalence Heavy/Doom de Khemmis et sa tendance aux montagnes russes émotionnelles fait sens à la lecture des paroles de Hunted. Above The Water par ses tempos changeants et son chant saisissant de détresse nous dépeint un personnage faisant naufrage, englouti entre rêve et réalité dans les eaux profondes pour un périple intérieur et fantastique. Rien d'étonnant à ce que l'on retrouve un joli Cthulhu sur la pochette, tant la narration à la fois vague et poétique rappelle Lovecraft. Constamment troublé, notre héros ira se perdre dans les eaux sombres de Candlelight jusqu'à toucher un fond froid et Ahabien, avant de remonter d'un grand coup de pied vers un chant clair  animé par la force du désespoir. Three Gates requinquera de son riff Rock n' Roll et ses élans gutturaux, offrant une possible issue à notre naufragé, avant de replonger vers les guitares inquiétantes de Beyond The Door.
Khemmis règne en maître dans ce clair-obscur continu qui apporte une fraîcheur ininterrompue à chaque piste, évitant au maximum le monochrome et ses tares. Un peu d'attention permettra de remarquer le soin apporté aux arrangements multiples qui laissent une impression générale de clarté et de cohérence. Hunted n'est pas un simple empilement de morceaux, ceux-ci se voient liés habilement les uns aux autres, tant du point de vue de l'écriture que de la musique elle-même. 

Dès son deuxième album, Khemmis finit numéro 1 du top 2016 de Decibel Magazine et s'est également fait remarquer à d'autres reprises chez nos confrères d'outre-Atlantique. Une reconnaissance bien méritée qui espérons-le conduira notre quatuor à déverser ses riffs lourds sur les scènes de l'hexagone. 

A écouter : En intégralité