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Biographie

Kehlvin

Kehlvin est la renaissance du groupe suisse Loaf A, nom sous lequel The Mountain Daylight Time fut en parti composé. Proposant un post hardcore dans la lignée de "early" Isis et Cult of Luna, Kehlvin tend à se démarquer par son équilibre entre l'intensité et les constructions d'atmosphères prenantes. Fort de son succès, Kehlvin réédite leur premier album avec un nouvel artwork allant de paire avec une distribution outre Atlantique. En 2008, les gaziers sortent Holy Cancer (EP + Live DVD) ainsi qu'un disque issu d'un collaboration avec Rorcal, le tout sur Division Records.

15 / 20
1 commentaire (15/20).
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Holy Cancer ( 2008 )

Malgré des influences tenaces, Il aura suffit d'un album à Kehlvin pour se mettre au niveau des meilleurs éclats de Cult Of Luna et Isis. Toutefois, la comparaison risque fort de s'arrêter là car les suisses démontrent avec Holy Cancer, EP de 3 morceaux (découpés en 6 pistes), qu'ils ont définitivement les bras et les jambes assez lestes et solides pour aller chasser le tympan en autonomie parfaite.

La gueule béante, les crocs étincelants et acérés, la meute helvête a flairé le bon sentier et piège sa proie par une approche labyrinthique et une force de frappe décuplée. En écumant alternativement les surfaces pacifiques et rugueuses, Kehlvin parvient à maintenir son cap relativement imprévisible. Ce qui dans le style, couplé à l'intensité sonore, est la condition obligatoire pour espérer sortir la tête de l'eau sans se faire instantanément scalper. Leçon retenue. Intraitable sur les passages tempétueux, Kehlvin agresse et lacère à s'en faire péter la jugulaire avec un post metal aux guitares extravagantes et à la rythmiques enlevée ("God As A Mere Intentional Object"). Le chant dantesque, vomi sur du papier de verre, jouxte voire surpasse la rugosité typique des excellents Rosetta. Kehlvin se veut encore plus sombre que sur The Mountain Daylight Time, et même si quelques mélodies cristallines pointent au sein de l'orage ("Athesit Hope"), ces dernières débouchent la plupart du temps sur un trou noir où l'espoir se dénature en terreur oppressante et les visages calmes se transfigurent en masques de colère. Une impression qu’on ne retrouve pas forcement aussi vivement sur le DVD Live qui accompagne Holy Cancer. Kehlvin joue droit et propre. Kehlvin joue carré sans déborder du cadre. Trop sage.

Kehlvin passe donc l'épreuve du feu et rentre dans l'âge adulte. On regrettera seulement le fait que le format ne permette pas aux suisses de modeler un véritable monde. Les fondations sont là, reste à bâtir l’édifice.

A écouter : God As A Mere Intentional Object
16 / 20
5 commentaires (17.2/20).
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The Mountain Daylight Time ( 2006 )

Ce n'est plus une surprise, le Post-Hardcore atmosphérique (aka Postcore) est un grand gouffre dans lequel ont plongé têtes baissées, avec un atterrissage plus ou moins réussi, des groupes aux antécédents souvent énervés mais au goût toujours prononcé pour les promenades aériennes. Kehlvin est le digne représentant helvète de cette scène en recherche permanente de l'équilibre entre puissance et harmonie. "Digne", car ce premier "full length" nommé The Moutain Daylight Time, dont l’édition digipack est déjà épuisée, possède un feeling tout particulier qui permet de passer outre des influences aisément identifiables.

Il faut bien l'avouer, la moindre oreille avertie reconnaîtra ici sans mal la patte d'Isis ou l'ombre de Cult Of Luna. Frankenstein Bis en est sans doute l'exemple le plus flagrant. La construction progressive d'un mur sonore agressif, les traversées de paysages arides ou encore la sublimation par un chant abrasif sont autant d’éléments qui rappellent les jalons solidement posés par Aaron Turner et sa bande. Seulement voilà, Kehlvin possède et surtout maîtrise un certain art du dosage entre les attaques furieuses et les envolées Post-Rock que beaucoup d'autres n'ont pas. Là où (au hasard) In The Absence of Truth peut provoquer un ennuie fatal, les suisses parviennent à conserver une tension permanente qui maintient l'esprit alerte à chaque seconde. Grâce à un bon lot de mélodies déchirantes (Band Over), de samples électrisant, de chants clairs à se mettre à genoux  (How To Lie With Maps) et surtout un talent indéniable pour articuler tous ces éléments via des mouvements renversants, Kehlvin passe l'épreuve du feu haut la main, pour ne pas dire en passant par le point culminant.
Naissant d'un océan baigné de lumière, les déferlantes post-hardcore de Kehlvin s'assombrissent, menacent, puis s'abattent inlassablement sur les falaises de nos rancoeurs et de nos espoirs. On lutte mais le temps fait son affaire. On termine la tête sous l'eau, lavé de notre péché. Celui d'avoir affirmé haut et fort que plus rien ne pouvait nous atteindre dans un genre tendant à se renfermer sur lui même. Certes, aucune révolution n'est opérée ici mais l'âme et la passion pointent le bout du nez de manière insolente aussi bien dans les attaques hardcore metal à la violence viscérale (Fat Freddy, Moksa) qu'au sein des caresses rock à fleur de peau. Le tout est en plus servi par production irréprochable qui conserve toute l'énergie impulsive et imprévisible que Kehlvin communique à ses instruments malmenés mais assurément maîtrisés.

Espérons que ces discrets "postcore heroes" n'évoluent pas dans l'ombre des formations de chez Hydrahead ou aux basques du piédestal des suédois de Cult Of Luna. Il serait bien trop hâtif de les classer parmi de simples redites car ce premier disque de plus d'une heure a de quoi faire naître un bel espoir.

Télécharger : Albatross - How To Lie With Maps.

A écouter : Albatross - How to Lie With Maps - Frankenstein Bis