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Biographie

Keep Of Kalessin

C’est début 1994 que Gash et Obsidian C. (Satyricon, Thorns) forment Ildskjaer. Respectivement guitariste-chanteur et batteur, les deux norvégiens commencent à composer dans la veine d’un black metal comme il s’en fait beaucoup après l’explosion du mouvement de ce début des années 1990. Afin d’aller plus loin, deux membres rejoignent l’entité : Varrach en tant que batteur (reléguant Obsidian à son instrument d’origine, la guitare) et Vyl en qualité de bassiste.

Avec des problèmes pour trouver un local de répétition, et l’inertie aidant, le groupe n’arrive à sortir sa première démo, Skygger Av Sorg, qu’en 1996. Elle sera d’ailleurs d’une qualité tellement mauvaise que la formation préfèrera ne même pas la vendre, même à son entourage le plus proche. Malgré tout, certaines copies sont envoyées à des labels et Demonion Productions offre l’opportunité au groupe, entre temps rebaptisé Keep Of Kalessin, de réenregistrer sa démo, et de pouvoir montrer son potentiel. L’idée fonctionne puisque les 4 norvégiens signent dans la foulée un contrat avec Avantgarde Music pour plusieurs albums, dont le premier ne tarde pas à sortir.

Through Times Of War voit le jour en 1997 et officie dans un black metal très à propos par rapport à l’époque en question, à la fois dense et épique, emmené par des mélodies dépaysantes et bien vues, qui deviendront en quelque sorte la marque de fabrique de la formation, sur fond de bestialité rythmique.

Après plusieurs mois passés à tourner en Scandinavie avec Thorns notamment, le combo entame la conception de son deuxième disque. Avec une volonté de « prendre plus de distance avec la mode du black métal norvégien » (toujours cette obsession des trends) et s’oriente selon ses dires vers des sons plus suédois, plus léchés, avec une volonté d’apporter des touches death et thrash à l’ensemble. Dans les faits, les racines black metal de Agnen – A Journey Through The Dark sont tout de même les plus discernables, d’autant plus que la production de celui-ci, bien qu’enregistré dans le même studio que son prédécesseur, est bien plus sourde typique à ce courant. S’il faut aller chercher un lien de parenté avec la scène suédoise sur cette évolution, ce ne serait pas en direction de cette scène death mélo si propre, mais plutôt du côté de Dark Funeral, tant le virage pris semble être brutal.

En 2000, le line up explose, et seul Obsidian C. continue à composer pour le compte du groupe qu’il a fondé, mais ne trouve pas d’autres musiciens (notamment pas de batteur assez rapide) pour l’aider à continuer et se voit obligé de mettre Keep Of Kalessin entre parenthèses. Entre temps, celui-ci se voit embarqué dans l’aventure Satyricon, après une audition évidemment très prisée organisée par Satyr. Dans l’aventure, il rencontre bien entendu le légendaire Frost, l’un des batteurs les plus rapides de la scène, mais également Atthila Csihar lors de shows en compagnie de Mayhem, qui tout deux acceptent d’apporter leur participation à Keep Of Kalessin pour un EP.

Inutile de préciser donc, que l’affaire est un gros coup de promotion pour le nom Keep Of Kalessin, et que Reclaim hisse le groupe parmis l’élite des groupes norvégiens de black metal, même si celui-ci reste de très bonne qualité. Portant clairement la patte des deux guests de luxe jouant dessus, ce disque est pourtant l’œuvre d’Obsidian et montre clairement l’évolution future du groupe avec des compositions toujours brutales, mais bien plus emprises de mélodies épiques et de passes aérées, mises en exergue par une production très claire et à l’honneur de Frost et Attila.

Après cet épisode, Vyl, attiré par l’évolution de son ancien groupe, décide de réintégrer le line up, et plusieurs autres musiciens se proposent pour enfin à nouveau constituer une formation solide. C’est ainsi que voit le jour en 2006 le troisième album du combo, Armada.
En 2008, après un changement de label (pour aller sur Indie Recordings) le groupe continue son epopée épique avec Kolossus.

Chroniques

Kolossus Armada
16 / 20
2 commentaires (12/20).
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Kolossus ( 2008 )

Keep of Kalessin revient deux ans après son album Armada, qui a permis à de nombreuses personnes de les découvrir et est généralement considéré, selon moi à juste titre, comme un excellet album. Le line-up du groupe reste le même, mais Keep of Kalessin quitte Tabu recordings pour Indie Recordings, label constitué d'une partie de l'ancienne équipe de Tabu. Pas de gros changement de ce point de vue là, donc.

Visuellement, la pochette est épurée et ne manquera pas de rappeler aux amateurs celle du jeu Oblivion. Musicalement, tuons le suspense tout de suite, Kolossus est la suite logique d’Armada. Logique. Mais pas forcément celle que l’on souhaitait ou attendait. En effet, on a pu déterminer l’orientation du groupe en fonction de ses derniers opus : moins brutal, plus mélodique, le groupe se démarque du lot des groupes de black metal « traditionnels ». On en trouve la confirmation avec cet album qui est donc moins rapide et plus épique. Reste à savoir si le groupe n'avait pas atteint  l'équilibre parfait sur l’album précédent. Mais force est de constater que sa progression reste dans le droit fil de celle qui était entamée.

A l'écoute, on remarque tout de suite le travail qu’a fait Thebon sur sa voix : le chant s’est réellement amélioré. Plus précis, il fait en même temps passer plus d'émotions. Obsidian Claw, guitariste et leader, se fait plaisir avec quelques soli et nous offre plusieurs passages à la guitare sèche. La batterie, toujours aussi présente, menace presque parfois de submerger la voix. Vyl a d'ailleurs eu beaucoup plus de liberté sur cet album pour intégrer ses propres martèlements aux compos d'Obsidian C.  L’équilibre est en revanche atteint au niveau de la basse, qui tient réellement sa place, fait malheureusement suffisamment rare pour être noté !

Bien que le groupe ait été à la recherche d'un côté plus organique et d'un rendu live, le son reste toujours aussi clair et quasi-chirurgical, ne permettant pas de convaincre totalement de ce point de vue là. C'est principalement dans le chant qu'on ira chercher l'émotion et les sensations.

Concernant les morceaux eux-mêmes, on a là une vraie bande-son de film. Le thème de cet album est d'ailleurs la continuation de celui du précédent : on assiste ici à la bataille des vainqueurs d'Armada contre les Dieux, dans le but de prendre leur place. Le thème de l'intro est repris pour notre plus grand plaisir dans le dernier morceau de l'album, Ascendant, qui est sans doute le meilleur : s’il ne fallait en écouter qu’un, ce serait celui-là. Les morceaux, relativement longs, sont bien dans la continuité les uns des autres et l'ensemble est harmonieux. Des passages lents sont parsemés de ci de là, de manière très cinématographique (c'est particulièrement frappant sur Kolossus). On regrettera cependant une chose, que l'on pardonnera plus ou moins volontiers selon son affection pour le groupe : du déjà entendu. Certains riffs de guitare ne sont pas sans rappeler ceux du précédent album aux oreilles de l'auditeur soupçonneux... Pour autant, on reste loin de l'auto-plagiat.

Pour conclure, on dispose là d'un album qui fait moins l'unanimité que le précédent, mais qui suit la continuité de l'évolution du groupe. On attend avec impatience le suivant, que l’on espère voir poser un nouveau jalon, quel qu'il soit : retour à plus de brutalité ou évolution l'éloignant encore du black des débuts. Il faudra en tous cas que le prochain marque les esprits pour éviter à Keep of Kalessin de déchoir du piédestal sur lequel ils ont su se placer.

A écouter : The Rising Sign, Escape The Union, Kolossus, Ascendant
16.5 / 20
7 commentaires (15.86/20).

Armada ( 2006 )

S’il y a une chose que l’on ne pourra pas enlever à Obsidian C., c’est l’acharnement. Depuis que son projet lui a échappé, après un split officieux en 2000, il n’a rien lâché, et malgré le fait qu’il ait été obligé de se « contenter » d’un poste de guitariste de la bande à Satyr, Keep Of Kalessin est resté ancré solidement dans un coin de sa tête. Petit à petit, notre héro a tissé sa toile, faisant les fortuites rencontres que l’on sait, et sortant ce fameux EP en 2003 (avec Attila et Frost). Avec un blason redoré au passage, et une discographie dès lors passée culte, ne restait plus au viking qu’à constituer un line up enfin stable, chose devenue étrangement bien plus facile pour le coup, et à ne pas louper l’étape suivante, incarnée par Armada.

Pour être une réussite, Armada en est une. Enfin, la tête pensante de Keep Of Kalessin est arrivée à exploiter ses idées. Effectuons un léger flashback : après la sortie de l’excellent Through Times Of War, Obsidian C. déclare vouloir faire évoluer la musique du groupe dans une direction l’éloignant de ce black metal norvégien qui se meurt, en y intégrant des influences death et thrash. Le deuxième disque du quatuor ne porte pourtant pas (ou peu) cette évolution, pour des raisons qui auront certainement été à la base de l’explosion du line up par la suite. C’est sur Reclaim seulement, que l’on aperçoit pour la première fois de la direction empruntée par Keep Of Kalessin, et malgré les galères, Obsidian a en fait réussi à transformer son groupe en one-man band, dont il tire les ficelles.
Armada est donc le premier disque qui marque réellement la nouvelle identité KoK, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle est sacrément marquée. Pour ce qui est du black metal, on est toujours en plein dedans, à travers une base constitué d’un mur de guitares récurent, soutenu par une batterie d’une incroyable bestialité, qui témoigne de son manifeste courroux par un martèlement supersonique sans répit (l’introduction de Vengence Rising est tout bonnement hallucinante). Impossible de sortir d’une écoute de ce dernier opus des norvégiens sans se dire qu’il est d’une puissance incroyable, et pourtant Armada reste d’une grande finesse. Dans le mélange des styles tout d’abord, avec l’omniprésence de riffs et d’énergie thrash qui confèrent aux titres une efficacité incroyable, presque subtilement dissimulée derrière tout cet apparat de black metal, essentiel depuis la création du groupe. On se retrouve avec des riffs qu’un Dew Scented n’aurait certainement pas refoulés, des mélodies heavy ou des soli proprets sur fond de haine glissante emmenée par une bestialité presque frémissante, et le headbang reste alors la seule issue possible tant la recette est réussie.
Pour autant, malgré son apparente densité, Armada est également très aéré, et c’est bien là que se trouve sa grande finesse. Le chant tout d’abord (interprété par un certain Thebon) sait être extrêmement varié, maîtrisant tout un panel de growls (du plus caverneux au plus aigüe) mais également un chant clair fort bienvenu afin de souligner les ritournelles épiques éparpillées ça et là au cours des titres, leur accordant une dimension très hymnique, encore une fois terriblement efficace.
D’autre part, les titres, à l’instar de The Black Uncharted, savent offrir de l’air, grâce à des ponts et ambiances souvent sublimes. Ainsi par exemple, sur ce titre, un interlude impromptu développe une ambiance quasi hispanisante à travers un enchevêtrement de guitares sèches qui étonne par sa présence mais surtout par la qualité de son arrangement. Car au delà d’une musique bien pensée, la production est bien à la hauteur de l’art proposé. Certes, ne vous attendez pas à  des sons sourds sortis des Carpates, ici on a plutôt à faire avec une réalisation gonflée à bloc qui en met plein les esgourdes, un peu à la suédoise, soulignant de la meilleure des manières l’enchaînement palpitant que constituent les 10 titres d’Armada.

Grâce à son interprétation modernisée du black metal, Keep Of Kalessin revient en force, montrant avec brio de quoi son nouveau line up est capable, et où il voulait aller. Armada est un disque d’une extrême finesse derrière tout son faste de bestialité sanguinaire et il apporte de l’eau au moulin d’une scène qui se dit à elle-même qu’elle est entrain de mourir. Comme quoi, la réflexion et le travail peuvent encore mener à l’innovation, bien heureusement, et ce dernier opus des norvégiens le prouve bien largement.
 

A écouter: The Black Uncharted

A écouter : oui.