Biographie

Keava

Originaire de Moscou, Keava se forme en 2012 entre Screamo et Post-whatever. Rapidement, le combo, dont les informations diffusées sont très light, se lance dans un premier single l'année de sa conception, Tamaghis. En quelques années, un premier EP voit le jour, suivi d'un deux-titres et d'une participation à un tribute to Orchid.

16 / 20
1 commentaire (17.5/20).

Afterlight ( 2019 )

Alors que Keava amorce ici son troisième album, nous avions laissé les musiciens en 2013 dans un style mêlant Screamo et Post-Rock dans un mélange captivant, même si emprunt de quelques écueils. Ici, avec Afterlight, le combo reprend à nouveau certains points précédemment évoqués, mais enrichi ses sonorités de nouveaux aspects.
Car s’il fait suite à Svet Moi, qui apportait déjà du violon, un chant féminin et de la trompette, Afterlight reprend ces excursions, via de nouvelles lignes vocales, un violoncelle et un alto. Pour autant, le groupe reste fidèle à ses premiers amours : un mélange entre Screamo et Post, parfois ici proches d’Envy (notamment les passages les plus posés, comme « Bethabara ») ou de brutalité sonore (« Mecon »). Keava malmène les codes, change de masque en quelques minutes mais ne semble jamais fatigué de se faire succéder les ambiances.

A réserver aux adeptes des sonorités parfois acerbes, enchaînant instants épiques célestes (« Frost Queen ») et charges plus terre à terre (« Spring Beasts »), Afterlight se cache derrière un artwork qui au final ne dévoile pas son impétuosité manifeste. Un cap est véritablement franchi entre les deux dernières sorties, même si un titre comme « Nova » sur l’opus précédent amorçait déjà de grandes choses. Peut être pas révolutionnaire dans son approche, mais d’une intensité caractéristique de ce que nous évoquions il y a quelques années sur des groupes de la même scène, Keava digère plus de 10 ans d’influences sans ciller (« Spring Beasts », « Calvaria »). Sur Вечно усталым и спящим, j’évoquais Le Pré Ou Je Suis Mort ou Sed Non Satiata, mais le combo prend ici quelques distances, prenant une hauteur via des sonorités Post Rock bien plus aériennes (à nouveau « Calvaria »), notamment grâce à un rendu global qui amplifie cette sensation.

On l’a déjà évoqué, la musique de Keava savait toucher au coeur sur le premier album en 2013. Via Afterlight, les Russes lâchent donc un disque tout aussi intéressant, ne délaissant pas certaines facettes historiques du combo, mais ajoutant quelques couleurs à son champ chromatique.

Вечно усталым и спящим ( 2013 )

Originaire de Moscou, Keava emprunte depuis 2012 son nom à une petite ville d’Estonie mais au-delà des frontières des deux états, le combo se lance dans un screamo nébuleux : Envolées célestes et chant résonnant sous une nappe d’effets lointains sont au menu, alors même que les premières notes de « Wallflower » finissent à peine de résonner. Aux limites du Post-Rock, le combo alterne les ambiances, effleure les sentiments avec quelques cordes. Dans la même orientation, nous avions évoqué Gendarme, à savoir un mix avec Le Pré ou Je Suis Mort ou parfois Sed Non Satiata (sensation parfaitement illustrée sur « Я останусь в августе »). Keava va un peu plus loin dans l’intégration du genre plus posé dans l’océan habituel de fougue.
Les montées en puissance propres au Post-Rock sont ici bien présentes, également dans les notes et le mouvement progressif qui s’effectue au fil des minutes : le chant reste l’ingrédient majeur qui rattache au Screamo Keava, mais un titre tel « Сохрани », en version instrumentale, basculerait au final de l’autre côté de la barrière. Et même au-delà de cela, les Russes nous livrent trois titres sans ligne vocale associée, confortant cette idée que les aspirations sont bien différentes de leurs comparses de Gendarme.

Même si cet EP souffre de quelques maladresses (le passage central de « Я останусь в августе », avec des rythmiques un peu plus rock qui pourront faire hausser les sourcils certains), Keava a la bonne idée de ne pas sortir des traces larges déjà ancrées dans le sol, au risque de s’embourber : pas de grosse prise de risque, pas d’élan révolutionnaire aux airs de 1917 (et pourtant ce sentiment est bien présent sur la reprise de « Tigers » de Orchid) ou de prise aux tripes à la manière du dernier SNS. Juste un voyage via quelques compos, avec parfois de jolies surprises (« Ray »).

« The yesterday drowned in injuries, The morrow is black like the eyes of deceased
But Now you've escaped from droppers, stealing a respite
 »

Peut être pas le disque inoubliable que l’on aurait pu espérer, surtout si l’on a jeté en premier une oreille sur la reprise de « Tigers » de Orchid (dans une tendance plus orientée Neurosis / Amen Ra), cet opus de Keava a toutefois le mérite d’aller creuser à nouveau du côté d’un style qui se laisse apprécier facilement, surtout lorsqu’on écoute « Тем, кто не успел проснуться ». Au-delà des défauts, le combo touche parfaitement sa cible.

A écouter : Я останусь в августе - Сохрани