Kazan
Hardcore / Post Hardcore

Split avec After Taste
Chronique
La scène dijonnaise est en pleine activité, après les sorties de Empty Look Masses, IFS, c'est au tour du duo Kazan et After Taste de rejoindre le groupe des fraiches cargaisons. Conçut comme une bataille où chaque groupe se succèderai plutôt que des blocs bien distincts, ce split réunit donc les post-hardcoreux de Kazan et d'After Taste. L'ambiance s'installe dès l'intro. Un bruit lourd résonne, quelques autres viennent se greffer, sans sens propre, tandis que quelques mots soupirés amènent une batterie supportée par un son céleste. Et le mur s'effondre, Il pleut A Mourir a débuté, le ciel s'est obscurci et l'averse s'abat. Kazan et After Taste se succèdent sur des morceaux où la douleur est omniprésente. Les transitions mettent dans l'ambiance, illustrations sonores de vieux films, rétrospective d'une vie démoralisante.
Tu peux cesser ce regard et cette amitié, j’ai donné là où d’autres ont pleuré
C'est donc After Taste qui a la lourde tâche d'ouvrir ce split avec, ainsi, Il Pleut A Mourir. Titre sombre, avec des cordes lourdes comme un soir d'orage. La voix de Damien est poussé à bloc, prête à rompre, mais maitrisée pour ne pas défaillir. La batterie est appuyée, frappée avec fougue, tandis que les cordes savent tenir le rythme, tout en offrant des passages variés (La Distance). La musique d'After Taste a bien évolué depuis les premiers efforts du groupe. Passé d'un emo punk à un post-hardcore douloureux, le groupe semble avoir mûri depuis son premier album, frôlant même par moment, au niveau des riffs, Amen Ra ou Time To Burn (l’oppression en moins), sans pourtant arriver à maintenir cette sensation sur un long moment. Certains passages sont certes bancals, comme les spoken-words d’Il Pleut A Mourir, mais pourtant le trio arrive à s'imposer et surtout à faire vibrer l'auditeur. La musique n'est pas la plus originale du monde, ni la plus poussée sur les sentiments, mais After Taste y met ses tripes, offrant ainsi une prestation plus qu'honorable, bien que perfectible.
J’ai regretté / De vous avoir laissé / La vie est plus belle / Sans dernières nouvelles
Kazan joue donc ici 4 morceaux, torturés, agonisants, alternant passages agressifs et souffrants et accalmies poétiques à la douce mélancolie. La voix semble aliénée, les cris transpirent la douleur, primaire, animale. Exutoire, libération, peu importe les mots, la voix parle d'elle-même, tandis que les instruments sont le support de cette délivrance. Le quintet oscille parfois entre fureur et douceur, à l'image de Le Pacte, où cette succession se veut naturelle sans cependant devenir prévisible, offrant des accalmies pour digérer les maux. Les instruments ont la noirceur d’un Neurosis, la fragilité d’un Overmars (Dernières Nouvelles), avec presque autant de maitrise, de spontanéité. Si ce split devait être illustré par une rupture, After Taste serait les larmes, tandis que Kazan serait les cris de douleur, la détresse pure. A noter qu'il est plus que conseillé d'écouter le split dans l'ordre, les transitions travaillées soutenant l'ambiance dégagée par Kazan et After Taste.
Ce split est donc le fruit de deux formations proches musicalement et humainement, mais avec une manière d'aborder la musique différente. After Taste et Kazan sont donc ici complémentaires, offrant un split agréable, qui ravira les fans de musique émotionnelle, les amoureux d'Eris, et les autres. La scène bourguignonne se porte bien, et ce n’est pas les 2 auteurs de ce méfait qui vont nous contredire.
Myspace d'After Taste
Le Split est en téléchargement gratuit ici.
pour une fois qu'ya un bon truc qui sort chez les dijonnais!