Kayo Dot
Inclassable

Hubardo
01. The Black Stone
02. Crown-In-The-Muck
03. Thief
04. Vision Adjustment To Another Wavelength
05. Zodelida Caosaji (To Water The Earth)
06. The First Matter (Saturn In The Guise Of Sadness)
07. The Second Operation (Lunar Water)
08. Floodgate
09. And He Built Him A Boat
10. Passing The River
11. The Wait Of The World
Chronique
Evoquer une fois de plus maudlin of the Well lorsqu’on s’apprête à parler de Kayo Dot, c’en est presque désuet et inutile. Et pourtant, si ce dernier a désormais sa propre patte, Driver et sa bande ne se sont pas défaits de l’esthétique musicale qui leur colle à la peau. Hubardo est un écho à la première formation de Boston, car toujours tiraillé entre ses amours soniques aux horizons parfois contraires, mais à l'aura plus dense et plus sombre.
Difficile de faire une intro plus hostile et repoussante que
« The Black Stone » et ses râles lugubres lâchés par Jason Byron sur
quelques notes, passablement inquiétantes, qui ne facilitent en rien l’écoute.
Kayo Dot se distingue par une entrée en matière difficile, à l’image d’une
œuvre conséquente qui demandera du temps et une ouverture musicale certaine.
Mais les efforts des plus persévérants seront récompensés par un album parmi
les plus intéressants de la discographie, mêlant principalement un Metal
violent et dérangeant à l'atmosphère obscure et de belles envolées Jazz tout
aussi vindicatives. Particulièrement marquée dans les premières pistes, cette
fusion se manifeste au travers de guitares frénétiques soutenues par un batteur
furieux et architecte de structures chaotiques (« Thief »), secondés
de ce saxophone adepte de folles cavalcades perçantes (« Vision Adjustment
To Another Wavelength »). On pense notamment à John Zorn et son projet
Naked City ou plus secondairement au Shining Norvégien, mais là où ceux-ci
intègrent habilement cet instrument peu familiers du milieu Metal, Kayo Dot
creuse plus profond encore ses recherches expérimentales, alimentées de claviers Ambiant aux sonorités 80's (« The
First Matter »), de cordes fragiles ou encore de pianos discrets conférant
un ton plus grave et presque gothique à l'ensemble. Parallèlement au mariage
des deux styles principaux, le groupe effleure la musique Classique (« The
Second Operation ») et côtoie les ambiances Darkjazz et autres vibrations
Dronesques. Cette pléthore d'influences s'articule pourtant avec brio dans une
cohérence exemplaire, preuve d'un talent certain pour l'orchestration et contournant
le collage grossier et racoleur.
Le chant quant à lui est le garant ultime de la folie tout en offrant une
performance polyvalente, au bas mot. Des vocaux hallucinés et franchement
perturbants de « Floodgate » aux douces et mélancoliques mélodies sur
« Passing The River », Toby Driver est le fil conducteur de ce voyage
déroutant où l'inattendu se montre fascinant.
Car au-delà de sa prouesse à briser les barrières entre les genres (ou plutôt à unir ceux-ci), l’album s’apprécie également pour son concept global. Narré de manière très lyrique et imagée, Hubardo s’apparente à une sorte de nouvelle où un poète, visiblement à l’écart de ses contemporains, se trouve fasciné par la chute d’une mystérieuse pierre (« The Black Stone ») tombée du ciel. De fait, l’ambition et la palette sonore de ces onze pistes découlent de cette mythologie créée de toutes pièces, et se pencher de plus près sur les paroles apporte très certainement une dimension supplémentaire à l’Avant-Gardisme général, qui se révèle alors nettement plus parlant. Réciprocité, questions-réponses, musique et fiction ne font qu’un, ce qui constitue toute la force d’Hubardo, résolument destiné aux amateurs de Metal touche-à-tout bien entendu, mais plus généralement aux mélomanes et rêveurs, attachés à la création d’un univers tout aussi singulier que prenant. Guidés par la sincérité et la passion plutôt que par la traîtresse volonté de vouloir se démarquer à tout prix, le travail des Américains paye et impose le respect car complet, riche et certainement venu d’un autre monde.
Kayo Dot prouve avec cet opus que les alchimistes d’outre-Atlantique ne volent pas leur réputation et le statut « culte » de la formation. Dix ans après ses premiers pas et avec cinq albums au compteur, le groupe ne freine pas sa perpétuelle remise en question et sa quête de sens musicale. Souvent qualifiés d’Avant-Gardistes, il est cependant difficile d’imaginer que beaucoup de formations seront influencées par cette approche si personnelle des Bostoniens dans les dizaines d’années à venir; visionnaires peut-être pas donc, mais Artistes et Démiurges, très certainement.
Première note, premières écoutes. Je ne m'attendais pas à ça du tout. Pour tenter de résumer... je dis bien tenter... du Kayo Dot parsemé de black métal. C'est parfois très dense, parfois très léger, surtout dense tout de même, donc un peu dur à digérer au début.
LE morceau de la première écoute : And He Built Him A Boat.
Ensuite Zodelida Caosaji, The Black Stone et tous en fait... :)
Pas pour toutes les oreilles encore une fois mais les têtus y trouveront leur compte !