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Biographie

Katatonia

Katatonia se forme à Stockholm en Suède en 1991 à l'initiative du guitariste Anders "Blackheim" Nyström et du chanteur/batteur Jonas "Lord Seth" Renkse. Avec le bassiste Guilllaume "Israphael" La Huche, présent jusqu'en 1995, ils forment un combo évoluant dans un exemplaire style doom-death, riche de thèmes comme la mort, le suicide et la dépression, et enregistrent une première demo, Jhva Elohim Meth, puis en 1992 l'EP Jhva Elohim Meth...The Revival sous la houlette de Dan Swanö. Ce dernier, personnage récurrent dans l'histoire du groupe, produit également leurs deux premiers albums Dance Of  December Souls en 1993, puis l'ep For Funerals To Come en 1995, ainsi que Brave Murder Day en 1996 sur lequel apparaît Fred Norman comme second guitariste et Mikael Akerfeldt d'Opeth qui assure tous les vocaux death.  Le groupe se sépare un temps avant d'opter pour une toute nouvelle approche, donnant dans un rock à forte teneur émotionnelle et dépressive. Même le logo du groupe change. Sort ainsi l'album Discouraged Ones, premier opus de la seconde vie de Katatonia. Puis en 1999 avec le renfort de Mattias Norrman à la basse, ils enregistrent Tonight's Decision, probablement le meilleur album de cette nouvelle carrière, qui bénéficie également du jeu de batterie de Dan Swanö. Par la suite, Daniel Liljekvist s'empare des fûts et le groupe enregistre deux nouveaux disques Last Fair Deal Gone Down en 2001 et Viva Emptiness en 2003. Deux très bonnes compilations retraçant les deux carrières du groupe sont sorties ces dernières années. Brave Yester Days datée de 2004 reprend les chemins du doom et The Black Sessions en 2005 couvre l'orientation rock atmosphérique. Il est à noter que Nyström et Renkse apparaissent également dans Bloodbath, all-star band death suédois avec notamment Dan Swanö, Mikael Akerfeldt ou encore Peter Tägtgren. Les membres de Katatonia sont également partis prenante des défunts Diabolical Masquerade, groupe de Black Metal expérimental de Anders "Blakkheim" Nyström (avec en guest Swanö, une fois encore), et October Tide, doom mélodique aux accents death, où l'on retrouve Fred Norrman et Jonas Renkse. Katatonia, figure reconnue du Metal suédois, revient en 2006 avec The Great Cold Distance, un album plus violent qu'à l'accoutumée puis en 2009 avec Night Is The New Day. En 2012 Katatonia annonce son entrée en studio pour débuter l'enregistrement de son prochain opus intitulé Dead End Kings. Le groupe lance début 2013 une campagne de crowdfunding pour financer l'enregistrement de leur nouvelle réalisation, Dethroned and Uncrowned, qui sera composé des chansons de Dead End Kings complètement revisitées. L'album sort en septembre 2013. Le 17 avril 2014, Daniel Liljekvist annonce son départ, ce dernier ne pouvant plus s'investir dans le groupe compte tenu de sa situation financière. Katatonia sera présent pour l’édition 2016 du Hellfest.
Pour la petite histoire, Katatonia inonde régulièrement sa page Facebook de photos de ses fans avec des tatouages inspirés par la formations ; logos, pochettes d'albums etc ...

17 / 20
1 commentaire (13/20).
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Sky Void Of Stars ( 2023 )

City Burials (2020) et Mnemosynean (2021) à peine digérés, étaient déjà annoncés un nouveau single ainsi que la date de sortie du nouvel album. Alors, plus de deux ans et demi après son prédécesseur, qu’est-ce que Sky Void Of Stars a à nous raconter ?

Passons les mondanités et rentrons dans le vif du sujet. Katatonia décrit lui-même ce onze titres comme suit : "Our 12th album is a dynamic journey through vibrant darkness. Born out of yearning for what was lost and not found, the very peripheries of the unreachable, but composed and condensed into human form and presented as sounds and words true to the band’s signup. No stars here, just violent rain" *. Rien de nouveau sous le soleil froid, donc. La tension lourde de The Great Cold Distance (2006) qui témoignait majoritairement du deuil amoureux, est remplacée à partir de 2009 par le mal-être mental et sentimental devenu presque existentiel ; tantôt intériorisé tantôt dirigé vers le monde environnant et plus globalement la vie. Ce nouveau chapitre n’y fait pas exception.

Dans ce qui constitue le narthex de cet opus, les maîtres méritants du Metal mélancolique ont choisi comme single d’ouverture le complexe Austerity. Pour ceux qui ne s’appelleraient pas Romain Goulon, il faudra peut-être plus d’une écoute pour digérer les triolets aux accents forts peu conventionnels ; c’est une fois le premier couplet passé que nous pouvons apprécier la voix claire de Jonas Renske servant le refrain captivant avec panache. La noirceur du décor est plantée d’entrée de jeu avec les "fragments de ciel", l’horizon "fantomatique" et le "maelström", telle une toile grisâtre de Gauermann ou Friedrich. Bref, une météo austère nous accompagnant au fil des vers jusque dans le décor bétonné et froid du dernier titre : le sang et les flammes sur la pochette de Night Is The New Day laissent place à une cinématique remplie de cendres compactées par la pluie.

Nous retrouvons une même métaphore nihiliste de l’Homme contemplant sa propre mortalité ("These years, what a theft, 46 now, how many left […] I see the last days turning into emptiness, The birds, they rise, premonition of the other side") ou de l’au-delà ("I go west, gliding, weightless, through the vapor and into loss"), valant bien une comparaison avec le poème nommé Death Is Nothing At All de Henry Scott-Holland ("I have only slipped away into the next room"). Colossal Shade reprend les mêmes thèmes que Day And The Shade sorti 14 ans plus tôt : l’imagerie croyante ("saint" / "cathedral"), l’opposition lune / soleil et par extension le contraste jour / nuit, les montagnes / volcans, la trahison et cette éternelle idée de liberté.

Continuons notre avancée dans la nef ; sur le plan instrumental aussi, Sky Void Of Stars nous fait revenir une dizaine d’années en arrière : là où la deuxième moitié de décennie s’essayait sur un pan plus progressif puis un Electro plus moderne, nous retrouvons ici les sonorités plus classiques et familières du groupe, que ce soit les lignes de chants doublées pour avoir une harmonie constante, ou au contraire les vers se superposant, créant une polyphonie vocale intéressante, la réverbération importante pour plus de grandeur, parfois inversée en début de phrase pour un effet "fade in fantomatique, parfois couplée à une légère distorsion (vous savez, le fameux effet  mégaphone), ce qui rajoute un certain grain appréciable.

Clairement, Katatonia s’est amusé à jouer avec les textures et le mastering effectué par Jacob Hansen est d’une propreté chirurgicale. Chaque piste, chaque sample, est d’une clarté sans précédent, Drab Moon en est un exemple probant. Nous pouvons également apprécier la batterie de Daniel Moilanen troquant son jeu épuré pour de la rondeur, de l’imposant et du percutant, ce qui vient contraster à la perfection avec les toplines de Jonas, à la légèreté et la simplicité presque humble. Et les cordes tantôt frottées tantôt staccato - car que serait le mélancolique sans un peu de larmoyant ? Est-ce qu’on en parle ?

Comparé à son prédécesseur un peu plus décousu, ce nouveau chapitre est autrement plus cohérent et ne nécessite qu’une seule écoute pour conquérir l’oreille et le cœur de l’auditeur : une énergie infaillible et moderne alliée à un défaitisme nostalgique. Verdict : si le ciel est dépourvu d’étoile, l’album n’est aucunement dépourvu de brillance et d’une splendeur unique en son genre.

* "Notre douzième album est un voyage dynamique à travers une obscurité vibrante ; né du désir de ce qui était perdu et introuvable, des périphéries mêmes de l'inaccessible, mais composé et condensé sous forme humaine et présenté comme des sons et des mots fidèles à la marque de fabrique du groupe. Pas d'étoiles ici, juste une pluie violente."

A écouter : en boucle
14.5 / 20
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City Burials ( 2020 )

Catharsis (n.f.) : libération affective

Si ce groupe devait être résumé en un mot, ce serait probablement celui-ci. L’expression singulière d’une mélancolie aux multiples facettes. Après un quart de siècle d’existence, les Suédois de Katatonia, à l’instar d’In Flames, se seront assagis avec le temps et auront délaissé le Doom qui les caractérisait tant. The Fall of Hearts marque en 2016 un point charnière, un tournant plus franc mais apparemment moins assumé dans la carrière du groupe, une renaissance sous le signe du Metal Progressif, aux frontières de l’expérimental, renforçant par cette occasion la comparaison avec leurs compatriotes d’Opeth (et ancien collègue en ce qui concerne Mikael Åkerfeldt). C’est d’ailleurs après une tournée consacrée à cet album - où finalement très peu de ses morceaux seront joués - que les membres de Katatonia décideront d’un break de presque 5 ans. Environ dix ans après Night Is The New Day, où l’on devinait déjà les prémisses de leur évolution musicale, City Burials poursuit dans l’effort sur une voie qui s’annonce prometteuse.

Intro, couplet, build-up vers un refrain accrocheur, saupoudré de poésie en prose éthérée ; la recette est déjà rodée depuis dix albums. Mais le rythme global se voit cassé par le calme de morceaux tels que Lacker, Vanishers et Lachesis. Cette variation d’intensité tel un soufflé sorti trop tôt du four donne des moments musicaux écoutables mais aussitôt oubliés, empêchant ainsi une immersion de l’auditeur dans ceux présentant plus d’intensité, d’assise, et de profondeur, comme Heart Set To Divide ou l’étonnant City Glaciers. Nous retrouvons sur Rein ou Neon Epitaph les lignes de chants harmonisées devenues marque de fabrique de Jonas Renske, mais la majeure partie de la production est bien plus lissée, autant à la voix qu’à la guitare, ce qui rend l’intention un tantinet moins personnelle. De ce fait, l’album peut donner la sensation de traîner en longueur alors qu’il est notablement plus court que ses « frères ».

Là où son devancier comptait une bonne quinzaine de morceaux (bonus compris) répartis sur une heure et quart d’écoute, nous avons ici 13 titres avec une moyenne de 4 minutes par titre, un format plus radio-friendly, contre 6 ou 7 sur les opus précédents. Contrairement à Dead End Kings (2012), cet album est très hétérogène ; Le rythme en dents de scie sera laissé à l’appréciation de chacun ; Oui mais, quid du positif ? Ne partez pas, j’y arrive.

Outre la production lissée, la grande force de Katatonia réside dans l’irréprochabilité de l’exécution, dans la nuance, la sensibilité et la subtilité du texte. La qualité des vers et des lignes de chant sont fourbes en ce sens, elles vous reviendront en tête au moment le moins attendu ; et à échelle individuelle, les morceaux sont très appréciables, on les imaginerait aisément sur un opus antérieur.
Peut-être n’ont-ils pas complètement réussi à passer le cap du changement de style musical, mais ils ne vont pas retomber dans les sonorités trop organiques - presque home-made - et moins actuelles de Tonight’s Decision (1999) ou Viva Emptiness (2003), l’évolution dans le son et le jeu de la batterie est d’ailleurs remarquable. Ils arrivent encore à innover, à surprendre. Même si l’utilisation de nappes électroniques était présente, ne serait-ce que pour l’ambiance froide et mélancolique, elle ne l’a jamais été dans de telles proportions que sur Lacker, sorti en tant que single « teaser ». De quoi abuser du bouton replay !
Le dernier morceau (hors bonus) de l’album s’impose en clé de voute de l’ouvrage, nous offrant un rythme en 6/8 grisant, intimiste, et un ultime solo de Roger Öjerssom composé avec finesse jouant sur la corde sensible de notre nostalgie. Untrodden clôture avec panache un enregistrement qui s’annonçait un peu conflictuel, mais qui nous laisse finalement sur une note de « reviens-y ». Sans pour autant surpasser son prédécesseur, City Burials se laisse apprivoiser après plusieurs écoutes. « An acquired taste », comme on dit.

Le temps nous dira si Katatonia souhaite persévérer sur le chemin de sa nouvelle identité, repousser les frontières du genre, et prendre son envol... si le roi est finalement prêt à rendre sa couronne et le confort de son trône. En attendant, je vous conseille Mnemosynean, sorti en octobre 2021 pour les trente ans du groupe, qui regroupe toutes les bonus tracks, dont les excellents Ashen et Vakaren.

A écouter : Heart Set to Divide, Lacker, Lachesis, Untrodden
16 / 20
13 commentaires (15.31/20).
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The Fall Of Hearts ( 2016 )

Depuis la sortie de Dead End Kings en 2012, Katatonia a connu des fortunes diverses. Les départs du guitariste Per Eriksson et du batteur Daniel Liljekvist en 2014 ont été compensés par les arrivées de Roger Öjersson et Daniel Moilanen. Par ailleurs le groupe a sorti en 2013 une version acoustique de Dead End Kings, intitulée Dethroned and Uncrowned. Deux albums live ont aussi alimenté la machine. D'abord en 2013 Last Fair Day Gone Night puis en 2015 suite à la tournée acoustique Dethroned and Uncrowned, le très beau Sanctitude en 2015. Finalement c'est au printemps 2016 que Katatonia nous offre The Fall Of Hearts

Le single Serein annonce la couleur, Katatonia revient en forme. Le travail sur la mélodie et les arrangements entre guitares et claviers est excellent tandis que le chant de Jonas Renkse est toujours parfait. C'est aussi le cas de Takeover qui nous fait voyager en 7 minutes de métal puissant et mélodique, ouvrant la voie à des velléités prog' que l'on retrouve par ailleurs avec Serac où tout l'arsenal y passe, entre riff costaud et passages plus mélodiques, brutalité et douceur se répondant ainsi. Mais Katatonia n'oublie pas d'être efficace. Old Hearts Fall en est un bon exemple et accroche l'auditeur avec un refrain très réussi. 

Les ballades mid tempo sont aussi à l'honneur avec notamment Decima et Shifts où les claviers ont la part belle. Mais, The Fall of Hearts se démarque aussi par un son plus musclé avec par exemple Sanction voire The Night Subscriber, ou dans un style très reconnaissable Residual et Last Song Before The Fade qui oscillent entre calme et tempête. La musique colle ainsi idéalement à de très belles paroles qui, comme à l'accoutumée de la part de Katatonia, évoquent l'amour et ses vicissitudes, la mélancolie comme la solitude ou l'âpreté de la condition humaine. 

Plus loin, Pale Flag s'avère le morceau le plus apaisé du fait d'une orchestration acoustique toute en sobriété. Gros contraste avec Passer et ses guitares volcaniques qui n'empêchent nullement Jonas Renkse de tirer le morceau vers le haut grâce à une prestation de haute volée. L'album se conclue par Vakaren, piste exceptionnellement chantée en suédois dans une veine très classique de la part du groupe, une nouvelle réussite à mettre à leur crédit. 

The Fall Of Hearts est très constant et par conséquent plus abouti que son prédécesseur Dead End Kings grâce à un gros travail de composition et une volonté affirmée de se renouveler. Un disque tout à fait recommandé. 

A écouter : Takeover, Serein, Residual
12 / 20
10 commentaires (14.5/20).
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Dead End Kings ( 2012 )

Cette fin d'été 2012 marque le retour au premier plan de Katatonia avec Dead End Kings. Après un Night Is The New Day qui s'essoufflait sur la longueur, que nous a livré le groupe?

D'emblée le morceau d'ouverture, The Parting, fait mouche. On y retrouve le chant éthéré de Jonas Renkse et les riffs puissants auxquels le groupe nous a habitués, le tout réhaussé d'arrangements majestueux. On se dit que peut-être le groupe a retrouvé toute sa verve. Mais on déchante dès le morceau suivant. The One You Are Looking For Is Not Here n'est pas désagréable, mais réserve peu de surprises, si ce n'est les parties de chant féminin. Tout ce qui fait la personnalité et le charme de Katatonia a beau être là, avec de bonnes intentions, éventuellement de belles mélodies, l'ensemble ne décolle jamais vraiment. 

Il y a quand même quelques jolies choses, comme The Racing Heart, de facture classique et qui laisse l'émotion affleurer. Mais globalement, le groupe évolue exactement dans la lignée de Night Is The New Day. En clair, Katatonia fait du Katatonia. Ainsi, la plupart des morceaux s'enchaînent sans génie en n'éveillant qu'un ennui poli.  Heureusement, First Prayer et Dead Letters, nettement plus inspirées, font remonter l'impression d'ensemble. 

Au final, Dead End Kings est un disque décevant, puisqu'on ne retrouve la classe des suédois que par intermittances. Cet album, mineur dans la discographie de Katatonia, n'a ni la puissance compacte de The Great Cold Distance ni l'efficacité immédiate de Viva Emptiness pour ne citer que les plus récents. Vraiment rageant venant d'un groupe au fort potentiel. 



A écouter : The Parting, The Racing Heart, First Prayer, Dead Letters
14.5 / 20
8 commentaires (14.75/20).
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Night Is The New Day ( 2009 )

En 2009, Katatonia revenait sur le devant de la scène avec Night Is The New Day, nouvel opus aux confluents du métal et du rock atmosphérique. Toujours emmenés par le duo Anders Nyström / Jonas Renkse, le groupe suédois explore de nouveaux les territoires de la mélancolie et du désenchantement.

Katatonia livre en effet une performance globalement aboutie avec une musique que l'on peut qualifier d'anges déchus, comme en témoigne le morceau Nephilim, requiem placé au coeur du disque. Les guitares forment le canevas des compositions évoluant entre amertume et célébration apitoyée avec des classiques instantanés comme Liberation. Du pur Katatonia. Si la paire de guitaristes est pour beaucoup dans la réussite du disque, Jonas Renkse se montre impeccable dans le registre éthéré qu'on lui connaît. Il en résulte un album habité d'une flamme aérienne avec en particulier le très beau Inheritance et ses cordes majestueuses, sans pour autant mettre de côté l'impact percutant de morceaux comme The Longest Year.

Katatonia renoue donc régulièrement, répétons le, avec le sillon métallique sans jamais renier l'étendard rock atmosphérique. Cette orientation leur permet de livrer un album compact dont les titres rivalisent en puissance, en qualité mélodique comme en émotivité sans qu'on en distingue vraiment un au-dessus des autres. Pas trop de remplissage donc, mais un bon nombre de titres évocateurs avec par exemple la ballade Idle Blood, proche du Opeth de Damnation, ou bien encore l'ode mélancolique Departer.

Night Is The New Day se révèle sans surprise, dans la lignée des précédentes offrandes des suédois. Un disque solide.

Forsaker en écoute sur le myspace du goupe.

A écouter : Nephilim, Liberation, Inheritance, The Longest Year, Idle Blood
15 / 20
3 commentaires (12/20).
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Live Consternation ( 2007 )

Katatonia en live n'est de l'avis général pas spécialement exceptionnel. En soi, ça n'a rien de surprenant, venant de musiciens qui répètent assez peu ensemble (Renkse et Nyström composent tout, les autres se contentant de jouer en studio). L'idée de sortir un box CD-DVD live (enregistré pendant le Summerbreeze festival), après l'inégal  DVD édité avec la compilation The Black Sessions en 2005, n'apparaît ainsi pas forcément judicieuse.

Et pourtant, à l'écoute de ce Live Consternation, le groupe est bien en place, et Renkse chante plutôt bien. Si Katatonia perd un peu de sa patine éthérée, il gagne en énergie et puissance. La tracklist se révèle notamment dédiée au dernier album en date The Great Cold Distance (cinq morceaux) en toute logique avec d'ailleurs encore un artwork noir et rouge signé Travis Smith. On y retrouve ainsi notamment des versions pleines de souffre de Leaders et Wealth. D'une manière générale, ces compositions passent bien en live, avec ce même son de guitare tantôt grondant, tantôt plaintif, comme sur Soil's Song, qui avait plu sur disque.

Mais, les autres albums ne sont évidemment pas négligés, même si bien sûr le set est construit (habilement) sur la seconde partie de la carrière du groupe. On peut ainsi profiter d'un Ghost of the Sun particulièrement hargneux suivi d'un Criminals assuré avec conviction, et de morceaux plus anciens comme Cold Ways issu de l'album Discouraged Ones dont la mélancolie intrinsèque ne s'est pas perdue en route. C'est aussi le cas de l'excellent Right Into The Bliss, tiré de Tonight's Decision. En fait seul l'album Last Fair Deal Gone Down semble avoir inexplicablement été écarté.

Il en résulte un album live faisant la part belle aux mélodies de guitares si chères au groupe, avec une bonne performance vocale de Jonas Renkse, et un show cohérent et bien équilibré. Petit bémol peut-être sur le mix, avec les voix des spectateurs par moments un peu trop audibles. Néanmoins, rien qui ne vienne gâcher les très bons July et Evidence enchaînés sans temps mort en fin de set. Deux morceaux épiques et prenants qui passent remarquablement, entre puissance et respirations mélodiques. La partie DVD s'avère quant à elle sobre et bien agencée, contribuant à faire de cette sortie une réussite.

Live Consternation est au final un disque convaincant. A conseiller aux fans en priorité, mais aussi à ceux qui voudraient se faire une idée assez fidèle de la musique du groupe.

A écouter : Leaders, Right Into The Bliss, Cold Ways, Evidence, Ghost Of The Sun
16 / 20
19 commentaires (17.42/20).
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The Great Cold Distance ( 2006 )

3 ans, il a fallu 3 ans pour voir revenir Katatonia sur le devant de la scène après un épique Viva Emptiness qui les avait brillamment remis sur orbite. Bien sûr, on a pu profiter de deux grosses compilations, sorties ces dernières années, et retraçant leur carrière en deux temps, du doom death des débuts au rock dépressif actuel. Mais un album de Katatonia créé forcément l'évènement. The Great Cold Distance se présente ainsi dans un bel écrin rouge sang qui laisse présager que le lyrisme mélancolique du groupe est toujours aussi affirmé.

Cela se confirme très vite à l'écoute de cet album assez homogène, voire monolithique au premier abord, où les riffs tonitruants voisinent avec les mélodies les plus subtiles dans un même mouvement introspectif, toujours porté par les textes noirs de Jonas Renkse. Toute l'essence musicale du groupe dans sa seconde vie est ainsi bien présente à l'appel. Mais, Leaders, parfait manifeste de ses orientations, place aussi un brin de chant death en background qui rappelle que le groupe a des racines plus extrêmes. Le format court des chansons lorgne néanmoins toujours vers les canons pop, de façon flamboyante, riches de breaks bien placés et de lignes de guitares harmonieuses qui marquent une totale maîtrise de la part de Katatonia. On retrouve évidemment tous les points forts du groupe en particulier le chant maîtrisé de Jonas Renkse, d'une tristesse indéniable, lancinant et qui créé l'émotion sans jamais forcer. On ne s'étonnera pas non plus de trouver quelques morceaux redoutablement accrocheurs comme Leaders donc, Soil's Song, le single My Twin ou encore Follower qui montrent un art consommé du refrain qui reste en tête.

Mais, le groupe a tout de même évolué, ainsi le son est clairement plus agressif avec des riffs plombés à intervalles réguliers (Consternation, Rusted , Increase ou encore The Itch) tandis que les passages atmosphériques gagnent en limpidité avec de jolis arpèges et quelques ambiances glacées du plus bel effet. Ainsi, un titre comme July mérite le détour, renouant avec le côté épique du précédent album tout en faisant la part belle au chant superbe de Jonas, alors qu' In The Witch se  fait languissant, syncopé, comme une plongée sous les glaces. Katatonia retrouve aussi ses racines doom le temps d'un morceau lent et pesant, bénéficiant d'arrangements d'une élégante simplicité. Journey Through Pressure fait ainsi écho aux quelques accents du old Katatonia disséminés sur le disque.

On ne peut pas dire que le groupe surprenne vraiment avec cet album, mais, on saura se satisfaire de sa maîtrise musicale et d'une production parfaite au bénéfice de compositions contrastées qui s'apprécient au fil des écoutes. The Great Cold Distance est ainsi un album compact et remarquable de puissance relâchée.

My Twin est en écoute sur la page myspace du groupe . Et le clip est visible  .

A écouter : Leaders, My Twin, Follower, July etc.
16.5 / 20
11 commentaires (16.86/20).
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Viva Emptiness ( 2003 )

Que ce soit son titre explicite ou sa superbe pochette mettant en valeur le visage le plus assombri et dépressif de Katatonia, Viva Emptiness appelle à l'écoute. Il conserve une atmosphère mélancolique comme à l'accoutumée venant du groupe, mais prend une teinte bien plus métallique que ces précédents efforts. Après un Last Fair Deal Gone Down en demi-teinte, le groupe revient là avec une méchante collection de riffs.

Dès le titre d'ouverture, c'est une solide attaque que l'on encaisse. Ghost Of The Sun est de ces morceaux qui donne le ton d'un album, avec des pistes de guitares bien trouvées, un superbe refrain très catchy, un break bien placé, un chant au diapason et une bonne dose de brutalité aussi bien pour le riff principal que la seconde voix appuyant le refrain. Tout pour faire prendre le feu d'un disque riche autant en puissance retrouvée qu'en mélodies. Le tandem Renkse / Nyström semble redonner là à Katatonia une allure assurée où la mélancolie est fière et traversée de sombres motifs électriques. Ce qui se confirme avec Sleeper qui nous offre aussi un délicieux refrain "Now I'm breathing / I could not breath until you did / I'm one second after you / Just a second after you" . Criminals renchérit, progressant avec assurance sur ses excellents couplets, tout en aggressivité rentrée, jusque dans l'explosivité de son refrain.

C'est bien simple, presque tous les morceaux sont dans une veine metal alternatif qui vous attrape les oreilles et ne les lâche plus, mais sans jamais ennuyer (ou si peu) grâce à des compositions travaillées. D'une berceuse lancinante telle que A Premonition, le groupe passe à un Will I Arrive qui lâche la bride tout en conservant un refrain mélodique à souhait. La plupart des paroles abordent le désamour sous tous les angles, mais avec une vraie qualité d'écriture ce qui est toujours appréciable, notamment sur Burn The Remembrance : "Old light and new colours your picture hangs in the night / Is this the right time to set one free and go away/ In the emptiness behind you I will walk about / Surely you'll miss me but long live the doubt".  Wealth est un morceau qui souffle des vents tumultueux avec une instrumentation abrasive à base de riffs aiguisés et des couplets aériens, contraste que l'on retrouve sur la plupart des chansons, comme Complicity

Le groupe joue sur des structures classiques, couplets / refrains, en y incorporant de nombreux breaks qui cassent la linéarité des compositions, et le fait avec un talent assez également réparti, dont ressort notamment Evidence, imparable dans ce registre à la fois simple et ô combien difficile. Mais Katatonia sait aussi calmer le jeu, le temps d'un Omerta tout en finesse, où le chant de Jonas Renkse se fait caressant, ou bien offrir un instrumental majestueux, ce Inside The City Of Glass qui renoue avec une atmosphère digne des racines doom du groupe tout en faisant écho aux paroles de Ghost Of The Sun : "The city of glass that I live in / The coldness from my brothers skin". La boucle est ainsi bouclée.

Ville de verre où planent des ombres fantômatiques, des âmes blessées, fêlées même comme celles qui ornent les artworks, ainsi est Viva Emptiness, un de ces albums qui ne laissent rien au hasard. On y perd un petit peu en émotion peut-être, au bénéfice d'une redoutable efficacité, mais la constance de ce disque force le respect.

 

A écouter : Ghost Of The Sun, Sleeper, Will I Arrive, Evidence, Omerta etc.
18 / 20
9 commentaires (18.5/20).
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Brave Murder Day ( 1996 )

Quand Katatonia se lance dans l'enregistrement de Brave Murder Day, le groupe doit relever plusieurs défis. Il s'agit d'abord de se relancer après un hiatus d'un an et le départ du bassiste Guilllaume La Huche.  En outre, ses deux co-fondateurs, Jonas Renkse et Anders Nyström, se sont impliqués dans des projets parallèles. Le premier a exploré la veine doom death au sein de October Tide, tandis que l'autre s'est acoquiné avec Dan Swanö pour Diabolical Masquerade, black metal symphonique comme on en fait peu. Gageure de taille, Renkse ne peut plus chanter les parties en growl suite à une lésion des cordes vocales contractée lors de l'enregistrement de Rain Without End de October Tide. Et c'est ainsi que cet album se trouve être une oeuvre partagée avec des amis. Mikael Akerfeldt de Opeth prête sa voix la plus gutturale à ce disque tandis que Dan Swanö se charge de sa réalisation. Enfin, Renkse ne retrouve pas Katatonia seul, Fred Norrman, guitariste de October Tide, l'accompagne.

Ce qui frappe à l'écoute de ce disque c'est sa remarquable cohérence. Le son est assez assourdi, ce qui convient plutôt bien à la personnalité de l'album, profondément mélancolique. Dès le titre d'ouverture, Brave, bien nommé morceau de bravoure de 10 minutes, on est frappé par l'intensité des riffs répétitifs qui donnent son poids au disque, ainsi que par le jeu de batterie binaire et entêtant, quasi métronomique. Sur cet arrière-plan, que l'on retrouve sur la plupart des morceaux, se posent des mélodies de guitares qui créent de nouvelles harmonies et des vocaux death tranchants du plus bel effet, grâce à un Mikael Akerfeldt aussi concerné que sur un disque de Opeth. Murder présente une structure comparable, mais aussi de nombreux breaks avec des parties de guitare claire qui invitent au recueillement. Le timbre clair de Jonas Renkse fait merveille pour la première fois sur Day et préfigure le futur de Katatonia, avec une structure couplet / refrain classique, et une qualité de composition et de chant peu commune. L'isolement qui se dégage de ce titre doux et lancinant est porté également par les paroles simples et directes de Renkse, notamment son refrain "Let's stay here for a while Is something gonna happen today?". Tout concourt sur ce disque à l'introspection pour l'auditeur grâce à une musique aux thèmes volontiers minimalistes ce que vient confirmer Rainroom. Cette dernière reprend une nouvelle fois une structure et des plans voisins de Brave auxquels s'ajoutent les choeurs éthérés de Renkse. Elle annonce la fin à venir : "I saw it end long before it ended Life itself turned pale and ended I saw you cry out acres of your image Life itself does not heal me". Le coeur bercé d'une langueur monotone, on en apprécie que mieux les changements de ton de 12, à la fois grondante et apaisée, avec une dernière partie heavy qui suit un break abrupt, et des paroles définitives "I cannot breathe I am losing life The moon paints the skyline blue She died so beautiful". L'album est, on l'aura compris, construit comme une descente vers l'abîme, Endtime, de nouveau habillée de guitares mélodieuses (notamment sur l'intro, magique) et des choeurs de Renkse, en soutien des riffs pesants et du growl décidemment impeccable de Mike Akerfeldt.

Brave Murder Day, relativement simple et accessible, est tout bonnement immanquable. Animé tout entier par un même souffle de mort, ce disque plonge l'auditeur dans une hypnose musicale, une rêverie faite de solitude, de torpeur et de désarroi. C'est la dernière fois que le groupe plongera autant dans ses racines doom, pour donner son meilleur album dans cette veine. La révélation Day, avec le chant sublime de Jonas Renkse, va en effet bientôt donner naissance à un style de plus en plus rock / metal et des compositions particulièrement travaillées.

A écouter : En entier �videmment