Nous apprenions récemment la mort de Will Mecum, éternelle machine à riffs de Karma To Burn (et de Year Long Disaster), qui brillait autant humainement qu’artistiquement. Une disparition douloureuse et soudaine de celui qui fut la moelle épinière du trio de Stoner instrumental le plus marquant de tous les temps. Bouffeurs de planches, les prestations scéniques des natifs de Morgantown, Virginie occidentale, étaient toujours un succès, ce malgré des albums studios relativement inégaux. Mais Arch Stanton, le dernier en date pondu en 2014, fait définitivement partie du peloton de tête, renouant avec les débuts poussiéreux du groupe tout en alourdissant le propos.
Mecum est d’ailleurs avec cette sortie le seul rescapé des fondateurs, le batteur Rob Oswald étant parti en 2012 tandis le bassiste Rich Mullins s’en est allé lui l’année suivante. Mais les remplaçants (Rob Halkett de The Exploited à la basse et Evan Devine derrière les fûts) font largement le taf et redonnent même une certaine vigueur aux compositions numérotées. 56 et 53 font ainsi résonner le groove sur les parois de nos caboches caverneuses, apportant une saveur Doom bienvenue, exposant au passage ce qui constitue sans doute la meilleure production d’un disque de Karma To Burn.
Le trio déroule alors un tapis de riffs rouge sang, tissé par une section rythmique en feu : 55 nous encourage sévèrement à assouplir nos cervicales via un Mecum beaucoup trop inspiré, en symbiose complète avec ses deux nouveaux acolytes, l’échappé 23 nous enfonce la tête dans le sable brûlant tandis que la caisse claire nous colle des gifles, ou encore le conclusif 59 exécute un déluge riffique continuellement mouvant et impressionnant, introduit par un sample opportun du film « Le Bon La Brute et Le Truand » de Sergio Leone et de sa BO emblématique d’Ennio Morricone. A noter l’absence de morceaux chantés, qui étaient devenu une tradition depuis l’excellent Appalachian Incantation de 2010, ce qui contribue à renouer avec les (quasi) origines et n’entache nullement cet Arch Stanton grisant de bout en bout.
Ce dernier album est l’une des incarnations idéales de ce qui définit le trio, son versant le plus sombre, qui traduit peut-être un environnement plus dangereux mais toujours fascinant. Will Mecum n’est plus mais ce qu’il laisse derrière lui restera gravé dans nos chairs pour l’éternité, et les concerts de Karma To Burn dans nos meilleurs souvenirs suintants. Rest in Power Will.
A écouter : Oui.