C’est en signant sur le label d’Einar Selvik de Wardruna, By Norse Music, que la musique de Kalandra commence à prendre réellement corps en 2020. On avait pourtant eu le droit à un ep en 2017 ainsi que quelques très beaux clips pour des morceaux comme Concrete Landscapes ou Virkelighetens Etterklang ou bien une superbe session live pour le titre Brave New World. Comme pour Heilung (et Wardruna), la reconnaissance des norvégien.ne.s passe aussi grandement par les visuels et les esthétiques vikings mis en images à travers les clips ou les lives, mais c’est véritablement avec ce premier effort, The Line, qu’on se rend compte de toutes les qualités et du potentiel de cette jeune formation.
Si les visuels à base d’étendues enneigées, de forêts, de personnages vêtus de peaux de bêtes et de runes pourraient évoquer sans mal Wardruna et craindre à une copie, il n’en est rien, car Kalandra adopte une posture plus moderne dans sa musique avec des sonorités beaucoup plus Pop et Rock que le groupe précité. Si le groupe dit faire de la Pop alternative, il va en réalité puiser dans le folklore scandinave ce qui lui confère une aura bien particulière et surtout une identité propre qui s’avère au final assez originale. C’est donc entre modernité et tradition, une sorte d’entre-deux, et d'un mélange assez atypique que nait ce premier album The Line dans lequel on trouve à la fois du Folk Rock, des passages presque Metal, du Post-Rock, du Trip-Hop, de l’Ambient, de la Folk… Plusieurs noms viennent alors à l’esprit mais très discrètement, sans que cela ne prenne le pas sur la création du trio. La scène islandaise est peut-être celle qui parait assez logique avec la sensibilité et la grâce d’un Sigur Ros ou le minimalisme et la mélancolie d’un Olafur Arnalds. La voix de Katerine rappellera également l’heavenly voices de Lisa Gerrard de Dead Can Dance et certaines mélodies Folk de belles choses lumineuses que peuvent amener Anathema sur leurs récents albums.
The Line c’est aussi une ambiance rêveuse et un voyage. Un voyage parfois tumultueux avec l’étonnant Naive très Trip-Hop ou les grosses guitares et une rythmique costaude sont de sortie ce qui tranche avec le reste de l’album ou l’évolution d’Ensom plus énervée et électrique que les autres titres, rejoint également par un On The Run qui sait déclencher la fureur des éléments. The Line c’est surtout un voyage propre à l’émerveillement que ce soit avec la très chouette balade Wonderland aux arpèges de guitare scintillants ou l’onirique With You qu’on imagine chanté (et joué) au coin d’un âtre réconfortant. Borders émerveille par l’incroyable voix de Katerine qui vous procurera à coup sûr des frissons avec sa montée instrumentale et vocale incroyable, tout comme je vous défis de ne pas lâcher une larme sur le refrain de Slow Motion ou sa voix aussi claire que du cristal est un torrent d’émotion à elle seule. Mentionnons aussi Brave New World presque tribal dans son déroulement et terriblement entrainant.
Kalandra livre avec The Line un petit joyau avec des compositions poignantes et personnelles. Un disque tout simplement beau, pur et poétique.