Kaddish
Screamo
Demo
Chronique
"Les hommes ne cessent de fabriquer une ombrelle qui les abrite, sur le dessous de laquelle ils tracent un firmament et écrivent leurs conventions, leurs opinions ; mais le poète, l'artiste pratique une fente dans l'ombrelle, il déchire même le firmament, pour faire passer un peu de chaos libre".
Kaddish est l’incarnation de cette déchirure, de ce chaos mis en forme sous l’égide d’un 6 titres qui est en passe de balayer toutes les anciennes conventions de l’ombrelle screamo classique.
A l’inertie des masses opiumisées, Kaddish répond par la révolte de l’individu ; à l’acquiescement muet de l’horreur, par le cri.
Citant Deleuze, en appoint de son art, Kaddish (du nom du célèbre poème de Ginsberg) est un groupe à part qui pratique l’explosion de sens pour parvenir à ses fins. Manipulation épileptique des instruments avec intro Math Rock ("The Great Appart"), décrochage de voix à s’en rompre les cordes vocales et hématomes rythmiques où l’on finit par ne plus savoir si c’est l’homme qui cogne la batterie ou le contraire ("Sans doute") ; Kaddish est LA réponse à ceux qui taxent le Screamo d’immobilisme.
Décousant les prières pour n’en garder que la colère démasquée, assassinant les Dieux pour libérer les hommes, Kaddish donne littéralement vie à ses musiques au travers de structures épiques, qui mêlent dans un grand don de chair et de sang, chant accablé/insurgé ("Last King Of The Old World"), riffs magmatiques et breaks arpèges qui donnent envie de se péter la mâchoire sur le rebord d’un trottoir ("Cambray"). Unissant l’école Saetienne ("A Line Of Flight") et l’école emo-violence dans un même calice, les écossais redonnent au hardcore sa forme originelle, entre rébellion sociale et agitation personnelle, dans une grande messe qui voit les a-capela ouvrir sur des déluges sonores et les saillies de batterie piétiner les ornières raclées par les allers et venues incessants d’une basse acérée.
La musique de Kaddish s’apparente au final à une forme de sacrifice tant ses auteurs semblent se donner tout entier à leur art. En mêlant avec une adresse quasi sans égal philosophie, poésie et screamo jusqu’au-bouttiste, le combo écossais parvient à dessiner tout un nouvel esthétisme Screamo et se positionne clairement comme un des groupes européens les plus enthousiasmants de la nouvelle garde. Le message est entendu: "Créer, c’est résister".
En écoute sur myspace.
Mon dieu, mon dieu...
Quelle décharge!