Autant mettre les choses au clair tout de suite, Kabu Ki Buddah est tout sauf un groupe qui se prend au sérieux. En témoigne de prime leur nom, issu d'une contrepèterie que je me garderai bien de dévoiler. Seuls les esprits mal placés - ou à la rigueur les enfants - seront à même de trouver le truc. Puis bien entendu, ces paroles de fanfare, quasi-indescriptibles et pas loin de friser la débilité sans pour autant dépasser les bornes.
Malgré leurs univers archi-décalé entretenu avec le sourire, les Kabu Ki Buddah sont loin de jouer comme des guignols. Sans le moindre soupçon de guitare, ils exploitent à merveille les sonorités graves et tendues du violoncelle, les cris-et-soupirs du trombone, ainsi que les accents bien cheap des claviers. A l'écoute de la première piste - footbalistique et débile à souhait - de Life Is A Bitch, on pense à une vaste blague organisée. Puis lorsque dans la seconde d'après, Hasmig fait retentir les cordes de son violoncelle, on ne plaisante plus et on ravale la langue. Kabu Ki Buddah passe ainsi sans complexe de sa Comédie Musicale à un punk noisy à la rythmique cinglante et acérée. Uppercut à sec ("Elephant Woman", "East ray tank"), non conformiste et définitivement délivré de tout code de conduite. Mi-humain mi-animal, mi-clown mi-saltimbanque, mi-musicien mi-comédien, Kabu Ki Buddah est une entité tentaculaire, aux visages multiples et aux personnalités volatiles, qui séduit inexorablement, ou du moins surprend. Certains trouveront toujours à redire sur les Bad Manners de nos 3 compteurs de bonnes aventures, je leur rétorquerai seulement d'apprendre à desserrer les fesses de temps en temps, sous peine de passer à côté d'un bon moment et d'un bon disque.
Life Is A Bitch et son imprévisibilité constante se révèlent être un sacré bon remède de grand-mère contre l'ennuie morose et la grise mine. Entre blagues carambars à l'ancienne et power punk noisy inspiré et électrique ("Emosapiens", "Fever"), il vaut encore mieux écouter (plutôt que d'en dire des tonnes) afin d'être totalement convaincu de leur propos déglingué. Ne manquez pas non plus la superbe visite guidée de leur camion de luxe sur leur site officiel.
A écouter : Fever - East ray tank - Elephant woman - Planet Earth