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Biographie

Jungbluth

Fondé en 2012 par Flo, Hendrick et Julian, membres d'Alpinist alors en hiatus, Jungbluth, est un trio originaire de Münster. Très engagé politiquement, le groupe tient son nom de Karl Jungbluth, communiste allemand, résistant et antifasciste (1903-1945). Le groupe enregistre en septembre 2012 et en deux jours sa première réalisation qui est mixée et masterisée au Die Tonmeisterei d'Oldenburg. Ce EP, s/t et DIY, sort en novembre sous format de cassette audio. Le groupe effectue son premier concert en novembre en compagnie de Trainwreck et Lentic Waters.
De nombreux concerts vont suivre avant que le groupe ne retourne à Oldenburg, en mai, pour enregistrer son premier album, Part Ache, qui sortira en juillet via Vendetta Records et Halo Of Flies. Jungbluth n'a ensuite de cesse de tourner dans toute l'Europe, jouant dans de nombreux festivals, et partageant l'affiche avec des groupes tels Loma Prieta, Kaddish, Boredom, Geraniüm... Un split 7" en compagnie de Callow est attendu pour la fin de l'année.

16.5 / 20
1 commentaire (14.5/20).
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Lovecult ( 2015 )

Alors que les notes de « Au Revoir Tristesse » résonnent encore, Jungbluth remet le pied à l’étrier. Lovecult, ce nouveau brûlot Crust / Hardcore sera égal à son prédécesseur, aussi varié et nuancé derrière sa pléthore de sentiments humains. Au-delà de la passion inhérente au genre, il faut reconnaître que depuis ses débuts, le combo n’a jamais cessé de mettre en avant son humanité et ses doutes au sein de ses compos.

Melting-pot artistique allant au-delà des genres affiliés à son idée principale, le style pratiqué n’a pas changé d’un iota : du vrombissement de la basse (« Untitled » ou « Dead Keys ») aux effluves Hardcore (« Overdose Us »), c’est à nouveau cette sensation de se laisser envahir par une révolte, une envie de scander certains mots en boucle.
Jungbluth nous le rappelle, il n’y a jamais de temps mort. Etouffement des cris, distorsion des cordes, pression sur les peaux, tout est bon pour rappeler que « Empathie is not a Competition » ou « Schrörindger’s Katze » ne sont pas là pour clamer l’amour des choses superficielles.

A première vue, Lovecult n’est pourtant pas ce choc frontal qu’à pu être Part Ache. Plus tortueux, le trio a malgré tout gardé sa force en adoucissant le premier contact sonore. Une écoute de « Wakefield » et de « King of the Hill » suffira a appréhender l’essentiel de la métamorphose de Jungbluth. Le tempo s’est légèrement ralenti et les breaks hurlés sont moins présents, comme si la situation d’urgence n’était plus omniprésente.
Pour autant, on retrouve certaines similitudes : quelques choeurs, des rythmes hardcore (« Charades ») et une sensation de rugosité dans les oreilles (« Sternstuden der Doppelmoral »). La force majeure de Jungbluth reste cette mixité de genres : jamais à 100% sur un style, avec toujours une variation au sein d’un même morceau (et ce malgré la durée moyenne proche des 2’30). Heureusement, Lovecult contient encore ces titres directs, cavalcades vers les dernières notes (certains passages de « Lokalkolorit »).

Jungbluth, et avant Alpinist, n’a jamais failli. Vous pourrez leur reprocher de ne pas être constants, d’intégrer et digérer tout autant d’influences que vous pourrez citer, mais les Allemands n’ont pas cessé de vibrer. Lovecult, c’est toujours la même chose que sur Part Ache, juste un coup bien placé qui n’en finit pas de repasser.

A écouter : Schrörindger’s Katze
16.5 / 20
12 commentaires (16.3333/20).
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Part Ache ( 2013 )

"Au Revoir Tristesse" accompagnait mon retour solitaire au long de mon tunnel de ténèbres. J'avais laissé derrière moi la salle de concert, les gens dans la lumière ; au bout de la rue, nous nous étions séparés et je l'avais aussi laissé derrière moi, lui, qui me bouleversait tant. Il me restait ces notes qui semblaient s'envoler vers la nuit, une mélodie douce-amère à l'arrière goût de mélancolie. Seulement ces quelques notes face à l'inéluctabilité de l'éphémère, et le pressentiment diffus que les beaux moments vivent éternellement en nos cœurs comme un présage du sublime que nous n'atteindrons jamais. Et, au travers de ce seul titre, comme une révélation, j'ai saisi toute la force et la profondeur de Part Ache, un album tout en nuances, cristallisant des émotions viscérales et charnelles, encore plus abyssalement humain qu'aucune réalisation de Jungbluth/Alpinist ne le fut jamais.

Avec des influences diverses et éparses totalement fusionnées (crust/hardcore/screamo/emo/post...), Jungbluth délivre une musique d'une infini richesse tout en préservant une justesse et une simplicité qui prodigue à cet album une aura d'humanité et d'intimité plus que touchante. Part Ache ne flamboie pas, Part Ache est définitivement de couleur anthracite. C'est une quête aux tréfonds de nos esprits caverneux et tortueux, dans les méandres souterrains et complexes des relations humaines, une exploration de l'autre, une introspection de soi. Neuf titres, toujours aussi engagés et politisés, comme un cheminement sombre et périlleux, bordé d'abîmes insondables où l'on peut se perdre, où l'on peut sombrer, où ça et là, s'immiscent d'infimes luminescences aux rayonnements radieux nimbés de tristesse.
Dans cette progression crépusculaire aux creux des paradoxes humains, des cavités s'ébrasent en de vastes espaces où se déploient des mélodies prodigieusement belles, ouvrant sur l'horizon de tous les possibles. Jeu des relations qui se nouent dans des scintillements extraordinaires, liens fascinants ou réconfortants où l'autre est perçu comme un proche dont on a besoin pour se connaître et continuer à avancer, continuer à exister. Phase d'apaisement où l'on a juste envie de sourire, de vivre dans la plénitude du moment et d'y croire un instant, le cœur gonflé d'une joie intense mais que l'on sent déjà fragile et fugace.
Et les troubles questions se pressent à nouveau. Qui sommes-nous? Qui sont les autres? La cathédrale de sérénité, perdue dans les antres terrestres, le seuil à peine franchi, si furtivement entrevue, se crevasse et se fissure ; les ondes sismiques de nos doutes, de nos névroses, de nos faiblesses, viennent bouleverser toutes les perspectives, et se dressent alors d'énormes blocs sonores, agressifs et infrangibles, répercutant des notes dissonantes et disharmoniques dans un tumulte furieux. Entravés dans d'inextricables liens chaotiques qui se dénouent dans la violence, le déchirement et l'incompréhension, l'étreinte de l'angoisse s'appesantie : trop près, trop pris dans l'autre, coincé dans ces anfractuosités trop étroites aux arêtes acérées, où se dessine la perte de soi. Que doit-on dire, que doit-on taire, doit-on se livrer, se protéger? Toujours des choix, des prises de positions, des décisions... Dissonance des pensées, tyrannie des relations où tout devient stressant, où l'anxiété étrangle, où tout devient raide, abrupt, difficile, et ma tête explose, et mes sentiments se dérobent et mes émotions s'exacerbent dans un effroyable chaos. Et du mal jusqu'à la nausée, du mal jusqu'à se faire mal, à ne plus pouvoir intégrer l'autre. Inexorablement, s'ouvrent de nouvelles fissures, saignent de nouvelles écorchures, de nouvelles blessures.... Infligées, subies, volontairement ou inconsciemment, mais dont les lésions et les traumatismes nous déforment et nous défigurent à jamais. Parce que l'homme se construit continuellement dans le chagrin et la douleur jusqu'à la mort.
Et s'élèvent d'obscurs soleils noirs qui embrasent les parois d'anthracite. Et ces rocs sombres et hiératiques semblent doucement pleurer de froides larmes cristallines devant la vulnérabilité de l'être humain et la douleur de vivre.

Fougueux et brutal mais auréolé d'une sobriété toute particulière, Part Ache est un album magistral, évoluant entre poésie et existentialisme, irradiant de sensibilité, vibrant d'émotion, singulièrement émouvant, comme s'il battait au rythme du cœur des hommes. Avec cette réalisation plus que remarquable, Jungbluth s'impose désormais comme un groupe absolument incontournable.

Looks like freedom
Feels like death
It's something in
Between I guess.

Part Ache s'écoute et se télécharge sur Bandcamp.

A écouter : En intégralité
16 / 20
3 commentaires (17/20).

s/t - EP ( 2012 )

Alpinist sommeille, Jungbluth s'éveille!

Comment parler de Jungbluth sans évoquer Alpinist tant cette réalisation aurait pu être une suite logique à Minus Mensch si le groupe avait emprunté une voie plus emo. Jungbluth est marqué au fer rouge par Alpinist et cela transparaît dès le premier titre, "Ueberstellung", où se font entendre riffs et mélodies typiques, où souffle, avec force et virtuosité, l'exaltation épique portée par le groupe, doublée des écorchures brûlantes et des blessures incurables. Mais Jungbluth étend son horizon musical en des contrées à peine effleurées par Alpinist, s'enrichissant d'un post hardcore mélancolique et s'étoffant du screamo ravageur des 90's. Dès lors, s'ouvrent des espaces soniques et des atmosphères qui respirent au creux de nos corps, rappelant parfois, en de vagues lointains, comme sur "Quick Temper Slow Mind", Pg.99.

Six titres d'une intensité palpable où règne une tension à fleur de peau, une urgence incontrôlable, une angoisse latente larvée dans les profondeurs de nos entrailles, excitant une trouble nervosité. Et tel un appel impérieux à l'insurrection comme une nécessité inéluctable, c'est la plongée au cœur de l'émeute, dans la rage des assauts violents, les bruits de toute part, indistincts, reconnus, inconnus, les cris stridents dans le temps distendu, des flash, des visages, des courses éperdues et tout se fond dans les brouillards poisseux des fumées des bombes lacrymo. Et puis il y a la rue, déserte, défoncée, jonchée d'objets épars, perdus, abandonnés, du sang sur le bord du trottoir, des brumes nauséeuses et le silence bourdonnant. Amertume après la lutte acharnée dont on ne connaît pas vraiment l'issue, phase d'abattement, de questionnement...recherche de sens, de brèche lumineuse. Mais y a-t-il d'autre choix que de poursuivre, que de tenter d'atteindre l'inaccessible? Car c'est là que réside la beauté d'être libre, la beauté de vivre. Jungbluth irradie d'une noirceur scintillante, propageant une musique farouche et rageuse, belle et poétique, teintée d'un idéalisme romantique et d'un esthétisme délicat, mais toujours profondément attachée à la dimension humaine. Ce s/t est une véritable petite bombe qui explose dans une bouffée d'air pur et éclatant.

Un premier EP éblouissant de maîtrise, d'inspiration et de flamme où les membres d'Alpinist s'octroient un bain de jouvence, un retour aux sources vivifiant. Jungbluth, bouillonant et palpitant, est un groupe en devenir qui pourrait tout incendier dans les mois à venir. A suivre absolument.

Le EP est en stream intégral sur Bandcamp et en téléchargement libre via ce même Bandcamp.

A écouter : En intégralité
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Style : Crust / Screamo / Hardcore
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Origine : Allemagne
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