« À 20 ans j’ai dit que j’allais faire du bruit jusqu’à ce que quand j’ouvre la bouche plus rien n’en sorte à part un coassement et une fine gerbe de sang. Aujourd’hui je suis plus forte et je sonne plus fort que jamais », Ce sont les mots de Julie Christmas à propos de son dernier album.

C'est donc quatorze années après son premier album solo The Bad Wife que Julie Christmas nous offre son second, Ridiculous And Full Of Blood. Pour un album solo l'américaine est bien entourée, puisque la formation comprend Johannes Persson (Guitare / Chant - Cult Of Luna), Chris Enriquez (Batterie - Spotlight), John LaMacchia (Guitare - Candiria) , Andrew Schneider (Basse, ingénieur du son et accessoirement le compagnon de Julie) et Tom Tierney (Claviers - On The Might Of Princes), ainsi que Laura Pleasants (Guitare - Kylesa), présente seulement en studio sur le premier titre de l'album. On sait toutes et tous qu'il ne suffit pas d'un bon name dropping pour sortir de la bonne musique, le contraire arrive même assez souvent. Que nenni, ici, l'alchimie fonctionne à merveille. Les titres s'enchainent et le plaisir est présent à chaque piste, avec une variété d'intentions parfaitement exécutées et plus généreuses les unes que les autres. Il suffit d'entendre le Supernatural scandé par Julie, véritable tube pour s'en rendre compte très rapidement. Mais sa musique est versatile et peut passer de l'agression Thin Skin à une musique mignonne Kids, et voire même changer dans un même titre, comme pour l'excellent Silver Dollars qui après une ambiance pesante s'ouvre pour les deux dernières minutes en un feu d'artifice coloré et bienveillant, mené par la voix de Julie Christmas, parfois chantée, parfois hurlée, maîtrisée mais toujours vacillant sur le fil qui la sépare de la folie.

La variété du chant de Julie est ici clairement un atout et la toute première piste Not Enough suffit à le prouver. Capable de passer d'un chant doux d'une comptine à un hurlement digne d'un internement en hôpital psychiatrique en une phrase, sa voix et sa présence hantent littéralement l'album. Mentions spéciales aux morceaux Seven Days, épilogue sentencieux et grandiloquent avec son orgue et le morceau The End Of The World et son magnifique refrain « I just wanted to see you again, no walls, no distance between us all », secondé par Johannes en personne. Si reproche nous pourrions faire ici, ce serait de reprocher à Julie Christmas d'être un peu trop "bavarde", impression ressentie surtout sur le premier titre, qui a parfois tendance à ne jamais vouloir relâcher la pression en la saturant d'hurlements. Saluons tout de même la performance, surtout après son concert sur la Valley du Hellfest où à 49 ans Julie nous a montré sa maîtrise totale de son chant (et un Johannes qui se donne à 100% - vous êtes fortement conseillé d'aller le visionner). En parlant de Johannes, sa présence a très nettement coloré cet album, et certains passages nous rappelleront immanquablement Mariner (2016) de Cult Of Luna. Que ce soit son chant présent sur plusieurs pistes (très reconnaissable puisque toujours le même), sa présence se reconnaît à des traits dont nous avons l'habitude, certains riffs, notes aiguës noyées de reverb et de delay (notamment sur la très belle piste The Lighthouse), son implication dans la composition est ici indéniable et assumée. Les autres musiciens ne sont pas en reste, et on reconnaît la bonne frappe de Chris Enriquez délivrée parcimonieusement et toujours efficacement, tandis que les mélodies et apports du claviériste habillent juste ce qu'il faut pour plus de plaisir.

Ridiculous And Full Of Blood n'a donc pas juste un magnifique artwork, c'est un album maitrisé du début à la fin malgré une petite perte de vitesse (la dispensable Blast). Merci les gars, merci Julie Christmas.