Les maîtres du rocking-hardcore sont de retour pour donner suite à leur impressionnante précédente livraison, Ride Paranoia, et le buzz général qui entoura cette sortie pour le moins énergique. Les Norvégiens nous avaient promis quelque chose de nouveau mais dans la lignée de leur art… Que fallait-il comprendre dans cette phrase ?
Car en général, de la part d’un groupe, les sous-entendus conséquents à ce genre de justification annoncent plutôt des changements plus ou moins solides. Et en ce qui concerne Maelstrom, le nouvel album de JR Ewing, la règle se confirme on ne peut mieux. Nos furieux Norvégiens se sont assurément calmés, cela nous saute aux oreilles dès la mise en lecture de l’objet, et osent lever le pied pour la première fois de leur carrière. Ouverture d’album atmosphérique et déconcertante avec "Changing is nothing (everything is)", une chanson qui prend le temps de poser le décor et les ambiances, et ce pour tout l’album. Loin d’être gêné par cette évolution et connaissant le talent du groupe pour balancer des morceaux musicalement entraînant, on se surprend à tendre bien d’avantage l’oreille. Et oui le changement est tellement radical qu’il en devient plaisant.
Les guitares d’Erlen et Hakon se partagent le travail et usent des effets pour se faire mieux entendre et exposer leurs nouvelles idées. Auparavant sauvages, elles gardent de ce passé leur aspect tranchant qui leur permet de rester corrosives juste quand il faut ("Nihilistic elistist", final de "Floodlight"). Grosse évolution en ce qui concerne Andreas qui propose enfin un chant digne de ce nom car audible et avant tout beaucoup moins limite que sur les précédentes livraisons du groupe en allant même jusqu’à chercher de belles notes sur "Floodlight" ; les refrains sont entêtants ("For we are dead") et le groupe dispose encore de son atout principal en cette batterie toujours feu-follet et métronomique (la très réussie "Insect Intercourse"), impressionnante de rigueur menée par un Kenneth faisant preuve d’ouverture d’esprit et d’une convaincante adaptation. Petter complète la section rythmique en posant l’assise de toutes les compos.
Bref tout le savoir faire de JR Ewing consacré à une autre cause : la mélodie. Le groupe recherche les ambiances, ("Take a hint", "Pitch Black blonde") et lâche la cavalerie juste à point nommé ("Here I vanish", "Fucking & Champagne") ; moins noisy et en conséquence moins rugueux que par le passé, JR Ewing passe aujourd’hui pour un élève sage qui cherche à s'appliquer pour rendre sa copie.
Un petit coup d’œil quand même dans le rétroviseur avec "I’m sorry, you’re sorry, we’re all sorry", la chanson la plus énervée de l’album qui diffuse quelques effluves d’un passé sans doute un peu lourd à gérer pour le groupe, tout en apportant en définitif une nouvelle façon de l’exprimer. Le tout est englobé dans un contenant doré de belle facture, très seventies pour l’illustration, précieux dans l’ensemble.
Alors si à la première écoute on peut se demander ce qu’il se passe chez JR Ewing, il ne faut pas longtemps pour se replonger dans les séduisantes mélodies de ce Maelstrom. Soyons clairs ; après avoir développé un style à présent largement copié, les JR Ewing ont l’intelligence d’explorer d’autres domaines soniques et ce n’est pas pour nous déplaire. Leur erreur aurait sans aucun doute de s’enfermer dans le style qui les a fait connaître. Mais la mission qui se présente devant eux maintenant n’est pas pour autant de tout repos : faire accepter à leurs amateurs d’antan ce virage musical négocié avec classe.
Une visite sur le site du groupe pour écouter plusieurs extraits de la discographie de JR Ewing...
A écouter : Insect Intercourse - Floodlight - Fucking and champagne