Après trois albums longs format, le quatuor venu d'Ukraine
a décidé de publier un Extended Play de cinq titres, appelé Micro. Micro
format, micro durée, micro qualité ? On tente de décrypter l'affaire.
La qualité de production parfaite, on est quand même chez Naplam
Records, offre un mix très intéressant et qui met la basse bien en avant, il
faut dire que cette dernière est d'une efficacité redoutable et mène les
hostilités de bout en bout. La cinquième et dernière piste de Micro offre d'ailleurs
une balade instrumentale non dénuée d'une certaine élégance et entièrement
guidée par un quasi solo de l'instrument, tout juste accompagnée d'un peu de percu.
En tout cas musicalement ce mini format est riche en surprises, en contenu et
en influences.
L'EP relève plus de la fusion que d'un style particulier,
nous ne sommes donc plus seulement dans le style metalcore que le groupe
pratiquait précédemment, et qui, je dois l'avouer, me laissait assez
indifférent. Sans avoir aimé ni détesté, et sans avoir vraiment cherché à
approfondir leur œuvre précédente, les diverses écoutes que j'ai faite m'avait
laissé un gout de "Meh". Ceci dit en écoutant ce dont ces musiciens
sont capables, je vais peut-être jeter une oreille plus attentive à un album précédent pour écouter s'il n'y a pas une pépite cachée quelque part et ainsi réviser mon
jugement.
On arrive à une combinaison aussi inattendue que réussie
d'influences telles que Meshuggah, Faith no More, The Dillinger Escape Plan, et
même avec des parties plus rock à la Soundgarden et des envolées lyriques.
Cette recette qui, j'en conviens, sur le papier à l'air imbuvable, est en
réalité un divin nectar aussi improbable que surprenant. Il y a de la
puissance, du rythme, de l'intensité et beaucoup, beaucoup d'émotions. Pour peu
que l'on ne soit pas complètement hermétique au chant clair, qui pour le coup
apporte une dimension plus qu'il n'a une fonction mécanique, on se prend un
très large panel de sentiments dans la tronche.
Au delà de la performance technique qui est très bonne,
principalement à la basse comme évoqué précédemment, la performance artistique
est elle impressionnante. Une vraie distance s'opère avec, ce qui était
auparavant "un autre groupe de metalcore" et une identité en surgit. Le chant,
qui gagne en style, illustre ce propos. Schématiquement, auparavant il y avait
une chanteuse avec une grosse voix et un joli timbre en chant clair,
maintenant on trouve une interprète qui sait moduler ses tonalités et sa technique
pour apporter un plus à ses propos comme Greg Puciato, Dominique Lenore Persi ou
monsieur Mike Patton savent faire.
Pourquoi ce format Micro alors ? Peut être une étape comme
une chrysalide pour atteindre un autre stade d'évolution musicale ? Une ellipse
plus personnelle dans la trajectoire du groupe ? Un changement de business plan
pour s'adapter à la modification de la consommation de la musique ? Dans le
doute, privilégions la première option, qui est la moins pessimiste des trois.