Sublime, la musique de Jettie déploie au grès des portées une tristesse hivernale, faite d’isolement, d’introspection et souvent de remords. Des matinées frissonnantes, en proie aux incertitudes, mais qui ne voilent en rien la lumière de l'espoir, de l’optimisme et du renouveau.
Le visage de leurs compatriotes d’Ariel Kill Him, LastDaysOfApril, et dernièrement Logh, se reflètent dans chacune des rosées mises à jour par Jettie. Chaque gouttelette respire cette fraîcheur suédoise si revigorante, imposant ce désormais duo comme un des dignes représentants du genre. Des mélodies fines, délicates, simplement somptueuses; comment ne pas grelotter à l’écoute d‘"Aimie Rain" et de ces quelques mots : «I know this rain» . Jamais la pluie n’aura perlé avec autant d’éclat. Un éclat qui doit beaucoup à la voix suave, drapée et si réconfortante de Clas Bohman ; pourtant sa fragilité n’a de cesse de poindre, si inquiétante et en même temps si envoûtante, elle sera tout de même rassurée par l’écrin vocal de Johannes Persson. La discrétion de ce dernier, humble et sombre, illumine ce Heading For Mornings de ses interventions pleines de justesse, que ce soit au piano, à l’orgue ou au micro. Lui-même soutenu par un jeu de batterie tout en retenue, qui n’a absolument rien à envier aux plus belles œuvres figurant sur le () de Sigur Ros. Afin de parfaire la beauté inhérente à ce disque, Jettie en appelle à plusieurs reprises à une section de cordes ("Nyanian", "One Dance"), pour un cachet qui n’est d'ailleurs pas sans évoquer les fantômes de Sleeping At Last. Ceux-ci ne sont pas les seuls Nords-Américains dont la couleur musicale est perceptible puisque le chant de Clas, suppléé par une guitare acoustique au service d'arrangements sompltueux, évoquera à certains le point culminant de la carrière de The Promise Ring : Wood/Water.
Et c'est ainsi que les nuages se dissipent, l’air se rafraîchit, les fleurs respirent, suintent et brillent à la fois. Jettie dessine ici un paysage captivant, surprenant, constamment dans le souci du détail, et accompagnant ainsi bon nombre d’âmes esseulées, et ce jusqu’à la prochaine averse.
A écouter : jusqu'aux premières lueurs...