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Biographie
Le quintet originaire de Philadelphie s'exprime depuis 2015 à travers un Hardcore moderne aussi bien inspiré par le Death-Metal, le Grindcore ou la Noise. Le groupe s'inscrit dans cette nouvelle vague composée de Code Orange, Vein, Knocked Loose, Harm's Way, ou encore Varials avec lesquels il tourne régulièrement. Jesus Piece sort un premier EP sans titre en 2015 et enchaîne avec un second (plus court) l'année suivante. Il faudra attendre 2018 pour voir les Philadelphiens signer chez Soutern Lord Recordings et sortir leur premier long format Only Self, qui les fera voyager jusqu'au Japon ou en Australie notamment.
Net. Direct. Sans un accroc. So Unkown commence sans aucune subtilité, et sera de la première à la dernière minute un ensemble de parpaings lancés à pleine vitesse qui viennent vous heurter. On avait déjà une bonne idée de la teneur du grope avec Only Self, mais ici, le groupe semble enfoncer le clou à nouveau. Dès l’ouverture de « In Constraints », qui prend à peine le temps de respirer, vous êtes mis devant le fait accompli. A peine le temps de se retourner, c’est comme se prendre un mur en pleine vitesse.
L’intégralité de l’album est de la même trempe, en mode « pied bouche », sauf qu’on est loin de la maladie infantile, plutôt en mode mai 68. Ca peut être aussi gratuit qu’une charge de CRS (surtout si l’on jette un oeil aux paroles de « FTBS » par exemple), mais c’est presque aussi subtil qu’Hatebreed (« The Bond »).
Jesus Piece n’hésite pas à racler le fond des océans avec un « Stolen Life », entre chant ultra guttural et partie instrumentale plus lourde que jamais, et même si la prod aurait peut être pu être un poil plus massive, il est aisé de se laisser piétiner par le quintet. Homogène, ce disque reste un seul chemin sans détour, peu de variation, juste du Hardcore Lourd.
Qu’est ce qu’on pourrait reprocher à ce nouvel album ?
Honnêtement, je ne vois pas de point spécifique qui pourrait vous faire réfléchir à relancer l’écoute. Quand on lance l’album de Jesus Piece, on sait ou on met les pieds, l’album est propre, sans fioritures. Là ou le dernier Candy me laissait un léger arrière gout amer dans la bouche, So Unknown est pile là ou on l’attend.
Pas de concessions, ce Jesus Piece a autant de poids qu’un parpaing lancé à pleine vitesse.
Si vous avez apprécié le précédent, que vous souhaitez un cassage de nuque facile ou simplement que vous avez envie de vous défouler, So Unknown est l’album parfait.
Rejeton de plus de la nouvelle vague hardcore, Jesus Piece creuse son trou à mains nues dans le terrier d’une violence défrichée jadis par Botch, Neurosis, Burnt By The Sun, Coalesce et autres Gaza. Premier album expulsé en 2018 tel un glaire coincé au fond du gosier, Only Self impressionne et réactualise les dossiers via une maîtrise de la brutalité digne des darons du genre.
Mais le quintet Philadelphien ne sort pas de nulle part, les deux discrets mais puissants formats courts pondus respectivement en 2015 et 2016 ont en effet modelé le socle vénère de ce qui adviendra. Only Self donc, expose des influences piochées autant dans le death ou le grindcore que le beatdown ou la noise, et on réceptionne directement le parpaing avec Lucid, amorce d’un tunnel de rage sans pitié. Lignes de basse dévastatrices, hurlements doublés pétris dans la matière haineuse, guitares spéléologues chauffées à blanc et frappes de bûcheron équilibriste se solidarisent pour nous envoyer au tapis, malgré quelques suspensions, comme sur le grassouillet In the Silence et ses mélodies en chien planquées avant et au milieu du chaos ambiant, puis sur le diptyque final I et II, sans doute échappé d’une dimension parallèle, où la pesanteur fantomatique ouvre le champ à de très lents et très lourds desseins.
Extirper un moment de bravoure particulier de ce bloc de rouille incandescent n’est pas chose aisée, néanmoins on retiendra – outre une entame casse-reins – les mouvements nécessairement punitifs d’un Punish concassé, suivi de cette conversation de gueulantes opportune sur Curse of the Serpent, ou bien les furieux Adamant et Neuroprison à la durée strictement identique (2:04) et leurs changements de trajectoire rythmique aussi fluides que dantesques.
Encore une formation de qualité supérieure à noter sur son calepin réservé aux groupes de hardcore de jeunes qui défouraillent dru en cette fin de décennie, et qui ne se contentent pas de reproduire platement les trouvailles de leurs aînés. Jesus Piece et son Only Self nous donnent leur définition d’une violence débridée, toutefois intelligente, et même introspective parfois. En toute logique la suite devrait nous étonner.
A écouter : soi-même.
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