Pour son premier album, Fuseless, Jenx frappe en force avec un métal plombé tendance power et des sonorités indus éparpillées sur les pistes, en particulier les percussions.
Très percutante, la musique du groupe bénéficie sur cet album d'une production qui rend justice à ses vélléités énervées. Puissante, léchée, elle permet de profiter à plein des qualités vocales écorchées du frontman et des compositions martiales du gang. A l'occasion syncopées, les parties de batterie appuient un riffing en cisaille de multiples blasts, rappelant immanquablement le style Fear Factory. Les boucles indus s'insèrent efficacement à l'ensemble, par exemple sur Crawling Again, dans un registre plus proche de formations comme Machine Head pour le coup, avec de bonnes parties mélodiques.
L'impact de Fuseless est conséquent, révélant un groupe prometteur dans une frange metal indus encore un peu en friche au niveau hexagonal. Ainsi, Kira évoque là encore un Fear Fac' gonflé à la sauce power US, rythmique pachydermique et grunt proche d'un Burton C. Bell. Jenx montre aussi une volonté intéressante de créer des ambiances oppressantes, notamment sur Mute, instrumental bien foutu et percussif à souhait où les sonorités indus enrichissent la mécanique du groupe. On relève aussi quelques ponts dans le style de Korn, sur Pulsions et Falter, avec ce riff tellurique évoquant le Here To Stay des californiens. Temps fort du disque, Unusual voit l'apparition remarquée des Tambours du Bronx, qui apportent beaucoup d'impact à une composition mid-tempo, pesante. Jenx semble affectionner ce registre sur la durée de l'album, développant une atmosphère de zone industrielle en perpétuelle construction, à l'image des grues qui ornent la pochette du disque.
Le reproche principal que l'on peut faire à Fuseless serait sa linéarité. Linéarité du chant et des compositions, qui bien que solidement charpentées, rendant l'album très bon dans le martelage incessant, le privent d'un côté aventureux plus prononcé, notamment dans ses accents industriels, pas follement originaux, et qu'on aurait aimé plus présents néanmoins. Ainsi, un morceau comme Last Fuse évoque par instants le Nine Inch Nails de Pretty Hate Machine, par ses boucles rythmiques sautillantes intégrées à une piste incisive. Ce défaut d'audace reste cependant pardonnable pour un premier album et laisse augurer d'une belle marge de progression pour l'avenir.
En somme, avec Fuseless, Jenx sort un solide premier album, avec de belles qualités percussives et une puissance d'impact comparable aux grands frères ricains. Ne reste alors plus qu'à souhaiter au groupe d'affiner encore son identité musicale, notamment par une plus grande recherche mélodique et plus de plans typiquements indus, pour sortir davantage du lot. Conventionnel, mais prometteur.
Hole en écoute sur le myspace du groupe.
A écouter : Crawling Again, Falter, Unusual, Mute