1997. Mohinder, Angel Hair, Indian Summer ou Portraits Of Past ont posé en quelques années les jalons de la seconde vague de l'Emo-Hardcore / Screamo. Jenny Piccolo, issu des cendres de Mohinder, prend pourtant un embranchement différent avec son premier et unique album, Information Battle To Denounce The Genocide.
Les fondations sont Hardcore / Punk, mais joué avec une radicalité et une fronde Powerviolence. Pour 22 titres et 16 minutes au compteur, on se doute bien que tout enrobage, toute mélodie est surfait. Straight to the point, Jenny Piccolo assène avec virulence son propos : consumérisme, racisme, guerre, religion (« Your pain is his gain, you lied now repent, blinded by your faith, no backbone to walk on, the sheepherder is calling for you to cross that line » sur God's Gymn), quotidien morne (Bearing Holes), violences policières... chaque titre est une libération de colère. Le but, repousser les limites de la vitesse et de la violence musicale. En témoigne par exemple Sedate, Pure ou Acceptance Of Meanings dans leurs aspects hyper chaotiques ou Face Extincetion pour ses stries Noise. L'album n'est sans doute pas le plus violent de l'époque, mais se démarque néanmoins légèrement d'autres productions typées Powerviolence par son aspect Emo-Violence dans le chant notamment, ou même les guitares et les blasts qui gardent un feeling Hardcore / Punk. Pas de côté Metal encore moins de brutalité quasi Grindcore comme chez Yacopsae. 22 titres donc, qui s'écoutent d'une traite, comme d'habitude pour le genre en fait. Information Battle To Denounce The Genocide reste assez varié, ce qui lui qui évite de tomber dans la gogolerie pure et dure, en parsemant même parfois d'un peu de groove moshpart (Preschool, El Savador's Radio Problems). Par contre, la production est clairement pas terrible car l'ensemble est recouvert d'un voile de poussière et d'un son inutilement sourd, notamment sur la batterie un peu trop mise en avant. Ca aurait mérité de d'avantage de patate, mais bon, c'est Punk, hein !
Jenny Piccolo c'est un peu l'oublié de toute cette époque là. Peut-être pas aussi indispensable que d'autres formations de l'époque, peut-être pas assez Emo... il n'en demeure pas moins que Jenny Piccolo permet de comprendre le pourquoi de la venue quelques années plus tard d'Orchid, Jerome's Dream, The Death Of Anna Karina et beaucoup d'autres incontournables de la scène Screamo / Emo-Violence. Chris jouera par la suite de la basse sur le fabuleux Syncopated Synthetic Laments For Love de Yaphet Kotto alors qu'Al Ruel ira fracasser des crânes sur l'autel du Sludge avec Noothgrush.