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Biographie

Jenny Hval

Est-il vraiment étonnant d'apprendre que, jusqu'à l'âge de 19 ans, Jenny Hval était chanteuse dans un groupe gothique ? Si ses sinuosités électroniques actuelles ne le montrent pas, on ne doute pas que sa voix avait déjà dû être appréciée à l'époque.

Adoubée par Michael Gira (Swans) et déjà populaire dans son pays, Jenny Hval gagne pourtant à s'exporter. Apocalypse, Girl, son cinquième album, sorti en 2015, est une signature sensuelle et provocante, comme aurait pu l'écrire une Björk bourrée d'aphrodisiaques. 

Chronique

Apocalypse, Girl ( 2015 )

A trente-trois ans, Jenny Hval est à la croisée des chemins. Plus suffisamment insouciante pour se la jouer naïve, pas encore assez mystique pour être entièrement dramatique. La vraie crise existentielle dont Apocalypse, Girl est un témoignage barbouillé comme une fin de soirée, en attendant un nouveau départ.

On sait depuis Innocence Is Kinky que Jenny Hval est joueuse. Coquine la frangine, même, si on poussait le bouchon. Chacun de ses disques est enrobé d’un érotisme soft qui dévoile les parties les plus intimes de l’artiste. Apocalypse, Girl ne déroge pas à la règle. Sensualité et sexualité s’entremêlent dans une sorte de jeu du chat et de la souris qui trouve sa résonance dans la diversité des styles entendus : folk, electro, trip-hop, empruntant ainsi à la fois à Björk pour la voix et le côté grandiloquent de certains passages, comme à PJ Harvey pour ses réflexions plus intimistes ("Sabbath"). Les expérimentations de Jenny Hval fonctionnent aussi bien à l’ambition que par ses impulsions. « Think big, girl, like a king / Think kingsize » ("Kingsize").

De fait, à la fois ange et démon, Jenny Hval joue de cette ambivalence. En toile de fond, la préciosité des arrangements - avec la participation de Øystein Moen (Jaga Jazzist) et Thor Harris (Swans) - et la délicatesse des compositions tranchent avec le verbe cru et provocant de la chanteuse, qui va parfois jusqu’à la caricature de lui-même (« That Battle Is Over »). « Angels&Anaemia » en révèle beaucoup sur son processus d’écriture, à la manière surréaliste de l’écriture automatique : la musique est vue alors, de manière très solennelle, comme un exutoire à assumer, surtout en période de doute où toute spiritualité est brouillée (« Heaven »).

Avec son cinquième album, Jenny Hval se met en exposition dans une démarche psychanalytique qui mélange avec à-propos les thématiques et les genres. Un état d’esprit confus qui rend le résultat d’autant plus fascinant que son pouvoir charnel déviant agit avec force dès les premières écoutes. Apocalypse, Girl parle peut-être de bites et de chattes mais le goût est amer et le plaisir décrépi. Ce qui importe, c’est désormais de se réinventer en transcendant sa condition. Un programme dont se délecte déjà la chanteuse et son auditeur-voyeur par la même occasion.

A écouter : Heathen