Jeanne
Screamo

I
Chronique
La surprise était totale. Livré sans préavis, lâché sans avant-goût, I est aussi imprévisible que ravageur. Aucun titre en dehors de ces chiffres, pas un mot, une énigmatique photo et une ville. Rien de plus, mais Jeanne annonce ici sa volonté : se concentrer sur la musique et la détacher de tout lien. Jeanne réussira-t-il à nous surprendre autant qu’avec sa Démo ?
On reprendra de leur précédent EP ces similarités avec Géranium pour le côté double-chant (sur « 8/8 »), mais à côté de cela le style dévoré par Jeanne reste ce Screamo emporté, oscillant entre Sed Non Satiata (sur ses débuts), Daïtro ou Gameness. Néanmoins, en dehors de ces 3 noms qui reviennent souvent lorsqu’on cite la scène Française, on pensera à Hyacinth, Bokanovsky, et, hors e nos frontières, The Funeral Diner ou encore les premiers June Paik (le 12’’ de 2005 possède pas mal de similitudes avec ce premier album de Jeanne).
Il faut l’avouer, ce qui fait mouche avec Jeanne n’est pas cette capacité à reprendre des codes d’un genre, mais cette débordante ferveur qui emplit l’ensemble : « 6/8 » se fait vecteur d’émotions, avec ses alternances de rythmes, son chant poussé à l’extrême dans l’ombre d’Envy. D’un autre côté, l’instrumental « 7/8 » monte peu à peu en puissance, évoluant d’un Gantz à des tendances plus Post-Hardcore sur sa fin (« 8/8 »). Globalement sans faille, sans artifice, I retourne l’esprit (« 10/8 ») et prend en otage la raison, au profit de la passion.
Berceau d’un légère amertume dans certains titres, le son du groupe virevolte au gré des minutes, évoluant vers diverses formes lorgnant aux limites du Screamo.
A l’image de la Démo, I est renversant, précis et captivant. Les adjectifs mélioratifs sont totalement justifiés, et même si on ne sait rien de Jeanne, on devine aisément une chose : les musiciens savent totalement de quoi il parlent. Un disque qui marquera.
Très belle découverte que ce Jeanne !