Biographie

Jeanne

De Jeanne, on ne sait que peu de choses : Un lieu. Strasbourg. Un nombre incertain. En dehors de ces aspects, Jeanne existe dans l'anonymat le plus total, apparaît avec juste ses sorties (une Démo en 2014 et un premier album en 2017). Sinon rien, si ce n'est la musique.

EP ( 2022 )

Et de quatre nouveaux titres pour Jeanne, respectivement du 15ème au 18ème de leur discographie. Sous cette carapace Screamo aux relents parfois Crust (le second chant), on prend les mêmes ingrédients et on recommence.

La discographie du groupe semble s’étirer jusqu’à présent comme une seule oeuvre, qui malgré les années ne s’octroie aucun écart. Les titres de la Demo 2014 pourraient suivre ceux de ce simple EP mais jamais rougir face aux années qui les séparent. C’est d’ailleurs l’un des gros points forts de Jeanne : d’une première sortie d’une qualité élevée, les Strasbourgeois n’ont jamais failli jusqu’à présent dans la globalité de leur discographie.
Ce n’est pas cet ensemble qui viendra nous contredire : d’une très courte intro, on repart dans cette furie qui les rendait proches de Potence ou The Third Memory, ce tourbillon incontrôlé de sensations plaintives qui trouve son coeur dans « 16/4 » et son passage central et te toise du haut de « 18/4 », sans doute la pierre angulaire de cet opus. Difficile de s’étendre plus tant l’évolution de Jeanne - ou son absence - satisfait pleinement.

Encore une belle oeuvre ajoutée à leur discographie, avec une mention spéciale pour « 18/4 », qui semble jusqu’à présent inaltérable. A noter le sublime artwork de Thibault Bapst, ancien chanteur de Paramnesia, qui possède une foultitude de détails dans un concept à première lecture simple. On oubliera jamais

A écouter : 18/4

Cinq - Split Potence / Jeanne / Les 2 minutes de la Haine / Tropical Ice Land / Yarostan ( 2020 )

De ce split, on ne peut dire que du bien.
D’une part parce qu’il propose des groupes dont on connaît la qualité depuis plusieurs années, mais aussi car il s’offre le luxe d’être quasiment composé de nouveaux titres dont les contours se dessinent à des rythmes différents.
Même si l’on ne retrouvera que deux morceaux connus (« Aimer, mourir jeune et faire un beau cadavre » de Potence et « Are We There Yet? » de Yarostan), les groupes restent dans une continuité artistique qui leur est propre. Du Post Rock / Screamo de Yarostan au côté acerbe de JeanneCinq est une boule d’énergie qui se retrouve porté par un même sentiment. Celui d’une urgence continue, de part des tempos assez frontaux (celui de Jeanne, qui confirme parfois l’affiliation avec le Laissez Vivre Les Squelettes de Daïtro, qui se frotte à la virulence de Tropical Ice Land) ou un côté plus lourd (Les Deux Minutes de la Haine). Même Yarostan s’y plie, mais en l’apportant par les lyrics.

Si l’on connaît moins Tropical Ice Land, les autres artistes ont déjà été évoqués plusieurs fois en ces pages, donc pas de surprise : Un mélange entre Screamo, Post Rock, Crust et Hardcore, le tout dans la langue de Molière. La découverte des Espagnols sera plus à recommander aux fans de Jeanne / Potence sur l’ensemble, même si les titres sont globalement plus courts que leurs comparses.
Dans sa globalité, Cinq n’a rien à envier à d’autres splits du même genre, ni à rougir. Même si les titres ne sont pas tous récents, il affirment bien qu’une vague de fond Screamo continue de se mouvoir petit à petit.

Même si mon goût se porte plus sur Jeanne ou Yarostan, il faut reconnaître que chaque adepte de Screamo y trouvera quelque chose à son goût. On pourrait reprocher a Zegema Beach le nombre assez important de sorties du label, ne laissant pas un temps de digestion important, mais au vu de la qualité globale des titres proposés à chaque fois, on ne pourra qu’apprécier l’effort de faire vivre une scène dont les acteurs majeurs ont peu à peu disparu, au profit d’une descendance qui tente de se réinventer avec plus ou moins de succès.

17 / 20
1 commentaire (16/20).

I ( 2017 )

La surprise était totale. Livré sans préavis, lâché sans avant-goût, I est aussi imprévisible que ravageur. Aucun titre en dehors de ces chiffres, pas un mot, une énigmatique photo et une ville. Rien de plus, mais Jeanne annonce ici sa volonté : se concentrer sur la musique et la détacher de tout lien. Jeanne réussira-t-il à nous surprendre autant qu’avec sa Démo ?

On reprendra de leur précédent EP ces similarités avec Géranium pour le côté double-chant (sur « 8/8 »), mais à côté de cela le style dévoré par Jeanne reste ce Screamo emporté, oscillant entre Sed Non Satiata (sur ses débuts), Daïtro ou Gameness. Néanmoins, en dehors de ces 3 noms qui reviennent souvent lorsqu’on cite la scène Française, on pensera à Hyacinth, Bokanovsky, et, hors e nos frontières, The Funeral Diner ou encore les premiers June Paik (le 12’’ de 2005 possède pas mal de similitudes avec ce premier album de Jeanne). Il faut l’avouer, ce qui fait mouche avec Jeanne n’est pas cette capacité à reprendre des codes d’un genre, mais cette débordante ferveur qui emplit l’ensemble : « 6/8 » se fait vecteur d’émotions, avec ses alternances de rythmes, son chant poussé à l’extrême dans l’ombre d’Envy. D’un autre côté, l’instrumental « 7/8 » monte peu à peu en puissance, évoluant d’un Gantz à des tendances plus Post-Hardcore sur sa fin (« 8/8 »). Globalement sans faille, sans artifice, I retourne l’esprit (« 10/8 ») et prend en otage la raison, au profit de la passion.

Berceau d’un légère amertume dans certains titres, le son du groupe virevolte au gré des minutes, évoluant vers diverses formes lorgnant aux limites du Screamo.
A l’image de la DémoI est renversant, précis et captivant. Les adjectifs mélioratifs sont totalement justifiés, et même si on ne sait rien de Jeanne, on devine aisément une chose : les musiciens savent totalement de quoi il parlent. Un disque qui marquera.

A écouter : 10/8