Jack And The Bearded Fishermen
Post-Hardcore / Noise / Stoner / Rock

Minor Noise
- Autumn Arrows
- Low Tide
- Reminder
- Minor Noise
- Inverted Queen
- Way Out
- Wet Black Papers
- Tina
- White Hours
- Program
Chronique
On retrouve enfin Jack et ses toujours barbus amateurs de pêche en eaux marécageuses, trois ans après la démonstration d’un Places To Hide dégoulinant de classe. Suite vraiment logique, Minor Noise distille la même poésie, emplie de mélancolie et de fureur mesurée, titillant le minimalisme. Une approche que l’on a pu constater par ailleurs chez les non moins géniaux Ventura, bien que la finalité soit différente.
Mais ce qu’on attend de ce troisième LP, c’est de savoir s’il dépasse l’excellence de son ainé, et sans suspense, c’est le cas. Ces bisontins inspirent simplement la confiance, par leurs dosages alchimiques d’ambiances tristes et venimeuses, ou par la précision nonchalante des coups portés. C’est facile, on insère l’objet circulaire et on se laisse bercer par l’intensité cyclique, harmonique et délicate des trois guitares, tandis que la complainte fragile de voix insidieuses, parfois lointaines, nous embarque dans la volupté d’une transe assimilée. Pas de Serge Moratel ici mais la production demeure efficace, si ce n’est davantage. Batterie et basse conversent comme jamais afin d’appuyer un groove aux facultés d’hypnose décuplées, et ce dès l’amorce Autumn Arrows, frontale, ne s’embarrassant pas d’introduction lourdingue. Jack se contente d’exposer ses mélodies les plus inspirées, cultivant toujours cette ambiguïté jouissive, à cheval entre rock gras, noise et post-hardcore, incluant quelques touches de clavier judicieusement disséminées.
Minor Noise, comme le fut Places To Hide, est un album homogène, où il est difficile d’aborder un morceau dissocié des autres. Comme on lirait un seul et unique chapitre d’un livre, cela n’aurait tout à fait aucun intérêt. Enfin, malgré cet aspect compact, l’objet contient ses sommets, ses pics d’intensité, tels que l’entame citée plus haut, le subtilement riche éponyme, le rugueux et sautillant Inverted Queen, la progression et la basse énôrme de Way Out suivi de Wet Black Papers, ou l’éblouissant et ultime Program. Seulement la pesanteur de Low Tide, l’urgence nécessaire de Tina et l’envoûtant White Hours, sont autant d’éléments à appréhender, autant de chapitres à lire et relire pour apprécier l’œuvre entière, et d’en capter la sève délectable.
Jack And The Bearded Fishermen gravit encore un échelon avec Minor Noise. Les bisontins parviennent à densifier leurs structures tout en affichant un rendement mélodique encore plus exigeant, mais finalement, aussi, plus viscéral après un effort d’écoute répété. Le groupe jouissant d’une certaine réputation scénique, mon petit doigt me susurre que ces compositions devraient casser leur lot de cervicales en direct.
A écouter : 1
Album écoutable en avant-première dans nos pages.
Et à partir du 24 février sur bandcamp.