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Biographie

Ixion

Ixion (du nom d’un héros Lapithe de l’Antiquité, condamné à la souffrance éternelle par les Dieux) est à l'origine un duo français qui remonte à 2004 lorsque le multi instrumentiste Julien Prat commence à travailler sur ses propres compositions à base de plages atmosphériques, nappes électroniques et Doom Death mélodique. Il est rejoint deux ans plus tard par Thomas Saudray (Chant / Claviers), et ensemble ils enregistrent une première démo, Through The Space We Die, qui sort courant 2007. Il faudra attendre quatre ans pour qu'Ixion, devenu trio avec la venue de Yannick Dilly (Chant), sorte son premier album, To The Void. Avec un deal via le label italien Avantgarde Music, les français font un peu parler d'eux, leur musique se rapprochant de groupes comme Inborn Suffering, Ablaze In Hatred ou Mar De Grises. Très discret et ne réalisant que peu de concerts, Ixion revient quatre ans plus tard avec un album sous le bras, Enfant De La Nuit, qui sort sur le label Finisterian Dead End. Une suite lui est donnée en 2017 : Return.

17 / 20
7 commentaires (16.29/20).
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To The Void ( 2011 )

Si dans l’espace, personne ne vous entend crier, Ixion était tout de même parvenu à se faire entendre avec la sortie de Through The Space We Die en 2007, première démo qui présentait un duo français œuvrant dans un Doom Death atmosphérique de grande qualité. Surtout, le groupe y faisait preuve d’originalité en ayant opté pour le cosmos comme thème central. Revoilà le groupe quatre ans plus tard. S’il est devenu trio, le titre de son premier album, To The Void, ainsi que l’artwork choisi semblent annoncer qu’Ixion ambitionne toujours de dériver au milieu des astres.

Autant le dire tout de suite, sortir un disque de Doom Death Metal en 2011 sans passer par la case revival 90's, c’était osé. Mais quand, en plus, on choisit l’espace comme thème majeur au détriment des sorcières acides, c’est un coup à passer à côté du filon du moment. Attention, il s’agit bien d’un disque de Doom Death Metal, cela nous est d’ailleurs rappelé assez régulièrement (Beyond The Skies, The Plague, Leaving). Evoken n'est jamais très loin, Thergothon non plus. Seulement, il s’agit d’un Doom Death Metal simplement… différent. Différent, car inspiré de l’espace, et dont la description se fait au fil des mots de Shakespeare et de Baudelaire, dont les textes ont été adaptés à partir de Hamlet et des Plaintes d’un Icare, respectivement. Différent, car joué par un groupe ne rendant hommage à personne d’autre qu’à sa propre créativité. Oui, Ixion est loin de toute hype. Très loin. A quelques millions d’années lumières, même. Là où tout est froid, distant, et infiniment classe.

Classe, comme ces claviers, qui forment le cœur de l’atmosphère majestueusement stellaire de ce disque, redonnant réellement du sens au terme de Doom Death atmosphérique, si souvent galvaudé. Les nappes de synthé diaphanes s’enchaînent ainsi, belles et semblant venir de très loin, peut-être des confins de l’espace. Mais elles ne sont jamais aussi envoûtantes que lorsqu'elles s’entremêlent avec des notes de piano classique en un ensemble à couper le souffle (Fear Of The Hidden, Falling To Apathy). On parle ici de danse envoûtante, de grandeur sans décadence, d’esquisse du sublime. En guise de comparaison, on pourrait dire que les émotions générées et véhiculées ici rappellent les trésors que l'on a pu découvrir chez les Chiliens de Mar De Grises, dont on ne parlera d'ailleurs jamais assez. On pourrait également presque rapprocher la musique d'Ixion du travail d’Angelo Badalamenti sur le générique de Twin Peaks, puisque cette utilisation des claviers, bien que différente, éveille le même genre de sensation, à savoir une sorte de malaise mêlé de fascination face à une sourde menace, tel ce sentiment ineffable de l’homme face au halo céleste, perdu entre fascination primitive et terreur glacée.
 
Classe, également, comme cette utilisation de trois chanteurs pleine d’à-propos, puisqu'un vaste registre vocal est ainsi couvert. On passe ainsi souvent du growl aux murmures sans que la cohérence ne s’en ressente, comme le fait par exemple Virgin Black sur son génial Sombre Romantic. Au contraire, les trois voix se complètent à la perfection et s’unissent même le temps d’incarner une sorte de chorale céleste, à la beauté stupéfiante et dont l’émotion ne cesse de s’échapper. Car oui, ce disque est un déferlement d’émotions du début à la fin, donc le pic émotionnel est fort justement atteint lors du diptyque Soothing In Agony / Fade To Blue qui forme le final de l’album. Tout comme les claviers, les voix semblent également lointaines, presque inaccessibles, davantage éthérées qu’incarnées, pareilles aux étoiles finalement.

On pourrait continuer à enchaîner les superlatifs, empiler les images douteuses et se perdre en clichés et digressions sans fin, mais le mieux reste… d’écouter. Oui, écoutez ce disque. Pour peu que vous adhériez à ce concept particulier, acceptez sans hésiter l’invitation au voyage vers un universum incognito, et transformez-vous, le temps d’un instant, en un Icare des temps moderne. Ixion saura vous guider. En attendant, To The Void entre dans la lumière, et s’impose comme un des meilleurs disques de Doom Metal de 2011. Longue vie à Ixion. Et tant pis s’il continue d’endurer mille tourments sur sa roue.

A écouter : De l'envol à la chute.

Through The Space We Die ( 2007 )

Ixion, c’est un peu le groupe qu’on aime à jalouser. Forcément, quand deux inconnus débarquent avec un premier enregistrement du calibre de ce Through The Space We Die, on se demande tout simplement comment il est possible de maîtriser à ce point son sujet avec si peu d’expérience et tellement de personnalité. Le groupe nous offre ainsi un Doom Death mélodique très atmosphérique qui fait la part belle aux ambiances froides à l’extrême, aidées en cela par l’utilisation très bien gérée de nappes de claviers diaphanes et d’éléments Electro qui permettent à Ixion de se démarquer du reste des formations actuelles en ajoutant une dimension presque magique à des compos envoûtantes et réellement somptueuses.

L’ensemble évoque Samael et Esoteric pour le côté glacial et cosmique ainsi que des formations telles que Swallow the Sun, Saturnus ou encore Despond et Evoken pour les passages les plus mélodiques ou sombres, avec évidemment une bonne dose d'influences Electro, Massive Attack et Aphex Twin étant souvent cités par la formation bretonne.

Ajoutez à cela une alternance voix claire / growl qui semble très lointaine due à une production faisant sonner l’ensemble étouffé juste comme il faut, et vous obtenez tout le charme glacial d’une ambiance sépulcrale à souhait, terriblement fascinante. Le titre de la démo illustre à merveille ce sentiment, car on a réellement l’impression de dériver dans l’espace, seul et désorienté au milieu du vide infini. Chaque piste est parfaitement exécutée, mais s’il devait n’y en avoir qu’une, ce serait sans nul doute Cold Stars, captivante et inquiétante à souhait, telle un lointain astre dérivant aux confins insondables de la galaxie.

Ainsi Ixion livre une démo dont l’extraordinaire beauté rivalise avec l’émotion et la froideur mortuaire qui s’en dégage. Sans nul doute un des plus grands espoirs de la scène musicale française, il est un groupe à suivre de très près, dont on attend avec ferveur le premier album. En attendant, savourez ce Through The Space We Die, essai pour le coup directement transformé en coup de maître.

A écouter : Les six