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Biographie
It It Anita est né à Liège d'une collaboration entre Mike (Malibu Stacy) et
Damien (JauneOrange). Très influencé par des groupes majeurs des années 80 et 90 comme Fugazi, Sonic Youth ou Pavement, le groupe allie énergie brute et recherche sonore au travers de morceaux plus longs et expérimentaux.
Après une première sortie éponyme chez Honest House en 2014, It It Anita revient l'année suivante avec Recorded by John Agnello, publié sur son propre label, Luik Records. En 2016, sort Agaaiin.
La chronique précédente, celle de Recorded By John Agnello, avait été l’occasion d’un name-dropping frénétique dû autant au pedigree du producteur, à nouveau à l’ouvrage cette fois-ci, qu’aux influences des Belges d’It It Anita. Si celles-ci ne sont pas démenties par la sortie d’Agaaiin, suivant un split échevelé paru quelques mois plus tôt avec Hypochristmutreefuzz, il ne serait pas juste envers le quatuor de continuer à radoter sur des formations des années 90, aussi marquantes soient-elles, et de minimiser ainsi le talent d’un groupe qui voit le passé comme une source de création et pas seulement comme un moyen aisé de recycler une recette qui a déjà fait ses preuves, tel un vulgaire candidat de Top Chef.
S’affranchissant volontiers des concepts d’EP/LP, It It Anita semble n’avoir qu’une idée en tête, garder suffisamment de spontanéité et de fraîcheur pour ne pas lasser et se lasser. La rage et l’intensité dont fait preuve le groupe dès les premières secondes de 25 (From Floor To Ceiling) ne laisse planer aucun soupçon d’une quelconque baisse de régime. Tendu de la première à la dernière seconde, ce disque joue avant tout la carte de l’urgence, celle de ne pas se laisser rattraper par la routine et de garder à l’esprit que la musique doit d’abord être un plaisir pour celui qui l’interprète. Un état d’esprit qui transpire des huit morceaux, pour trente minutes, que nous proposent les Belges. De la sensualité teintée de mélancolie de Ginger (Ode To Decade) à la cavalcade aux accents punks de Jean-Marc (Jean-Marie), It It Anita démontre encore une fois sa faculté à composer des titres à la fois prenants et éphémères, réussissant à allier engagement et détachement, pesanteur et légèreté. Le travail sur les textures des guitares est particulièrement intéressant, créant des ambiances hypnotisantes (Parnsip (Terminal)) tout en gardant le chaos à portée de main, lui permettant de s’inviter le temps de deux interludes bruitistes qui emmènent la musique du groupe vers des terres expérimentales dont on a depuis longtemps deviné l’attrait qu’elles exercent au sein du combo liégeois.
Imaginez un vision déçue du psychédélisme, passant celui-ci à la moulinette industrielle et urbaine, et vous aurez une idée de la façon dont It It Anita envisage sa musique. Mélodique, abrasif et surprenant, Agaaiin est un disque inspiré, qui dévoile à chaque écoute des subtilités passées inaperçues auparavant et qui lui donnent une richesse que l’on ne s’attend pas forcément à retrouver chez un groupe qui affiche une attitude aussi décontractée. Des préjugés qui ont toujours collé aux basques des plus glorieux « slackers » et que nous pouvons, grâce à It It Anita, définitivement oublier.
Bercés au son de nombreux groupes majeurs des années 80 et 90 (de Fugazi à Dinosaur Jr en passant par Sonic Youth), les quatre de It It Anita auraient pu se contenter, comme d’autres, de livrer une vague relecture d’un âge d’or duquel il est assez facile de ne proposer qu’un pâle hommage sans grande inspiration. C’était sans compter sur le goût immodéré des Belges pour un certain surréalisme, déjà parfaitement illustré par leurs pochettes. Recorded by John Agnello aurait tout aussi bien pu s’appeler « ceci n’est pas un disque de rock », tant la musique qu’il nous offre se démarque en prenant sa source chez ses principales influences avant d’arpenter des terrains plus aventureux, bouleversant nos repères, se libérant des contraintes de durée et de structure et trouvant ainsi une liberté et une fraîcheur salutaires. Après un premier EP très convainquant en 2014, le groupe n’a pas traîné pour livrer une suite enregistrée à Liège, comme vous l’aurez certainement deviné, par John Agnello, connu pour son travail avec Sonic Youth, Kurt Vile, Dinosaur Jr…(et pour avoir enregistré Beyond, de la bande à J Mascis, il a ma gratitude éternelle).
Les guitares tranchantes et énergiques d’Imposter nous placent en terrain connu avant que quelques notes dissonantes ne viennent faire basculer le morceau dans une tension palpable, nourrie du martèlement d’accord répétitifs se noyant dans le bruit et l’électricité. Une tension maintenue lors des 13 minutes ambitieuses et captivantes de L’invention du chien, débutant dans une ambiance « dronesque » où les larsens occupent l’espace et le distordent sans relâche, comme pour essayer d’y trouver une échappatoire ou une porte vers une dimension parallèle (pensez aux interludes des derniers albums de Godspeed You! Black Emperor). Le groupe prend tout son temps pour faire émerger la mélodie et les premières paroles, qui ne font qu’exprimer ce que l’on ressentait au fond de nous depuis le début du morceau : « Even if my friends are here I feel anxiety ». La montée en puissance qui suit et la conclusion plus posée illustrent ainsi la lutte contre cette angoisse dont on finit par accepter qu’elle est non seulement utile, mais véritablement indispensable, à toute survie et création. L’humeur se fait nettement plus légère sur un Templier estampillé Sonic Youth et se terminant comme si de rien n’était par un fade out de plus d’une minute, preuve supplémentaire qu’It It Anita ne fait décidément rien comme tout le monde et recherche constamment le petit truc en plus qui va permettre à ses morceaux de sortir du lot.
Introspectif, voire méditatif, le piano utilisé sur Le grand tour fait de ce dernier titre la conclusion idéale et apaisée d’un disque inventif et qui déborde de sincérité, laissant présager d’un très bel avenir pour ce groupe dont on entendra encore parler très rapidement.
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