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Biographie

Isis

Isis est le groupe du connu et reconnu Aaron Turner, fondateur du label HydraHead (Botch, Knut). Isis ne déroge pas à la règle et produit depuis ses débuts en 1997, une musique pesante parcourue de passages atmosphériques pas bien loin de certaines tirades Neurosiennes.
Après Celestial et Oceanic, Panopticon est le troisième véritable album des désormais californiens. A côté de ces disques majeurs, la formation de Turner possède un goût très prononcé pour les albums de remix, lives ou les projets parallèles. On citera en particulier l'electronique Sgnl>05, paru sur Neurot Recordings.

16.5 / 20
25 commentaires (15.54/20).
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In The Absence Of Truth ( 2006 )

Se lancer dans l'écoute d'un nouveau Isis revient un peu à tenter de trouver ce qui a changé chez un ami que l'on a pas vu depuis un bout de temps. En effet Isis est du genre à évoluer doucement, de façon faussement anodine, les apparences sont toujours là, ce qu'on connaissait ne semble pas avoir bougé et pourtant il y a toujours ce petit quelque chose qui nous donne l'envie d'écouter une nouvelle fois car peut être que là, oui là, il y a quelque chose de différent, oui mais quoi?

Bien prétentieux celui qui peut y répondre après une écoute, ou même 20; pour cette chronique le compteur d'écoutes est déjà bien élevé et pourtant bon nombre d'interrogations ou de doutes subsistent encore. Isis n'est pas au rayon culte pour rien.
Ce In The Absence Of Truth a évidemment de gros airs de Panopticon aux premières écoutes; on remarquera cependant bien vite que la batterie s'est affirmée, que le son a grossi de ce côté, complexifié même, on entendra même pointer une double pédale sur certains titres.
La première conclusion que l'on pourrait faire et qu'Isis a décidé de renforcer ses parties massives pour atteindre des sommets de lourdeur venus plaquer au sol les parties plus douces. Et des titres comme Not In The Rivers, But In Drops semblent aller dans ce sens, le groupe déploie sa puissance de feu dans un mur de décibels avec une voix toujours sporadique mais ô combien efficace de par son grain et sa puissance.
Pourtant au jeu des contradictions Isis nous montrera avec la piste suivante, la bien nommé Dulcinea, qu'il a aussi pris du galon dans la volupté et maîtrise avec brio ces acmés (cette montée à la 4ème minute! fantastique) au fort relent post rock.
Isis ne fait que grandir l'écart entre lourdeur et volupté, et au final sous couvert d'une musique plus accessible ces clash stylistiques n'en ressortent que plus violemment. Certains morceaux très psychédéliques nous propulseront ailleurs, mais le groupe prendra un malin plaisir à nous ramener à la réalité dans un mur de son rageur, et le pire dans tout ça c'est que l'on en redemande.

Isis reste Isis, hybride et unique, chaque morceau fourmille de détails et ne semble pas vraiment dissociable du reste, In The Absence Of  Truth est un monolithe a géométrie variable, difficile d'accès il ne se dévoilera qu'au fil d'écoutes attentives; mais pour les plus courageux il se révélera certainement comme une évidente réussite ou un désastre sans nom... A vous de juger.


MP3 : Dulcinea.

A noter : la version chroniquée n'avait pas le même artwork que celui de la chronique. La masse de "fils" est présentée sur un fond blanc et rouge.

A écouter : d'une traite.
15.5 / 20
30 commentaires (18.02/20).
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Panopticon ( 2004 )

On distingue une vue aérienne, planante et bleutée, mais aussi une "vue d'ensemble" témoignant d'une certaine prise de recul et d'une maturité croissante. Ainsi, poser le regard sur l'artwork de Panopticon permet de déceler en partie l'évolution de la musique d'Aaron Turner et sa bande. A l'image des dernières productions du style comme le sublime Salvation de Cult of Luna et l'étonnant Eye of every storm de Neurosis, le dernier opus d'Isis élabore des paysages aux reliefs accidentés. Le climat semble toutefois plus doux en ces lieux. Les notes des mélodies se gonflent d'hélium avec les années et les guitares se font davantage lyriques, Panopticon installe une ambiance céleste durant son intégralité.

L'ensemble naît pourtant dans la douleur avec les premières lourdes et pesantes mesures de "So did we" soutenues par une chant toujours aussi abrasif et caverneux. Le décollage est donc plutôt violent, mais ici, ce sera dans l'unique but de prendre un meilleur envol. En effet, le morceau prend vite une tournure psychédélique via une guitare amoureuse des envolées bucoliques et des balades en apesanteur. Sur "Backlit" la tendance ne fait que s'affirmer malgré les nombreuses apparitions en surface d'une puissante saturation au milieu de passages instrumentaux épurés. Les écossais de chez Mogwai ne sont vraiment pas bien loin dans cette manière caractéristique d'envelopper bruyamment des compositions minimalistes.

Dans un sens, Panopticon est évidement bien plus accessible qu'Oceanic, leur précédent album. L'aspect mélodique est largement plus déployé à l'image "Wills disolve". Même constat pour le coté "ambiant" hérité des relatives lenteurs et retenues dans l'exécution. Toutefois, ne cherchez pas ici des morceaux "attrapes coeurs" faisant mouche aux premières écoutes. Avec des pistes de 8 minutes en moyenne, Isis joue sur la longueur et l'homogénéité du tout.

Entre Neurosis pour les ambiances et Pink Floyd pour les tendances "psychés", Panopticon possède des attraits séduisants face auxquels il est très difficile de rester de marbre. En étant tatillon, on pourra reprocher à Isis de ne pas trop pointer le bout de son nez hors des sentiers déjà bien battus.

A écouter : So did we, Wills disolve