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Biographie

Isaïah

Damien - Chant
Nicolas -  Guitare
Guillaume - Guitare
Geoffrey - Basse 
Damien - Batterie


Sans prétention et sans artifice, de manière quasiment intimiste même, et afin de répondre à un besoin viscéral de résister, Isaïah s'est crée en mai 2007. Très vite, le groupe connaît ses premiers concerts et met sur pied une Demo chez Hearts On Fire Records. Engagé, D.I.Y, il partage alors la scène avec Torn In My Pride, Lakmé, Trainwreck et enchaine sur un Tour Cd pour l’accompagner. Désormais rôdée et à l’aube d’une nouvelle année, la formation belge – qui a entretemps changé de chanteur – franchit un nouveau pas en annonçant en 2009 la parution prochaine de son premier LP : "Ils consomment, tuent et prient mais ne pensent pas".
A noter que le groupe met l’ensemble de ses titres en téléchargement gratuit sur ses sites.

Connection Part II (6 way split) ( 2010 )

La coutume punk aime à organiser la rencontre d’artistes autour d’un split à partager. C’est une manière de réhabiliter ce "don", cher à Raoul Vaneigem que la société de consommation a rendu désuet. Le titre parle de connections. Le fond évoque le don de soi. Et le label Moment of Collapse, qui est à l’initiative de ce projet, le résume en une phrase : "We support the idea of DIY".

Le tour de table est plus que prestigieux. Suis La lune, The Saddest Landscape, Captain, your ship is sinking, Kias Fansuri, Isaïah, Adorno. A l’annonce des forces en présence, j’avais cru au canular. Mais le LP vint au jour. Suis La Lune y orne le premier rang : Élève toujours soigné et soigneux, la mèche blonde bien peignée, brillant premier de la classe. Appréciation : "au-dessus du lot". Le son des guitares est caractéristique, reconnaissable entre mille, tout comme ces teintes post-rock dissimilées ici et là ("Postlude to 5 years of hurting") ou cette émotion mise à nu, écarlate et éclatée. Ces deux titres s’inscrivent dans le contexte du ep Heir et du Us Tour 10’ et démontrent que Suis La Lune n’a rien perdu de sa superbe. Mais il ne s’agirait pas de s’appesantir car The Saddest Landscape est le second à passer l’oral. Une nouvelle fois, le groupe de la East Coast est intenable. Probablement enregistrées en même temps que les tracks de You will not survive, les deux compositions éclaboussent le split de leur classe. "The temptation that is you" se hisse même au panthéon de la formation américaine. Tout y est : l’intro en arpège à chialer, le chant saccadé et étouffé, la montée progressive, les guitares incisives, le pont mélancolique et la fin à bout de souffle. Still so epic. Captain, Your ship is sinking se charge de clore la Face A avec brio, mêlant l’agressivité d’un chant black-emo-violence avec un filament emo-post.

Pour la Face B, Kias Fansuri fait les entremetteurs. Ca fait un petit temps que je voulais parler de ce groupe qui vient de Malaisie. Son album Dua tahun pertama était une petite merveille. Les 4 morceaux ici présents apportent la confirmation. Dans un style court, épileptique et ultra généreux, Kias Fansuri évoque autant la scène asiatique que Raein, Eucalypt ou Black Channels. C’est furieux, maladif, écorché. Bref, un des meilleurs groupes actuels du genre. Word. Et Isaïah dans tout ça ? Ils se fendent de leurs deux brûlots les plus emo de leur discographie. "Qu’ils crèvent enfin" débute ainsi bruyamment, taillée colosse, avec les disto’ à fond les ballons, les cris qui fissurent les murs et les paumes recouvertes de sueur. Le refrain donne lieu aux chœurs chers aux belges. "Et nous laissent décider" insiste sur cet aspect plus introspectif, plus vaines saillantes et moins hardcore tracto-pêle. Deux fraicheurs donc, très appréciable par leur tonalité inattendu et leur structure atypique. Adorno ferme le bal avec son audacieux emo-punk –et ici, pop - nasillard, qui dénote franchement avec la houle de  violence prise sur le paletot pendant 11 vagues. Adorno, c’est un peu la fraiche écume qui enlace les chevilles aux premières lueurs du jour, quand, adolescent on décide "d’aller voir la mer" et qu’on roule toute la nuit pour gagner ses rivages.
 
Moment of Collapse Record avait déjà frappé fort avec son Connection Part I (on trouvait au menu : Arse Moreira, Eucalypt, Amalthea, Orbit Cinta Benjamin, Dodewaard et Hiro). Le Part II est encore meilleur. Alors chapeau bas.

En écoute ici et en commande .

15.5 / 20
3 commentaires (13.67/20).
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Ils consomment, tuent et prient mais ne pensent pas ( 2009 )

De la foudre. Et de la ferraille. Isaïah. Composé sous la forge. Avec la suie des torches.

Enfant du désordre, né avec une croix inversée sur la poitrine, Isaïah est une combustion politique et musicale permanente. Ainsi, si Tour CD se voulait une prise de maquis, Ils consument, tuent et prient mais ne pensent pas s’apparente à un véritablement prise... d’armes. Tout y est ici en rage, en émeute, en fronde, malmené par une batterie percluse de coups et par une charge continue de cordes nerveuses. Alors, même si le chemin n’est pas éloigné d’un early Aussitôt Mort ou d’un The Black Heart Rebellion (par l’alliance d’un screamo raw et d’un post-hardcore plus clairsemant), la chose se différencie par sa frénésie, par ses mots hurlés jusqu’à la blessure. Par son engagement aussi, qui transparait dans chacun de ses appels à la lutte.

Il y a un mouvement et un besoin à combler. Il y a une note et un silence rompu. Il y a une route à prendre et un chemin que l’on suit. […] Le bateau mondial coule. Mais nous avons appris à nager.

Isaïah déverse ainsi son hardcore dans des silos fissurés à force de combat. Un hardcore balafré, âpre et damné qui s’emploie à faire passer un message à chaque titre (Propos sur les centres de rétention, sur la question du voile, sur les lois répressives ; référence historique à la Commune de Paris) dans cette forme punk originelle qui dégueule ses tripes et se rompt les boyaux entre chaque accord. Et c’est bien ce qui marque le plus dans ce premier full lenght. C’est cette intensité, que rien ne fait faiblir – si on excepte les passages post-aérien-mélodique ("Quand les flemmes viennent de l’intérieur") –, cette foi dans la résistance : par et pour la musique.

Côté style, on retrouvera les riffs incisifs de cette école screamo européenne (Am I Dead Yet, Bokanovsky, Cotidie Mori) nourrit d’Hardcore sombre (June Paik, Mesa Verde, Dakhma). Un mélange de chaos et de poésie. Afin de crier ce que certains voudraient voir tu.
Isaïah est une flamme noire.

En écoute sur myspace.

PS : A noter l’effort en terme d’artwork (subliment réalisé par Brian Cougar) et de contenu. Le vinyle est en effet muni d’un livret fait de paroles (traduites en anglais), de textes explicatifs, de dessins et de photos. Le tout made in D.I.Y.

A écouter : En se glissant dans les fissures des murs

Tour Cd ( 2008 )

En dépit de son nom, Isaïah ne prophétise pas ; Isaïah conjugue ses verbes au présent, là où l’urgence des guitares répond à l’urgence sociale.

Proudhon disait "Agir c’est combattre". Le rouge à l’âme, Isaïah exécute donc la sentence verbatim et brandit son hardcore au milieu des fourches et des torches. L’unité contre le totalitarisme, l’altruisme contre l’individualisme, la résistance contre la soumission. Screamer c’est lutter.
Aussi, chez Isaïah, le cri est au service du message et l’instrument, le relais de la conscience. Tour Cd est à ce titre un pamphlet qui mêle les chapitres émotionnels, quelque part entre un tract punk et un hymne post-hardcore.
Isaïah se lit et se scande : "Jour après jour, la misère s’accroît, les clivages se creusent, le monde est éclaté". ("Euthanasie de nos âmes perdues").

En 6 brûlots, Isaïah ravage ainsi le système de l’intérieur. Celui de la société et celui de notre corps. Car Tour Cd possède cet élan impétueux des premières compositions qu’on érige sans polir, cette or noir brut qu’on extrait à même la roche. Les 6 titres triturent donc et remuent juste ce qu'il faut pour faire monter le sentiment de révolte, conduits par une batterie bestiale et des mélodies convulsées ("L’angoisse d’une réussite éphémère"). Au milieu des traînées de poudre, la formation belge croise alors les tisons des différentes écoles emo. Du Screamo/ Post (Intro de "Mémoires d’un vaincu", "Interlude") au French Way of Emo ("Le Désir d’a(perce)voir "et son commencement à la early Aussitôt Mort), en passant par le Screamo Us (les riffs orchidien de "Mémoires d’un vaincu" ou "d’Euthanasie de Nos Ames Perdues"), les doctrines s’enchaînent et se dressent contre la monotonie, agités sous les miasmes rauques d’un chant abrasif et tumultueux.

Sans crier gare et malgré une longue liste de groupes identifiables en influence (June Paik, Envy, Et Tu Brute etc), Isaïah soulève donc un enthousiasme spontané et prolongé avec ce Tour Cd, grâce à un parfait maniement des codes hardcore (au sens large), une exécution bicéphale sincère et un songwriting engagé et salutaire.
"Ouvrez les yeux pour mieux comprendre, fermez les pour apprendre".

5 titres en écoute ici.

A écouter : et � faire entendre pour �veiller les consciences