Irkallian Oracle
Black Metal / Death Metal

Apollyon
Chronique
Le Black/Death des bas-fonds connaît une certaine effervescence depuis quelques temps. Parmi les grands noms de ce genre (Grave Miasma, Temple Nightside, Teitanblood, pour ne citer qu'eux) Irkallian Oracle en est déjà un éminent représentant. Signé chez Nuclear War Now ! Productions, Apollyon (nom grec d'un ange exterminateur) vient nous rendre visite pour exécuter sa sentence.
Amateurs de bal musette, passez votre chemin ! Ces gars-là auront vite fait de neutraliser la moindre parcelle de joie de vivre en vous. En témoigne cette masse sonore asphyxiante qui enferme l'auditeur dans une claustrophobie grandissante. Cet effet « chape de plomb » est renforcé par cette capacité à étendre et prolonger les ambiances (les morceaux durant au minimum 6 minutes). Les Suédois jouent avec la pesanteur, dilatent le temps, tantôt écrasent par une profonde lenteur (At The Graveyard Of Gods), tantôt déchaînent les passions dans les passages véloces.
Les riffs des guitares, continus et compacts, saturent totalement l'espace sonore. S'ajoute à cela un jeu de batterie tourbillonnant avec une frappe appuyée, quasi emphatique (la rythmique ronflante sur Reflections). Tout se meut de manière fluctuante, s'engendre dans une sorte de souffle ondulatoire qui vient nous submerger et nous comprimer. De ces miasmes, quelques breaks à la guitare émanent ici et là pour finalement nous enfoncer davantage dans les profondeurs. Les morceaux s’enchaînent de façon ininterrompue dans une espèce d'écho souterrain étourdissant. Il y a donc un véritable travail sur l'atmosphère générale de cet album. La production, à la fois étouffée et sourde parvient aisément à nous immerger au sein de ce rituel occulte.
Apollyon est un ouvrage très ramassé, exigeant un apprivoisement patient. Hormis ce coté délibérément répétitif voire monotone, ce nouvel opus sait taper là où ça fait mal. Cette boîte de Pandore, une fois ouverte, répand sa hargne sans discontinuer. En prenant soin de ne pas ménager l'auditeur, Irkallian Oracle engage une lutte sans merci qui, si on l'endure, à l'effet d'un purgatoire.