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Biographie

Intronaut

Le projet Intronaut débute en 2004 lorsque Danny Walker, batteur du groupe de grind californien Uphil Battle et Sacha Dunable, guitariste d’Anubis Rising (doom metal) décident ensemble de monter un projet de hardcore torturé. Vient bientôt se greffer à l’équipe Leon del Muerte (Exhumed, Impaled), qui occupe dès lors le poste de guitariste chanteur. Ne reste plus, alors que l’écriture de titres avance à grands pas vers une musique torturée et mélodique, qu’à trouver un bassiste. Ce sera chose faite avec une vieille connaissance de Sacha Dunable, habituée de la World Music, du Jazz et autres univers à des mille du metal. Le quatuor Intronaut est donc formé, et son premier ep est d’ores et déjà prêt à sortir chez Lifeforce Records.

Accueilli à bras ouverts par toute la critique spécialisée d’Amérique du Nord, Null fait d’entrée monter le groupe dans les sphères qu’occupent Neurosis, Isis, et autres Mastodon, autrement dit parmi cette scène qui offre le renouveau du hardcore des années 2000. C’est en 2006 que le premier album d’Intronaut, Void, voit le jour, qui bénéficie d’une distribution internationale.

Chronique

16 / 20
5 commentaires (16.8/20).
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Void ( 2006 )

Si le Sludge connaît un second souffle depuis quelques temps, il reste un style dont l’évolution et les principes tiennent beaucoup aux affiliations qui lui sont propres. Le hardcore étant en profonde mutation  depuis maintenant un bon moment, on peut tout de même s’étonner que son penchant le plus crasseux n’ait pas encore beaucoup profité de nombreuses innovations folles et inventives, directement inspirées de formations dites « new school » comme Botch (pour ne citer qu’eux). Nouveau venu dans les sphères chaotiques européennes de la musique, voici donc Intronaut, combo californien qui a déjà fait plus que parler de lui outre-atlantique grâce à son ep Null. Pauvres européens que nous sommes, nous n’aurons pas la chance de bénéficier de la sortie de celui-ci, et c’est donc sans passer la case départ (mais par contre par la case Lifeforce Records) que la formation, qui fait déjà grand bruit, s’offre à nous avec son premier album, Void.

A vrai dire, l’affiliation au sludge d’Intronaut tiendrait plutôt du timbre de guitare en lui-même qu’aux ambiances, car le groupe (un peu comme Pelican) n’a finalement que peu d’affiliations avec la crade violence d’Iron Monkey ou la lourdeur des vétérans d’Eyehategod. Et même si Void est tout de même un album vicieux et tourmenté, il présente un groupe moderne et inventif, plutôt qu’une formation dont la musique est malsaine et écrasante. Un peu à la manière d’un Swarm Of The Lotus, Intronaut pratique un hardcore très coulé et imposant, chaotique sans l’être vraiment, et empruntant beaucoup de détails à la pointe des scènes de musiques extrêmes actuelles. Void est donc du même coup un vaste foutoir, où s’entrechoquent des idées pour le moins originales, mais également très bien mises en place. Les titres nous enfoncent dans des riffs frénétiques, utilisant le travail rythmique d’un Meshuggah, la schizophrénie chaotique de la nouvelle école hardcore, et un travail de qualité sur le son. On notera la basse ronflante, tant dans la masse qu’en solo (Teledildonics), les nombreux effets usités par les guitares, et la production bien pensée de la batterie, qui brille d’ailleurs tout au long du disque par sa frivolité. Pour autant Intronaut n’a pas l’hystérie d’un Dillinger Escape Plan, il pratique un hardcore très imprévisible, où des sonorités très marines (on pensera à Isis) se marient sans complexe à la fureur d’un growl très metal, où à la folie rythmique qu’un Mastodon pourrait enfanter.  Voilà a priori de quoi en ravir plus d’un, mais aussi en rebuter bien d’autres, tant les jeu de la déstructurate peut parfois aller loin. Void n’est pourtant pas de ceux qui s’aventurent dans des pistes un peu trop abstraites, et l’univers épique dont il fait preuve reste bien ancré dans des repères tout ce qu’il y a de plus cartésiens, mis à part un fort penchant pour des titres très progressifs et des rythmiques pas piquées des hannetons, mais toujours usées de manière judicieuse. Intronaut crée donc une sensation globale de désordre, sans pour autant trop en faire, osant la variété sans tomber dans le mauvais goût.

La plus grande richesse de Void n’est pourtant pas là. Judicieusement comparé au côté très abyssal de Neurosis, Intronaut réussit à créer via ses compositions complexes et la richesse de ses sonorités, un espace reclus presque obsédant, qui finit par emprisonner l’esprit au fil des écoutes. Void n’offre jamais le même visage, il se révèle pernicieux, tantôt sombre, tantôt léger, tantôt plaisant, tantôt douloureux. Son côté massif et imprévisible fait de l’effort concédé à chaque écoute un acquis non définitif, qui fait de toute nouvelle approche une aventure nouvelle.

Au dela de son côté ravageur et extravagant, Void est un disque où le travail donne une autre dimension à la musique. La richesse des compositions et les différentes sonorités associées en font une expérience troublante et malsaine, et lui donnent une durée de vie assez peu commune. Intronaut débarque donc tout fraîchement de l’underground et peut déjà se targuer de faire partie des bouffées d’oxygènes régulières que la scène hardcore nous offre. Amateurs de cette nouvelle scène dont Neurosis et Mastodon est le territoire, n’hésitez pas, Intronaut va plus loin encore, à sa manière, et fera parler de lui à coups surs.

A écouter : Oui