En 1996 Intensity avait placé la barre bien haut en sortant Bought And Sold, chef d'oeuvre de punk hardcore mélodique d'excellente qualité et d'une rare inspiration. Et c'est au moment où l'on n'attendait rien de plus de ce que beaucoup considéraient comme une escapade éphémère que Rodrigo réitère l'expérience avec Wash Off The Lies en 1998.
Dès la première écoute, on est surpris par le son, par la vitesse d'exécution des morceaux et la tonalité générale de l'album. Ceux qui attendaient un bis repetita de Bought And Sold en sont pour leur frais. En effet, du premier album ne restent que des cendres. En deux années, Intensity a considérablement radicalisé son style, haussé le ton et développe désormais un punk hardcore brut et d'une redoutable énergie. On pense à l'école new yorkaise straight edge (Gorilla Biscuits, Youth of Today, Sick of it All) sur "Who's The Consumer", "Unheard & Unspoken", avec ses enchaînements de riffs de guitare brefs et sa rythmique très rapide, mais aussi les breaks et les ralentissements de tempo sur "Overdose".
Même si la rupture avec Bought And Sold n'est pas totale ("Expectations", "Direct Your Anger"), les mélodies et l'enthousiasme skate board que l'on pouvait encore ressentir ont quasiment disparu, laissant la place à une colère palpable, illustrée par les guitares incisives de Jonas et la voix hurlante de Rodrigo, que les fans de la première heure auront peut-être du mal à assimiler. Une chose est certaine, il faut plusieurs écoutes pour apprécier Wash Off The Lies à sa juste valeur.
Sur le plan des textes, même si le message est toujours pessimiste, Intensity ne fait montre d'aucune résignation et considère le punk hardcore et la musique en général comme un moyen essentiel pour transmettre des idées. Quasiment tous tournent autour de sujets d'actualité et/ou fondamentaux tels que la condition féminine ("I Resign", "Who's The Consumer"), l'importance de la Mémoire dans "Camps of Extinction", les méfaits du capitalisme ("In a Country Far Away", "Direct Your Anger") ou la cause animale ("Silence=Consent).
Wash off The Lies est un album court, sombre, empli d'une colère saine replaçant la réflexion au centre des préoccupations, qui éclate à la gueule dès "Conform" et ne s'achève que 18 minutes plus tard, au sortir de "Resist Control" originellement écrit par Life's Blood. Certains le trouveront court, d'autres pesteront contre son manque d'originalité. Pour ma part je ne retiendrais qu'une chose, c'est que peu de groupes n'ont jamais aussi bien porté leur nom.
Télécharger "Conform" , "Silence=Consent" , "In A Country Far Away"
A écouter : "In A Country Far Away", "Resist Control", "Direct Your Anger"