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Biographie
Insomnium prend forme en 1997. A Joensuu, en Finlande, quatre jeunes types unissent leurs forces pour créer un groupe à la fois mélodique et néanmoins abrasif, et qui ne renâclerait pas sur la richesse des atmosphères. Influencés notamment par In Flames, Dark Tranquillity et Opeth, le groupe marie le son scandinave à ses racines finlandaises qui évoquent parfois Amorphis jusque dans les thématiques proches de la nature et du folklore du pays, mais toujours dans une veine mélancolique et mortifère. En 1999, le groupe a sorti une première demo, puis dans la foulée une seconde, s'attirant l'approbation des labels. Début 2001, les membres fondateurs, à savoir le guitariste Ville Friman, le batteur Markus Hirvonen et le bassists / chanteur Niilo Sevänen, se sont attachés les services d'un second guitariste, Ville Vänni. Ce nouveau line-up d'Insomnium signe alors un contrat avec Candlelight Records. Leur premier album, In The Halls Of Awaiting sort en avril 2002. Le disque est très bien perçu, notamment pour ses influences progressives diluées dans un death metal mélodique de très bonne facture. Et c'est sur cette dynamique que le groupe poursuit son chemin avec un second album sorti en 2004. Since The Day It All Came Down permet à Insomnium d'enfoncer le clou, avec la même qualité mélodique, des interludes acoustiques et un sens du riff qui fait mouche, le tout baignant dans une atmosphère de tristesse. Le groupe revient en 2006 avec un album de nouveau de belle qualité, intitulé Above The Weeping World, qui accentue encore les ambiances contrastées et assombries dont le groupe aime à jouer.
Insomnium occupe
une place de choix dans le cercle très restreint des groupes dont la carrière
sans fausse note impose le respect : six albums de qualité, des sorties
régulières et une amélioration progressive au fil des années constituent la
plus grande force des finlandais. Fin avril 2014 nous était révélé le grand Shadows of The Dying Sun, qui sans dérouter les admirateurs du genre, consolidait
encore davantage la philosophie des musiciens quant à leurs positions sonores
et artistiques. L’oreille attentive saura vite déceler la parenté de ce Shadows of The Dying Sun avec Across the Dark (2009), bien que ce
dernier n’ait pas été aussi mélancolique dans son essence, plutôt qu’avec le
dernier enregistrement du groupe baptisé One for Sorrow (2012), qui
s’essayait à l’expérimentation avec notamment nappes de synthé ou voix claires
en abondance. Et même si ces éléments restent très présent, Insomnium nous laisse l’impression d’un
retour aux sources avec un déferlement de vocaux gutturaux hors pair et de
riffs mélo-death de haute voltige plus marqués, même si ceux-ci restent
parsemés de quelques passages chantés (The
River, The Promethean Song). Les
influences In Flames s’éloignent de
plus en plus et l’on se retrouve face à un Amorphis
survitaminé, plus bestial et profond et dont les voix ne sont pas à des lieues
de celles d’Amon Amarth.
Shadows of The Dying Sun s’avère être un recueil
de poèmes sur le thème de la désolation et de la perte d’êtres chers, mis en
musique et chanté par des grizzlys. L’atmosphère pesante et oppressante des
morceaux, de par les thèmes évoqués, devient presque aérienne par moments,
grâce aux arpèges et lignes mélodiques angéliques des guitares scandinaves (Revelation). Insomnium incarne la force tranquille et allie la musicalité
acoustique, la fougue de ses riffs et la vigueur de son chant, en enveloppant
le tout d’une sensibilité qu’on leur connaît depuis plusieurs années
maintenant.
En résumé, Shadows of The Dying Sun nous plonge
dans l’amertume et l’ambiance glaciale des nuits d’hiver, lorsque les terres
revêtissent leurs grands manteaux blancs. Sans déroger à la règle, ce sixième
opus vient asseoir les positions du groupe sans s’éloigner du style qui leur
est propre, et s’élève encore d’un cran sur l’échelle de la qualité, se hissant
ainsi comme l’une, si ce n’est la meilleure des productions grandioses d’Insomnium.
A écouter : En montagne, dans le froid.
Enfin, la valeur sûre du death mélodique finlandais revient déverser sur nous un flot de nostalgie et de mélancolie. On attendait que ça et en plus ça tombe pendant la bonne saison !
Qui suit de près Insomnium, sait que la formation a tendance à se bonifier d’album en album, et vu la qualité du précédent bébé, Above the Weeping World, la claque Across the Dark n’est finalement pas une surprise !
Nos finlandais continuent l’histoire là où ils l’avaient laissée il y a trois ans en harmonisant de manière encore plus soignée tout les ingrédients faisant leur succès. Growl fiévreux, déchiré et pourtant si rassurant, mélodies poignantes, astrales, puis passages acoustiques, accalmies avant ou pendant l’orage. Le tout défilant généralement à une allure lancinante, n’empêchant absolument pas des escapades riffs/solis galopantes ou à contrario, des schémas aux allures plus doom où l’ombre d’un vieux Amorphis déambule parfois. Pas de gros changements artistiques donc, mais un pas de plus dans la qualité...
Insomnium est définitivement grand. De fins arrangements orchestraux viendront caresser les compostions, tapissant l’album d’un voile majestueux, sans oublier les superbes ponts folk acoustiques, marque de fabrique du combo et débouchant sur des passages clés intenses. Une facette atmosphérique léchée et peaufinée offrant une densité parfaite aux compos. D’autant plus que ces mets succulents sont servis sur un plateau d’argent. La production est puissante, cristalline, et laisse la part belle à un éblouissant mariage entre les deux six-cordes !
D’ailleurs, les parties catchy, toujours présentes, qu’on retrouvera le plus souvent en intro des morceaux, sont brodées avec des riffs empruntés aux pionniers suédois dont l’efficacité incontestable devrait peut-être même titiller les oreilles d’un nouveau public pas spécialement friand des complaintes du quatuor. On découvre quelques sonorités inédites. Des chants clairs typés « core » (sortis du gosier de Jules Näveri d’Enemy of the Sun) sur Where The Last Wave Broke et The Harrowing Years, des sinistres violoncelles en ouverture de Weighed Down with Sorrow et des lignes de synthé empruntées à Natural Born Chaos (Soilwork) sur Lay of the Autumn et The New Biggining. Nombre de détails inhabituels pour le groupe mais qui viendront ajouter d’agréables teintes au tableau.
Si la formation se modernise quelque peu, on reste encore très éloigné de la rafale suédoise de death mélodique next-gen bien plus pop. Insomnium reste finlandais et l’exprime à travers ses scintillantes mélodies caractéristiques, faisant courir sur votre échine un frisson épique. Mais bien sur, l’ambiance lourde et mélancolique se présente toujours comme étant la trame principale de la musique et si de multiples plans viennent aérer l’ensemble ce n’est que pour mieux vous replonger dans la brume le couplet qui suit. Ainsi, les émotions contrastent entre elles et se succèdent de manière intense.
Encore jusqu’à Above the Weeping World il pouvait arriver que l’on se perde (avec plaisir) dans cet épais brouillard lumineux, autant aujourd’hui, Insomnium a épuré sa mixture afin de n’en conserver que le nectar et rendre distinct tous les différents charmes de leur mélopée. Les titres sont donc plus assimilables mais ne perdent ni en profondeur ni en richesse.
Peut-être que certains feront la grimace à l’écoute des chants clairs ou des riffs toujours très marqués Gothenburg mais d’autres comprendront qu’Insomnium se rapproche de plus en plus de l’équilibre parfait entre émotion et efficacité, pourvu que l’on soit sensible à la douce mélancolie finlandaise et que l’on aime le death mélodique, cela coule de source.
Voici la bande originale de votre automne et de votre hiver.
Il est important de noter que la version du disque sans fourreau ne contient pas les titres bonus The New Beggining et Into the Evernight. Veillez à bien vous procurer la version digi de l’album car il serait dommage de passer à côté de ces deux perles et du DVD making of !
A écouter : Down With the Sun, Where The Last Wave Broke, Against The Stream, A New Beginning…heu, tous en fait !
Insomnium semble avoir un terrible défaut pour nombre de chroniqueurs, celui d'être influencé nettement par des groupes suédois plus ou moins prestigieux à savoir In Flames, Opeth et Dark Tranquillity. Depuis trois albums, le combo finlandais offrirait ainsi un death mélodique (voire heavy/death) de belle qualité technique, mais sans personnalité, aseptisé, vieilli avant l'heure en fait. Pourtant, pour l'auditeur un tant soit peu généreux et frais d'esprit, difficile de jouer les blasés face à un tel déluge de riffs et d'ambiances. Above The Weeeping World est le troisième album de Insomnium, et s'inscrit dans la lignée du précédent Since The Day It All Came Down. Autrement dit, ça joue très bien, c'est assez technique, souvent rapide, l'atmosphère est prenante, et si les influences sont très présentes, elles n'empêchent pas le groupe de délivrer un métal de belle facture, riche et travaillé.
Ebouriffant, cet album impose une tempête de riffs agressifs dans la lignée des premiers In Flames, mélodiques à souhait, accrocheurs, au long de titres assez classiques tels que Mortal Share ou Change Of Heart. C'est le premier effet Insomnium, un son mélo-death typiquement scandinave, nourri au biberon de la scène suédoise, nanti d'un growl explosif, et reprenant le flambeau abandonné par le groupe de Gothenburg. Pourtant, il serait injuste de réduire le groupe finlandais à cette seule teinte riche en cavalcades de guitares, comme en témoigne la très jolie intro acoustique de Change Of Heart.
Automnal, Above The Weeping World l'est assurément, comme sa pochette rougie par les frimas de la nuit scandinave ou la pluie tombant au début comme à la fin du disque. Déroulant des textes qui puisent dans la poésie la plus noire, cet album invite à la contemplation à travers des passages acoustiques que ne renieraient pas Opeth voire Amorphis. A ce titre, Drawn To Black évoque les origines du groupe, avec une coloration musicale proche des premiers efforts des grands frères finlandais. Above The Weeping World déroule des mélodies recherchées, riches de breaks multiples placés avec à propos et d'arrangements indéniablement travaillés, ce qui rend les compositions aussi vives que complexes dans leur structure. On pense inévitablement à Opeth une fois encore à l'écoute de Last Statement, à la fois par sa puissance d'impact et par l'utilisation de breaks acoustiques parfaitement maîtrisés, et même d'un pont instrumental joliment touché.
Ambitieux, Above the Weeping World? Sans doute pas assez, tant les qualités techniques des musiciens et leur sens de la composition devrait leur permettre d'explorer et de repousser les limites posées par leurs influences encore trop présentes. Même lorsqu'ils s'en écartent quelque peu, le temps de In The Groves Of Death, ils semblent devoir évoquer un autre groupe, le Anathema de Alternative 4 , avec une montée progressive et un riff principal proches de Fragile Dreams. Néanmoins ce morceau long de 10 minutes est un petit bijou de mélodies de guitare et d'ambiances mélancoliques. Breaks bien sentis, pont acoustique, nappes de claviers discrets, tout y passe.
Malgré ses nombreux emprunts, la musique de Insomnium est indéniablement riche et prenante. Jamais vraiment facile au demeurant, elle emporte l'adhésion parce qu'elle est jouée avec un impact remarquable, une débauche d'énergie que vient réhausser une production claire et hyper efficace, typique du genre musical défendu par les finlandais, et des qualités mélodiques hors norme. Néanmoins, on aimerait que les finlandais d'Insomnium se détachent davantage de leurs influences pour franchir un nouveau pallier et s'éloigner d'un genre globalement sclérosé. Above The Weeping World n'en reste pas moins loin d'une simple resucée, un vrai bon disque.
The Killjoy ainsi qu'un medley de cet album sont en écoute sur la page myspace du groupe.
A écouter : Drawn To Black, Last Statement, In The Groves of Death
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