Descendu de ses sphères cosmiques, Inquisition est de retour pour semer une nouvelle fois l'effroi et traquer les hérétiques. Cette fois au programme, « Bain De Sang A Travers L'Autel Astral Au-Delà Du Zénith Céleste », rien que ça. A pondre des titres pareils, c'est à se demander si les gars prennent vraiment au sérieux ce qu'ils écrivent, mais à l'écoute de leurs méfaits, on n'a qu'une envie c'est d'y croire.
Comme à son habitude, Inquisition fait passer sa proie dans son interminable lessiveuse à riffs, chargée en bends glauques, en slides tranchants et glacials aérés par quelques arpèges. Côté batterie, ça cogne encore méchamment entre les vagues dévastatrices de blast-beats et es doubles pédales à cent à l'heure. Un jeu pas toujours des plus subtils ni des plus recherchés mais qui a le mérite de donner un sacré corps à l'ensemble; Incubus amplifie et plombe encore plus les guitares lourdes de groove de son compère. La recette est désormais connue, particulièrement depuis Ominous Doctrines Of The Perpetual Mystical Macrocosm, qui aura contribué à un nouveau souffle pour le duo. Les adeptes des deux derniers opus en date se retrouveront facilement parmi ces dédales de six-cordes mystiques, reconnues pour leurs sonorités Psychés emplies de noirceur.
Inquisition n'a également pas délaissé son amour pour les mid-tempos écrasants et fort propices aux hochages de tête : A Black Aeon Shall Cleanse en est l'exemple typique avec son allure traînante, laissant la voix d'outre-tombe de Dagon s'exprimer de son ton délicieusement monocorde.
Attaché à toujours instaurer ses ambiances macabres, le groupe introduit et conclut son oeuvre sur trois pistes typées Dark Ambient (dont une Outro aux accents tribaux fort sinistre) avant de lâcher les chevaux. Une fois dans le bain, on se ramasse du riff vivace de tous les côtés, et malgré des structures de morceaux souvent assez similaires, le plaisir est là. Chaque titre a au moins une bonne idée en stock, une mélodie qui sortira du lot et nous fera reconnaître immédiatement la patte des deux musiciens. Curieusement, on retiendra avant tout le génial titre éponyme instrumental, où une guitare lead nous emporte pendant plus de six minutes sans aucune lassitude. Power From The Center Of The Cosmic Black Spiral attire aussi l'attention de ses cassures et reprises répétitives qui boostent le tout et évitent l'écueil du mur de son continu, souvent à l'oeuvre chez nos Américains. From Chaos They Came et Winds Of Anu de leur côté rempliront efficacement le critère « poutrage en règle », histoire de semer un peu de chaos sur scène sans se poser trop de questions.
Bien pensé, rempli de compos efficaces, que reprocher à ce disque en définitive ? Eh bien en dépit de bon nombre de qualités, on aurait aimé quelques moments de bravoures plus prononcés. Depuis trois albums à présent, Inquisition a les clés en main pour surprendre sur son propre terrain et l'a montré à plusieurs reprises, sur Desolate Funeral Chant ou Spiritual Plasma Evocation. Des titres aux riffs brillants de simplicité et d'inventivité, quelque peu en dehors du carcan habituel et accrochant immédiatement l'oreille comme l'excellent morceau éponyme présent sur Bloodshed.
Malgré une certaine envie d'être peut-être plus surpris à ce stade de la carrière du groupe, nul doute que la majeure partie des fidèles d'Inquisition adhérera sans problème à cette nouvelle offrande. Unique en son genre, repérable à cent kilomètres, la formation conserve et enrichit peu à peu son style si personnel tout en restant dans le haut du panier du Black Metal Game actuel, et espérons-le, pour longtemps encore.