Infant Island
Screamo

Obsidian Wreath
01. Another Cycle
02. Fulfilled
03. Found Hand
04. Clawing, Still
05. Veil
06. Amaranthine
07. With Shadow
08. Unrelenting
09. Kindling
10. Vestygian
Chronique
« La fureur dans le deuil ». J’aurais bien aimé être l’auteur de cette formule au cordeau mais elle est directement reprise de la promo du groupe. Catastrophes naturelles liées au changement climatique, impacts désastreux du capitalisme, manque d’intérêt pour les considérations sociales… Obsidian Wreath a beau avoir été composé en 2020, dans la foulée de Beneath, rien n’a changé. Et encore, énoncer les choses de cette façon c’est se voiler la face, refuser de constater la dégradation continue et sereine du monde.
La colère, le désespoir, la résignation, l’espoir parfois. A l’image de tout un chacun, éclairé-conscient-affecté par ces sujets, l’album tout entier est baigné d’instabilité, balançant d’un état émotionnel à l’autre, d’une énergie positive à une énergie négative, de l’ombre à la lumière. Et la beauté dans tout cela ? Futile, immorale, pernicieuse, trompeuse : communément affectée de tous les maux en regard des enjeux actuels, elle émerge cependant des terrains les plus hostiles, ouvrant la voie à de nouvelles formes de résistance. Chez Infant Island, elle prend ainsi la forme d’un chœur repris à l’unisson par l’ensemble du groupe, sur Veil, pour proclamer « All darkness, all blood; all cynics, for what? This world is enough. ». Elle se matérialise également par les nappes de guitare sous-jacentes, par les interludes cristallins d’Amaranthine ou encore par ces mots clairs insérés sur Clawing, Still mais rien ne rivalise avec ce moment de mise à nue de l’ensemble de la formation où l’on sent un collectif humain à fleur de peau.
Avec Obsidian Wreath, Infant Island creuse un peu plus fort le sillon initié par ses prédécesseurs, venant perfectionner leur art du maillage entre explosions mi-Screamo mi-Black (Fulfilled, Unrelenting) et incursions vers des territoires moins normés. Le groupe semble ainsi se nourrir de ses collaborations artistiques. Harper Boyhtari et de logan Gaval, de Greet Death, donnent une touche Shoegaze à Kindling tandis que les interventions d’Andrew "Shorts" Schwartz de .gif from god ajoutent une énergie Mathcore / Grind microdosée. Ne se limitant plus à emprunter une trace déjà bien établie, le groupe s’engage désormais dans des voies nouvelles, prouvant ainsi avec des titres comme With Shadow que vigueur ne rime pas nécessairement avec distorsion et qu’une alliance voix – section rythmique peut suffire.
Un an après la sortie d’Obsidian Wreath, il ne nous reste plus qu’à espérer que l’adversité ne prenne pas le dessus sur Infant Island. D’un point de vue artistique, c’est le seul obstacle à un avenir radieux qui s’annonce pour eux. Pour le reste, pas d’illusions : nous allons droit dans le mur.