logo Indian

Biographie

Indian

Indian voit le jour en 2003 à Chicago. Le groupe officie d'emblée dans un Sludge féroce, résolument extrême mais de facture classique concrétisé au bout d'à peine deux ans d'existence par la sortie d'un premier disque mastoc chez Seventh Rules qui vient alors de sortir un EP de Buried At Sea. Les années suivantes se veulent assez calmes pour les américains qui sortent pourtant deux courts albums avant de ralentir drastiquement le rythme. Ce n'est qu'au bout de trois ans que le groupe fait son retour, complété d'un deuxième guitariste et cinquième larron ayant officié notamment chez Wolves In The Throne Room et Middian.
Guiltess sort en Avril 2011 chez Relapse Records (UnkindRwake, Pig Destroyer, Tombs, Alchemist, UlcerateHail! Hornet...). Indian récidive avec From All Purity, toujours chez le même label, trois ans plus tard.

14.5 / 20
4 commentaires (15/20).
logo amazon

From All Purity ( 2014 )

La terre tremble, le ciel nous tombe sur la tête. Telle une onde sismique venue des entrailles de la Terre, la violence rampante d’Indian vient nous pourchasser de son Doom Metal tellurique, achevant les rescapés de Guiltless, paru deux ans plus tôt. Familier d’atmosphères plombées, de scènes suffocantes, le combo de chez Relapse Records avait par le passé fait ses preuves en officiant dans une musique pesante et violente à la fois, principalement portée par son chanteur et ses vociférations suraiguës. Reste à savoir si ce cinquième effort fait preuve d’audace, de nouveauté et apporte un peu plus de noirceur à un groupe défini par son label comme auteur de Doom ascendant Black.

A l’écoute de From All Purity, on peut avancer sans mauvaise foi que le son ne fait pas défaut, les guitares sont musclées et gorgées de gain, tandis que la batterie assène efficacement ses coups de caisse claire et de cymbales, sans pour autant dévoiler de patterns très originaux. Bien rôdée et par moments  même plutôt bien pensée (« Disambiguation »), l’instru semble malheureusement n’être parfois qu’un prétexte pour introduire les cris démentiels de Will Lindsay. Non l’album ne vous fera pas découvrir de riffs inoubliables, l’intérêt de nos cinq lascars de Chicago semblant plus se porter vers des dérives Noise (« Clarify ») éparpillées au fil de l’album. La formation se lance donc dans une  expérimentation plus bruitiste qui ne manquera pas d’en dérouter certains, notamment les fans d’un Slights And Abuse qui avait laissé dans son sillage quelques beaux hymnes de violence. Ici les musiciens se font plus insidieux, et la voix est de toute évidence projetée sur le devant de la scène, devenant le fil conducteur de la première à la dernière track. Et l’on ne saurait tarir d’éloges face à des cordes vocales si bien huilées,(qui nous rappellent un certain Wulfhere en moins raw) lorgnant sévèrement vers les froides sentences du Black Metal, tout en conservant un semblant d’humanité qui nous fait ressentir d’autant plus la détresse, l’urgence, et une certaine touche de désespoir.

Ne comportant que sept titres, cet opus se devait de proposer des morceaux suffisamment intéressants pour être appréciés de part en part. Si « The Impetus Bleeds » déroge quelque peu à la règle en proposant une instrumentation sans intérêt particulier, le reste des compositions est habilement mené. L’énorme mur de son de « Directional » vous fera ressentir pleinement l’intensité insufflée par une instrumentation massive alliée à une reverb sans fin au micro. Le groupe marche là comme un seul homme, tel un géant anéantissant de son pas pesant les dernières traces de vie sur son passage, seigneur d’un monde où les grésillements de l’overdrive et le craquement des os ne font plus qu’un.  A la suite, « Rhetoric Of No » mise sur un tempo plus accéléré et réconciliera sans peine les nostalgiques d’un Indian moins Doomesque ; une fois de plus c’est le chant qui vole la vedette, non las de clamer ses incessants « No ! No ! No ! »,  et soutenu par un break hypnotique à souhait, destiné à nous enfoncer six pieds sous terre. Mais les dernières notes de l’album laissent apparaître une once de mélodie, distillée dans les ultimes secondes de « Disambiguation », libérant la double-pédale accompagnée d’un très court solo, à peine audible.

Après plus de dix ans d’existence, Indian brouille donc les pistes et s’affranchit de son passé tonitruant pour faire place à une musique plus dense et sombre. Bien que par moments plus faible que ses prédécesseurs, From All Purity marque cependant un certain tournant dans la carrière d’un groupe qui s’est montré rarement décevant, et annonce sans doute un avenir encore intéressant pour nos « Blackened Doom Bringers ».

A écouter : A fond, au casque
16 / 20
2 commentaires (16/20).
logo amazon

Guiltless ( 2011 )

Indian c'est l'histoire de l'éternel groupe Sludge de base. Invariablement bon, toujours de justesse dans les clous rouillés et, en résumé, mortellement classique malgré des prétentions au dessus de la moyenne. Ce qu'il faut de Rock monolithique pustulé, de haine crasse, de groove poisseux et de nihilisme stéréophonique pour vous tenir un album en selle et donner l'envie d'y revenir pour plus. Un bon groupe extrême dans une famille musicale plus réputée pour son obstination sans borne et ses penchants consanguins que la ventilation qu'elle opère en son sein. Bref, un groupe un peu pour rien comme on les aimait.

A l'imparfait car Indian s'est défenestré au tournant de la décennie, sautant avec fracas du 36ème dessous Sludge vers l'inconnu, à pic. Il aura fallu trois ans pour que sa chute s'arrête - brutalement. Là tout au fond il n'a jamais fait aussi sombre mais le quintet, brisé, semble voir pour la première fois. L'air est moite les relents âpres sautent à la gorge, tournent la tête. Indian voit son univers musical à vue courte se gorger de cet environnement épais où dégoutte la noirceur à chaque recoin. Indian, là où beaucoup auraient fuit, préférant jeter un coup d'œil en bas depuis le confort d'un squat autrement plus familier et confortable, s'y laissera bouffer par les vers et la folie.

Là tout en bas Indian, en réapprentissage, s'écorche sur les restes tranchants de Dystopia, s'appesantit de gangrène au contact de Grief, tape le bout de gras avec Eyehategod qu'ils trouvent, décidément, plus arrachés qu'écorchés et à qui ils préfèrent à coup sur les inqualifiables Buzzov*en. Car dans sa gargote du fond du monde où échoue le pire de l'oppression mise en musique, d'Esoteric à Starkweather et Leviathan, de Monarch! à Unholy, de The Austrasian Goat à Yacøpsæ, Indian vient de comprendre le désespoir fin et sans bornes de Rwake mais surtout, à force d'halluciner dans son semi-désert des fantômes de l'agitateur-fossoyeur Acid Bath finit par en adopter la démarche débridée. Ou tout du moins l'adapter, de se la réapproprier pour offrir sa relecture Hardcore ratatiné, ultra dense, torturée mais sensible et voilée de noir (metal) du Sludge.
Indian en a fini de subir sa musique. Indian l'impose, s'impose, la concentre, tranche. Entraîne dans son trip destructeur, étouffe et pulvérise au ralentit quiconque s'approcherait trop près dans un étau dont on ne réchappe plus. Le combo de Chicago, au festin Sludge, fait de son coin de nappe un enfer. Son assiette du jour est une boucherie dégoulinante, visqueuse et tenace comme on n'en avait plus célébré depuis quelques temps. Tenir telle compagnie n'est pas aisé et ce n'est que vanné que l'on ressort de table, comme digéré par ce rond de musique punitif.

Guiltless pousse à nouveau le Sludge dans ses retranchements, mâchoires serrées et muscles tendus au point de rupture. Il se dégage de ces quarante minutes une profonde aura de malaise, comme l'impression de s'être vu forcer la main par un album concasseur d'espaces lancé comme un parpaing à la gueule (pouvoir encaisser "No grace" en préambule est indispensable).
Guiltless est un sale disque. Tout simplement un sale disque.

A écouter : A s'en rouler en boule dans un angle