In.Stora, c'est avant tout une idéologie environnementale. Avec Miasma, nous sommes confrontés à 8 chapitres, abordant plus ou moins ce thème, et présentés sous un artwork original.
Le disque, sous les traits d'un screamo acerbe, parcourt ainsi les relations cruciales que l'homme entretient avec la société actuelle, et la perception globaliste de cette dernière. Le discours n'en est pas pour autant fataliste, mais administre, via un élément de choix, quelques touches plaintives non négligeables.
A l'image des prestations scéniques de Kaspars, le quatuor vous percute littéralement. La batterie de Janis est rarement contenue, si ce n'est sur les apartés mélancoliques. Le son est puissant, vif et lacéré, arborant une parure métallique, mise en forme par Davis. Les membres d'In.Stora n'ont apparemment rien oublié de leurs origines, à l'image du metalcore hypnotique délivré sur "Saviour Paranoia Disco".
Malgré tout, de nouvelles influences se font sentir, et ce n’est peut-être pas plus mal. Sur "Untitled", le chant, et plus précisément les multiples superpositions de celui-ci, fleure bon le Refused, arrangé avec maestria de surcroît. L'ombre de Thursday plane aussi quelque peu sur l'album; ainsi "Cain's Stolen the Breathing Mask""rappelle, de par le chant d'Agnese (on en redemande!), "This Side of Brightness", morceau mésestimé dans la discographie des gars du New Brunswick.
Elina: un prénom, en aucun cas un titre, s'avère être la carte maîtresse de Miasma. Intervenant au violon, elle donne une identité propre au groupe. Largement mise en avant sur le cd, elle dévoile une facette méconnue de cet instrument.
Superposé par moment à des ambiances sorties tout droit d'un hall de gare, elle y est parfaitement intégrée. Sur les lignes hardcore, elle ne se fait pour ainsi dire jamais muette, venant les renforcer par des notes appuyées de façon durable, à l'inverse de ce que peut faire Yellowcard par son jeu plus rythmé.
Pour preuve, "Nave Pirmdiena" qui clôture de façon magistrale la galette: Introduction d'arpèges en crescendo, sombres murmures couverts par les occupants de la gare, violon toujours aussi savoureux, qui ne se voilera jamais face aux débordements fiévreux du quartet. Onze minutes qui résument à elles seules l'atmosphère générale d'un album à ne surtout pas manquer. Si les japonais de Envy ne vous rebutent pas, il en sera sûrement de même pour les morceaux aux accents lettons de Miasma, une nouvelle forme d'expressivité pour ainsi dire.
A côté de cela reste quelques petits bémols, assez paradoxaux, telle la longueur de certains morceaux. Est-ce dû à un surplus de breaks mélodieux, parfois trop brefs pour être apprécier? Cela reste envisageable; de plus, même si Elina fait un travail remarquable, le mixage de ses parties au sein des morceaux dépareille par certains moments, comme si l'on avait changé de piste de façon incongrue.
Finalement, ces points négatifs se veulent rassurant, puisque l'on peut ainsi espèrer encore mieux pour leur prochain opus. Leur révolution musicale est une réussite, sans pour autant paraître déroutante vis à vis des fans de la première heure. Nous vous encourageons vivement à écouter cet album, qui, suivant la symbolique de son packaging, guérira, nous l'espérons, bien des maux.
A écouter : Cain's Stolen the Breathing Mask, Saviour Paranoia Disco, N? Pirmdien?