Impure Wilhelmina
Post Hardcore
Dead Decades
01. La Javanaise (Serge Gainsbourg cover)
02. Fallen Angel (King Crimson cover)
03. Plainsong (The Cure cover)
04. Nebulæ
05. Ignoramus
Chronique
Premier EP depuis 2001 et surtout vingt-cinq ans après leur toute première sortie, les Suisses d'Impure Wilhelmina nous offrent ici une réinterprétation de trois titres issus de décennies « mortes » avec un bonus de deux titres issus de l’enregistrement d’Antidote, leur dernier album paru en 2021 et un très joli artwork signé Mehdi Benkler.
Les titres s’enchainent de manière chronologique, à savoir La Javanaise de Gainsbourg (1963), Fallen Angel de King Crimson (1974) et Plainsong de The Cure (1989). Avec La Javanaise, Michael chante (enfin !) en français, langue qu’il maitrise bien et sait faire sonner. Et s’ensuit un constat qui ne nous quitte pas tout au long de l’écoute de l’EP : Un connaisseur du groupe mais qui ne connait pas les versions originales pourrait écouter ces trois reprises sans savoir qu’elles en sont, mais leur choix n’est peut-être pas anodin en ce sens. La mélancolique tendresse de La Javanaise, l’étrangeté des mélodies de King Crimson (notamment sur le titre scandé, fabuleux moment) et ce côté planant de The Cure, tout est approprié, personnalisé, la définition même de ce que devrait être une reprise (et pas un flemmard copier/coller).
De La Javanaise ils en ont un fait une balade Rock séduisante, de Fallen Angel un morceau hanté et tortueux (malgré un accent très prononcé au chant, qui curieusement n’était pas présent auparavant chez Michael) et de Plainsong un titre presque Doomgaze, remplaçant les synthés de l’original par des grosses guitares. La moins "modifiée" est certainement Fallen Angel, ayant déjà une personnalité très prononcée, il est peut-être difficile de se l’approprier sans trop la dénaturer.
Passons aux compositions originales. Avec Nebulae on retrouve Impure Wilhelmina dans ce qu’ils nous avaient habitué avec leur deux derniers albums : arpèges bondissants, gros riffs, cassures avec du chant hurlé, moments de grâce (le pont à 3mn17), mélodies qui pourront paraître mièvres aux blasés, mais qui respirent juste une sincérité et une mélancolie à fleur de peau que l’on connait bien dans leur musique. L’EP se clôt avec Ignoramus, qui est pour ma part un énorme coup de cœur. Faisant penser aux Courageous et Race With You, ce titre déborde de tendresse sincère et de solitude. « Show me somewhere to go on, in this emptiness. Show me a reason to hold on, in this sickening mess ». Tout est là pour nous atteindre en plein cœur les lignes de chant de Michael toujours aussi bien trouvées, les arpèges délicats, et ces grosses guitares qui n’hésitent pas à nous piétiner, nous montrant qu’au bout de la solitude se cache souvent du désespoir.
Cet EP a donc une vraie valeur et se trouve très cohérent dans le parcours des Suisses, prouvant à tout le monde qu’après vingt-cinq ans d’existence, la créativité est toujours là et encore mieux, qu’elle réussit ce qu’elle entreprend.