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Biographie

Impure Wilhelmina

L’aventure Impure Wilhelmina débute à Genève en 1996 avec Michael Schindl (Guitare / Chant), David Schindl (Batterie), Thierry Baertschiger (Guitare) et Didier Baertschiger (Basse). Après s’être rodé avec un 7" et un ep, leur premier véritable album, Afraid, voit le jour en 2000 et concrétise les ambitions du groupe. Très bien accueilli, celui-ci leur donne l'occasion de parcourir l'Europe afin de délivrer leur Post-Hardcore rageur, obscur mais aussi émotionnel car non dénué de mélodies prenantes. Mathias Perrin remplace cependant Didier à la basse après la sortie d'AfraidImpure Wilhelmina impose son style en 2003 avec I Can't Believe I Was Born In July, deuxième album, qui sort sur Waiting For An Angel. Bien plus abouti que le précédent, il est suivi d'une tournée aux côtés de Overmars qui permet entre autre au groupe de se faire davantage connaître du public français.

En 2005, sort L'Amour, La Mort, L'Enfance Perdue sur le nouveau label de Tours Space Patrol Records (Kraken Oxen), un album aux mélodies encore plus soignées et à la profondeur de composition affirmée. Thierry quitte le groupe peu après et est remplacé par Alexandre Müller à la guitare qui ne reste que peu de temps. C'est Christian Valleise qui le remplace en 2007. Ils composent ensuite Prayers And Arsons qui parait sur Get A Life Records fin 2008 à la suite duquel Mario Togni remplace David Schindl à la batterie qui quitte Impure Wilhelmina d'un commun accord.

Après quelques tournées suivant la parution de l'album, le groupe entre dans une longue "pause" toute relative. Si le groupe ne compose plus jusqu'en 2012, il s'autorise tout de même quelques concerts et petites tournées en France, Allemagne et Benelux. Entre-temps, Mathieu Hardouin remplace Christian à la guitare en 2011 et Michael Schindl s'implique dans le projet Black / Post-Hardcore Vuyvr aux cotés de Roderic Mounir (Knut) et de Julien Leders (Elizabeth). En 2012 commencent les premiers enregistrements avec l'incontournable Serge Moratel pour aboutir à la sortie en 2014 de Black Honey, cinquième production du combo genevois qui y dévoile de nouvelles tonalités qui mélangent Post-Hardcore, Doom et Post-Metal.

Impure Wilhelmina intègre ensuite Diogo Almeda (Rorcal) en son sein à la guitare à la place de Mathieu puis signe chez Season Of Mist et sort en 2017 leur sixième album Radiation qui confirme le changement de direction du groupe vers des tons plus apaisés. Sur l'album c'est Sébastien Dutruel à la basse qui remplace Mathias Perrin dont on apprendra le décès en mai 2019. C'est sous un même line-up qui semble stable : Michael Schindl (Guitare / Chant), Diogo Almeida (Guitare), Sébastien Dutruel (Basse), Mario Togni (Batterie) que les musiciens sortent Antidote en 2021 enregistré à Genève avec Yvan Bing qui marque le retour du chant hurlé sur certains passages. Les Suisses se lance dans une tournée en 2022 avec Crippled Black Phoenix et Møl.

Dead Decades ( 2023 )

Premier EP depuis 2001 et surtout vingt-cinq ans après leur toute première sortie, les Suisses d'Impure Wilhelmina nous offrent ici une réinterprétation de trois titres issus de décennies « mortes » avec un bonus de deux titres issus de l’enregistrement d’Antidote, leur dernier album paru en 2021 et un très joli artwork signé Mehdi Benkler.

Les titres s’enchainent de manière chronologique, à savoir La Javanaise de Gainsbourg (1963), Fallen Angel de King Crimson (1974) et Plainsong de The Cure (1989). Avec La Javanaise, Michael chante (enfin !) en français, langue qu’il maitrise bien et sait faire sonner. Et s’ensuit un constat qui ne nous quitte pas tout au long de l’écoute de l’EP : Un connaisseur du groupe mais qui ne connait pas les versions originales pourrait écouter ces trois reprises sans savoir qu’elles en sont, mais leur choix n’est peut-être pas anodin en ce sens. La mélancolique tendresse de La Javanaise, l’étrangeté des mélodies de King Crimson (notamment sur le titre scandé, fabuleux moment) et ce côté planant de The Cure, tout est approprié, personnalisé, la définition même de ce que devrait être une reprise (et pas un flemmard copier/coller).

De La Javanaise ils en ont un fait une balade Rock séduisante, de Fallen Angel un morceau hanté et tortueux (malgré un accent très prononcé au chant, qui curieusement n’était pas présent auparavant chez Michael) et de Plainsong un titre presque Doomgaze, remplaçant les synthés de l’original par des grosses guitares. La moins "modifiée" est certainement Fallen Angel, ayant déjà une personnalité très prononcée, il est peut-être difficile de se l’approprier sans trop la dénaturer.

Passons aux compositions originales. Avec Nebulae on retrouve Impure Wilhelmina dans ce qu’ils nous avaient habitué avec leur deux derniers albums : arpèges bondissants, gros riffs, cassures avec du chant hurlé, moments de grâce (le pont à 3mn17), mélodies qui pourront paraître mièvres aux blasés, mais qui respirent juste une sincérité et une mélancolie à fleur de peau que l’on connait bien dans leur musique. L’EP se clôt avec Ignoramus, qui est pour ma part un énorme coup de cœur. Faisant penser aux Courageous et Race With You, ce titre déborde de tendresse sincère et de solitude. « Show me somewhere to go on, in this emptiness. Show me a reason to hold on, in this sickening mess ». Tout est là pour nous atteindre en plein cœur les lignes de chant de Michael toujours aussi bien trouvées, les arpèges délicats, et ces grosses guitares qui n’hésitent pas à nous piétiner, nous montrant qu’au bout de la solitude se cache souvent du désespoir.

Cet EP a donc une vraie valeur et se trouve très cohérent dans le parcours des Suisses, prouvant à tout le monde qu’après vingt-cinq ans d’existence, la créativité est toujours là et encore mieux, qu’elle réussit ce qu’elle entreprend.

17 / 20
4 commentaires (17.25/20).
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Antidote ( 2021 )

Là où Radiation dévoilait son chant au bout de cinq secondes, Antidote met trois minutes à nous révéler le chant de Michael Schindl. Trois minutes de riffs, de breaks efficaces, avec cette intellectualisation palpable du « riff », de l'arrangement, cette alchimie précise et chimérique que recherchent tant de groupes, à savoir : comment produire une musique « catchy », qui nous séduit à la première écoute, tout en l'élaborant de manière assez complexe pour ne pas nous en lasser au bout de la trentième ?

Comment ? Impure Wilhelmina le sait, et nous donne une belle leçon avec cet septième album. Leur genre hybride, fuyant avec malice les étiquettes que l'on peut tenter de leur coller bénéficie d'une longue expérience de composition et de questionnement, et trouve ici une efficacité redoutable. Pas besoin de revenir sur leurs origines Post-Hardcore, le dernier en date à proposer des titres pareils remonte à Prayers And Arsons, et la formation suisse s'en est vénérablement affranchie depuis. Le chant clair sied depuis quelques albums désormais plus à Michael Schindl, même si, par moments, une voix plus puissante est nécessaire, et c'est là la force d'Impure Wilhelmina : son imprévisibilité, autant par le côté travaillé des compositions au sens instrumental, qui peuvent nous prendre à revers là où on l’attend le moins, qu'autant par le chant, qui passe d'un chant clair mélancolique à un hurlement digne d'un groupe de Black Metal / Post-Hardcore.

Et cette transition passe étrangement bien, car malgré le chant clair quasi omniprésent, le son est, la plupart du temps, franchement metal. Prenons comme exemple le deuxième titre de l'album, Midlife Hollow. Après deux couplets et une transition, le refrain arrive. Au-delà de la ligne de chant claire, bienveillante et créative (nous y reviendrons), les guitares et surtout la batterie nous fait sentir qu'ici, ce n'est pas de la pop. Là, le couplet revient, et la batterie n'hésite pas à coller un blast qui ferait froncer les sourcils de n'importe quelle personne pas habituée à un jeu Metal. Et ne parlons pas de Dismantling, ce passage qui enchaine un riff et chant faisant penser à du Muse pour partir sur un plan Black Metal, et qui met littéralement une claque dans la tronche de par son contraste lors de la première écoute.

Est-ce là l'un des défis d'Impure Wilhelmina ? Ou un de leur « problème », à savoir être un groupe « trop bourrin » pour les amateurs de Rock / Pop, et trop « soft » pour les metalleux ? A part leur optimisation de leur propre genre (qui a dit quintessence?), les amateurs des derniers albums du groupe n'auront pas de très grande surprise. Par optimisation, j'entends que quasiment chaque titre de l'album est un tube en puissance. La construction géniale de Solitude, le dernier refrain de Gravel, la piste Torrent...  La différence qui frappe, est que la mélancolie est moins de mise. Sur Prayers And Arsons, (Travel With The Night), Black Honey (Courageous), Radiation (Race With You, surtout la fin), il y avait cette essence saisissante, sorte d'innocente et vulnérable insouciance qui transperce le corps et qui, si vous aviez le malheur à ce moment-là d'être dans un tourment d'amour ou noyé d'une ivresse de mal-être, ne vous lâcheraient à aucun instant. Non pas qu'on se retrouve avec un album transpirant la joie, n'exagérons rien, mais ici le propos est comme plus apaisé, peut-être plus résigné, malgré les visibles tourments dont nous fait part Michael Schindl, guitariste chanteur d'Impure Wilhelmina, membre originel du groupe : « burning in darkness, burning in pain, everything is vain » .

Le seul candidat à ce titre serait la piste Jasmine, qui, après une première moitié calme, ouvre son éventail de sentiments avec une pudeur capiteuse, et donne au chant sa plus belle occasion de briller. Car impossible de parler d’Impure Wilhelmina sans évoquer le chant. Même s'il ne plaît pas à tout le monde (pour une raison qui m'échappe), il faut reconnaître sa grande créativité.  Au même titre que le travail de recherche sur le riff et leur articulations, le chant bénéficie d'une grande considération dans le processus d'écriture ; chaque ligne est réfléchie, trouve des harmonies autres que celles évidentes qui encourageraient à suivre celles des guitares, tout en gardant ce côté catchy qui fait mouche.

Impure Wilhelmina nous offre un album abouti, qui ne plaira évidemment pas à tout le monde, mais c'est normal en ce qui concerne les œuvres qui ont de la personnalité. N'empêche que vous trouverez dans ces dix pistes plus de substance, de créativité et d'esprit « metal » que dans pas mal de groupes qui prétendent l'avoir. Et si vous découvrez le groupe et que l'album vous plaît, foncez, il y en a six autres.

16 / 20
4 commentaires (15.88/20).
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Radiation ( 2017 )

Depuis le remarquable Black Honey, les vétérans genevois ont trouvé le point d'équilibre. En conservant bien au chaud leur dissonance singulière et son agressivité sous-jacente tout en arpentant d'autres ruelles pavées de chants éclairés et de mélodies dépressives, Impure Wilhelmina est plus créatif que jamais.
Radiation est une oeuvre dense. Construite strate après strate, il faudra prendre le temps nécessaire, pour au travers de l'épaisseur de glaise, en saisir toutes les subtilités. Au delà sa consistance, Radiation comporte ce qu'il faut d'immédiateté ("Great Falls Beyond Death", "Torn") pour agir comme un véritable trou noir. Une fois son venin inoculé, rien ne peu inhiber ses poussées toujours plus insistantes.
Impure Wilhelmina apparaît toujours comme cet animal sauvage, musculeux et blessé. Quelque chose comme une force tellurique, qui pulsion après pulsion reveille un spleen enfoui. J'en viens véritablement à penser que certains morceaux de bravoures sont les plus aboutis et les plus touchants jamais sculptés par le quartet ("By Ravens and Flies", "Race with You", "Child"). Délesté de toutes les étiquettes qu'on pourrait vainement tenter de lui coller, Impure Wilhelmina se concentre pleinement sur le fond de son propos, qui 20 ans après, est ce substrat indicible à un torrent d'émotions. Sans le moindre degré d'ostentation et avec une humilité presque palpable, les suisses conjuguent sous la grisaille descentes mélancoliques et embardées épiques.
En situation réelle, les titres de Radiation prennent une dimension supplémentaire. Le nuancier gagne en relief et permet à Impure Wilhelmina de livrer le verbe et la foudre sans filtre. Direct dans la gueule.

A écouter : Great Falls Beyond Death - Torn - By Ravens and Flies
16 / 20
8 commentaires (16.63/20).
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Black Honey ( 2014 )

Impure Wilhelmina qui revient avec un nouveau skeud, c'est vraiment une putain de bonne surprise. C'est quand même un peu un des meilleurs groupe de post-hardcore actuel, et si les silences entre les albums peuvent être long, ils n'en sont que le gage d'une qualité supérieure à chaque disque.
Impure Wilhelmina est tout le contraire d'une musique de stakhanoviste, chacun de leur albums est une pièce d'artisanat finement ciselée et presque parfaite : réjouissante et complexe au premier abord et qui s'apprécie de plus en plus au fil des écoutes pour en découvrir toute la richesse musicale et émotionnelle.

Black Honey est conforme à cette tradition, bien qu'il soit sûrement le plus surprenant. Il s'inscrit dans la continuité de Prayers and Arsons, les voix éraillés étant abandonnées au profit du chant clair  et délaissant les gouffres doom pour un rock plus mélancolique. Une petite nouveauté fait son apparition dans la formule : la désormais omniprésente influence Black Metal. Elle surprend tant elle est étrangère au petit monde d'Impure Wilhelmina, mais s'intègre si rapidement à l'environnement ambiant que rapidement, on ne la remarque plus. La force de ce disque est de l'avoir incorporée à tel point que ce n'est pas le groupe qui sonne Black Metal, mais le Black Metal qui sonne Impure Wilhelmina. Influence complètement domptée donc : là où la musique s'en va dans ces fameuses grandiloquences,  les riffs à la norvégienne l'y poussent encore mieux(Submersive Words) ; ils subviennent au besoin de masse de ces riffs rythmiques épais et costaud que le groupe sait déployer (The Enemy) ou aide à les breaks à mieux casser l'allure et à surprendre (Uncomfortable Life).
Un album surprenant donc, parce que plus globalement plaintif que dépressif, amenant le côté émotionnelle de la musique vers un terrain peut-être un peu plus glissant. Lors des premières écoutes, on a parfois peur qu'Impure Wilhelmina passe carrément du côté de la niaiserie, ce qui heureusement n'arrive pas, grâce à la grande qualité des compositions. Il faut faire longtemps tourner la galette pour bien s'en imprégner mais celles-ci restent bien du pur IW : on y reconnaît immédiatement la patte du song-writing de Michael Schindl, cette façon unique d'arranger les mélodies et les riffs qu'on ne retrouve nul part, et ce constant équilibre entre influences presque power pop et l’énergie brut de son substrat hardcore original et parfois même une ambiance un peu doom traditionnel (qu'on remarque surtout sur Joseph).

Ceux qui avaient fuit après Prayers And Arsons ne retrouveront pas là les sensations de I Can't Believe... ou L'Amour, La Mort..., sauf sur God Rules His Empire, dernière piste et ultime reflet de sa mue passée d'une noirceur dépressive et presque violente de 11 minutes où la dimension doom voir sludge vient reprendre le dessus une dernière fois, chant hurlé en prime. Une fort belle conclusion qui rappelle que si le groupe a évolué, il n'a au fond pas changé. Black Honey est probablement plus abouti que son prédécesseur car assumant complètement la nouvelle direction des Suisses. Une forme musicale qui n'a trahit personne et sûrement pas le groupe qui garde entière toute son identité, autant sur l'expression que sur la qualité de l'ensemble. La seule forme de trahison serait, après tant de bravoure musicale, de sortir un mauvais album vite fait mal fait, ce qui n'est absolument pas le cas. Les vrais amateurs du made in Impure Wilhelmina ne pourront qu'être ravi de se plonger dans ces nouvelles sensations que nous offre Schindle et sa bande.
Par contre, pour la pochette c'est pas franchement ça, mais c'est un détail.

A écouter : The Enemy, Submersive Words, Courageous, God Rules His Empire
13.5 / 20
24 commentaires (15.13/20).
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Prayers And Arsons ( 2008 )

Glaives échaudés greffés aux poings, poudre à canon jusque dans les narines, Impure Wilhelmina est parti en croisade et Prayers And Arsons est leur plan de bataille.

Plus que jamais, les suisses tentent de redéfinir leurs frontières en déplaçant leurs pions en territoires in/connus. Leur premier mouvement, limpidement et gentiment éructé, trahi immédiatement leur nouveau cheval de bataille, ou plutôt leur nouveau canasson de labour. Ce chant clair, dont le corps se dilue jusqu'à perdre toute contenance dans un mixage édulcoré et un ton maladroit est une alerte, un avertissement sonnant le glas du combo géniteur du sulfureux I Can't Believe I Was Born In July.  Enfin, pas tout à fait, car au bout du compte Impure Wilhelmina parvient à régulièrement montrer les crocs au travers de leur riffing singulier, tortueux, raclant le gravât sous la croûte terrestre et étêtant les hauts conifères.
Au sein d'un même titre, le quatuor ouvre des plaies béantes, mais pour finalement cautériser le tout par une salve d'accords sirupeux peu recommandables ("Hide Your Anger, Give Your Mouth"). Prayers And Arsons stimule pour endormir. Prayers And Arsons fait cohabiter l’émoussé avec l’acéré. Car c’est un fait, au milieu de cette mosaïque en demi teinte, on trouve une poignée de flèches à la pointe encore vive. Il a bien sûr "As We Kneel", le tube post hardcore de l’album (écoutable en pôle position sur MySpace), et son break emo en fin de course qui arrive à point nommé (ou pas du tout, à toi de voir). Rayonnent également, quelques invectives indie rock originales comme la partie acoustique de "The End Within". Puis surtout, "Poisons And Blades", ode epico-moyen-ageuse qui traite d’architeuthis et de joutes à l’arme blanche, et dont le somptueux lichen mélodique est une franche réussite. Le reste du temps Impure Wilhelmina se disperse à trop vouloir coller ses tentacules sur chaque point de la carte.

Prayers And Arsons est indubitablement un album travaillé et parfois même aventureux. Malgré cela, le combo ne parvient pas à retendre le filin dramatique qui faisait autrefois coaguler son rock-core inspiré et assez unique en son genre. La déception est bien là, car dans le peloton de tête d'un genre hybride et torturé, Impure Wilhelmina avait largement sa place.

A écouter : As We Kneel - Poisons And Blades
16.5 / 20
19 commentaires (17.05/20).
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L'Amour, La Mort, L'Enfance Perdue ( 2005 )

L’Amour, la Mort, l’Enfance Perdue est donc le titre mélancolique en français choisi par le combo suisse pour illustrer son deuxième album ; une union de sentiments différents mais homogènes comme l’est simplement la vie terrestre ; complexe aussi, tout comme l’est ce bien beau nouvel effort.

"January", qui porte bien son nom, ouvre le bal d’une bien belle manière ; petit larsen introductif et annonciatif d’un disque trés riche, puis la voix se lance, dure et grave à la fois. On peut déjà sentir que les musiciens sont à l’aise et qu’ils savent faire vivre une chanson. Le rythme est lent comme pour appuyer l’aspect douloureux de l’album. En près de 7 minutes, Impure Wilhelmina a posé les bases d’une identité plus affirmée. Car s’il est vrai que leur précédent opus tournait parfois d’avantage autour de la scène "screamo" (Envy), L’Amour, la Mort, l’Enfance Perdue s’en détache nettement de par son approche toujours plus rock.
Car sur "Tense" par exemple, les guitares s’étirent et distillent de belles mélodies perturbées. Noisy. Et quand "The Black Flame" s’ouvre sur un petit arpège à trois instruments le calme s'installe à notre insu. La tension est pourtant là, palpable, progressive avant la véritable explosion orchestrée par le mélange voix criée/saturation des instruments. Le calme revient alors pour laisser réchapper la fureur. La voix se fait claire pour la première fois et elle le fait bien. Impure Wilhelmina joue sur les cycles et les sautes d'humeur.
Pour "Bleed Alone" un nouvel arpège accélére et porte littéralement l’auditeur jusqu’aux contrées plus rudes familière du groupe. La voix est pleine d’urgence, le rythme est un peu plus rapide. La chanson d'autant plus courte.
Et là, au sein de la qualité d’écriture déjà présente, une première perle : "Seeds" et son début porté par un chant clair qui exprime, sur des notes d’ambiance, une forme de plainte avec force. Avant que les décibels ne soient totalement lâchés et remplissent pendant 2 minutes 30 les enceintes. Le contraste est saisissant, les passages durs d’autant plus appréciables. C’est aussi çà la qualité d’Impure Wilhelmina ; les sentiments se croisent et se décroisent avec délicatesse: brutalité/douceur, légèreté/noirceur.
"The Broken Wing of the Undying Bird" s’envole sur une mélodie tout en hauteur. Le chant rugueux mais prompt aux expérimentations se métamorphose encore une fois, totalement calme. Des enfants se font entendre en fond sonore de "Before a dream", chanson d’une extrème douceur si ce n’est sa fin de plus en plus noisy, chaotique. L’enfance perdue ? Mais nous aussi on se perd, car il y a beaucoup de choses à dire sur tout le reste de ce nouvel album d’Impure Wilhelmina. Je n’évoquerais donc plus que la deuxième perle de cet album, "Sunburst". Sur un tempo plus soutenu que les autres, c’est par son chant qu’elle surprend, un chant qu’on croirait surgit du cœur de l’époque New Wave. Singulier et inventif. Expressif.

Et oui, L’Amour, la Mort, l’Enfance Perdue apporte de la fraîcheur à son tour. Quand on trouvait I Can’t Believe I Was Born In July supérieur à Afraid, c’est  bien le même rapport hiérarchique qui s’établit entre les deux premiers cités. Le groupe progresse, les musiciens sont irréprochables entre des guitares qui prennent le temps d’asseoir les compositions, aux développements longs mais jamais répétitifs et une rythmique variée qui renforce l’expression de chaque chanson et rassemble le tout. L’album ressort aussi complet que complexe, plusieurs écoutes étant nécessaires avant d’apprécier pleinement le disque. Et le reste est à vous. 

Télécharger : Tense - Bleed Alone

A écouter : Seeds, Sunburst et tout le reste � la suite
16 / 20
11 commentaires (16.73/20).
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I Can't Believe I Was Born In July ( 2003 )

Swiss do it better. Iscariote, Nostromo, Unfold, les terribles Knut et bien entendu, Impure Wilhelmina. Enregistré et mixé par l'incontournable Serge Moratel (Brazen, Knut), ce second méfait des genevois, au titre énigmatique, a toutes les cartes en mains pour devenir un incontournable du genre. Une impression palpable de prime via un visuel épuré à la classe folle, reflet d'un contenu sans fioriture et pourtant plein de détails.

"Today I Will Take My Knife. Kill My Daughter And My Wife". Les bases sont établies. Sombres et dépressives. Dès les premières joutes, fracassantes et virulentes, Impure Wilhelmina insuffle une émotion vive et à fleur de peau. Chairs tiraillées. Poings serrés au sang. Tordant la nuque aux guitares, le combo helvète use généreusement de la distorsion et dégringole sur les pentes escarpés d'une registre noise hardcore bien connu. Les suisses taillent cependant leur propre sentier, loin des références telles que Cult Of Luna, Breach ou les inévitables Knut, grâce à une propension et une obession permanente pour les mélodies entêtantes et itératives, capturées et contenues au sein d'une musique lourde et chaotique. "The River", "Get Away" ou encore le magnifique "Answer" démontrent sans détour la capacité du groupe à faire survivre une parcelle d'harmonie dans un désordre nourrie par des riffs ultra-heavy joués tout en cascade et tension. Une tension maintenue en équilibre instable, sur un point culminant, par un jeu de cymbales déchirant, puis ce chant, évitant le piège monocorde, qui calque son exutoire sur l'humeur changeantes des guitares. Car outre leur goût pour l'intensité et la violence, les gaziers savent aussi s'emporter dans les longues marches tortueuses et labyrinthiques ("The Game I Don't Want To Play"), Neurosiennes et introspectives, obscures et sujettes aux cassures rythmiques.

Indissociables, les 11 titres de I Can't Believe I Was Born In July, album monolithique et méandreux, vont au delà des notes pour nous plonger dans une atmosphère dépressive et obscure, malsaine et cathartique, mais définitivement attirante et touchante. Impure Wilhelmina signe un disque largement supérieur à Afraid, se bonifiant avec le temps, et s'inscrivant sans difficulté dans la liste des meilleures productions hardcore de cette année.

Télécharger : Get Away

A écouter : The River - Get Away - The Answer