Hambrientos De Un Sol Distinto est le premier album d’Ictus. Formé il y a tout juste un an au moment de la sortie de ce LP, le groupe de Lugo fait partie de la jeune et ambitieuse vague Crust déferlant actuellement sur l’Europe depuis l’Espagne. Une scène qui nous a déjà offert nombre de formations talentueuses parmi lesquelles Ekkaia, Madame Germen ou encore Down To Agony, toutes adeptes d’une musique ultra intense, sombre et viscérale.
Ictus ne déroge donc pas à la règle et égraine au long de ce premier album une musique fulgurante et extrême, suivant un format progressif qui participe ici à son originalité. Car les six titres d’Hambrientos De Un Sol Distinto n’en sont en fait qu’un seul, long d’une demi heure. Chacun est individuellement un petit morceau de bravoure mais ne prendra réellement toute son ampleur que dans le tumulte d’un album qui s’écoute d’une traite. Détail qui aura son importance l’heure des bilans venue.
Sur cet album Ictus nous burine littéralement les oreilles de son puissant Crust métallisé (néanmoins bien moins rébarbatif que celui des vikings de la scène nord européenne) comme pour mieux nous imprimer entre les oreilles sa hargne, son appel à l’éveil et ses rêves d’un monde différent. Alex scande à se faire exploser la gorge des textes au constat sinistre sur notre réalité, rajoutant encore une dose de rage à un Crust lorgnant vers le Post Hardcore et non dénué d’accents Screamo saisissants, déjà terriblement efficace. Le coté épileptique de l’ensemble et le timbre à la limite de la sursaturation permanente (on pensera ne serait-ce qu’un instant à Grady Avenell - Will Haven) du chanteur pourront cependant parfois rebuter. Rares seront les accalmies musicales (Hambrientos de un sol distinto, La herida es el comienzo, Sueño sin miedo) ou les variations du chant (Destruyendo nuestro hogar qui nous offres quelques… growls).
Ce n’est qu’une fois arrivé au bout de la dernière piste (Sueño sin miedo, peut être la seule empreinte d’une réelle touche d’espoir avec sa fin apaisée très postcore/post rock) que l’on réalise l’ampleur de l’abatage des espagnols. Ictus nous colle la tête sou l’eau pendant près d’une demi heure du haut de son Crust épique délivré à un rythme effréné, et dont l’intensité redescend rarement.
Ici, toute l’énergie du groupe, comme trop longtemps contenue, semble converger d’un coup vers le chanteur, incarnation ultime du bouillonnement qui anime l’ensemble de la formation, avant de fondre sur l’auditeur. Ictus plonge avec lui et livre une prestation totale remuant ciel et terre. Malgré son statut de premier album du groupe, Hambrientos De Un Sol Distinto est habité par la rage des derniers instants du condamné. Un jet de haute volée qui place directement Ictus parmi les références de la scène Ibérique voire Européenne.
A écouter : D'une traite