Une magistrale intro de déglingo, hypnotique au possible, puis 20 titres de fou furieux, dont 19 sans noms, comme s’il avait fallu ne rien intellectualiser et balancer la sauce sans s’ôter la bave des lèvres, sans chercher à structurer son cri ou à canaliser sa colère ; sans même ne rien nommer. Ici, I Wrote Haikus About Cannibalism In Your Yearbook désosse le punk de tous ses froufrous et fracture la partoche sans lui coller d’emplâtre.
Regroupant tous les morceaux du feu-groupe en une seule discography, le très bon label DiscoHuelga permet ainsi de saisir la teneur émotionnelle du bordel, en foutant la gueule de l’auditeur au plus près la sortie du canon, pour ne rien rater de la mitraille. Le contenu qui sommeille sous la culasse ? De l’emo-violence – de l’ultra-violence même – ; sans concession et sans pitié. Ce que font Loma Prieta (Cf. son Life/Less), Ampere ou Storm The Bastille, aujourd’hui ; ce que faisaient The Spirit Of Versailles (2e période), Neil Perry ou Jerome’s Dream hier ? Oui, mais avec une raideur dans l’exécution plus palpable encore, un rythme-secousse digne d’une crise d’épilepsie au coeur d'un tremblement de terre et une hystérie au chant (l’Untitled 7 !) au delà du raisonnable. Fuckin’ insane.
Alors certes, à l'intérieur de ce qui constitue ce monument d''emo-violence furieux et enragé, il y a ces quelques touches mélodico-arpégiques des futurs Who Calls Sou Loud déjà présentes en idée qui entourent quelques fois les caillasses de neige, mais l’impact au bout du compte est le même. Des hématomes à chaque titre et la drôle de sensation d’en avoir pris plein la poire, en 21 rounds, sans jamais être sorti une fois des cordes.
De l’Art d’ériger le traumatisme en grille de lecture.
A écouter : si tu n'as pas peur d'être traumatisé