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Biographie

I Pilot Daemon

Baptiste - batterie
Romain - chant
Sebastien - basse
Silvin - guitare

I Pilot Daemon pousse ses premiers cris à Toulouse en avril 2005 suite à la réunion de Baptiste (Condkoï), Silvin (Disphoria, ex-[Dazed]), Sebastien (Explicit Clowns) et Romain (Elmeh, ex-[Dazed]). La formation effectue ses débuts sur scène un mois plus tard, et partagera l'affiche durant toute l'année avec des groupes tels que Cortez, Houston Swing Engine, Made Out Of Babies ou Year Of No Light.
En juin 2006, I Pilot Daemon entre en studio pour enregistrer son premier ep, Happily Depressed. Après quelques retards à l'allumage, celui-ci voit le jour en janvier 2007 sur le label Lacrymal Records (Dona Confuse, Cellscape, [Dazed]). Après une période de calme, les toulousains reviennent aux affaires avec un nouvel album, Come What May fin 2010.

16 / 20
1 commentaire (16.5/20).
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Come What May ( 2010 )

Il y a un peu de Steinbeck dans cette cover campant une famille partant à la queue-leu-leu sur les routes. Six hères remettant leur avenir entre les mains de la Providence puisque, comme le montre les icônes du bas, fer à cheval, chat, trèfle à quatre feuilles, soleil, lampe du génie, tel semble être le thème de cette nouvelle fournée de I Pilot Daemon, Come What May.

Autant l'avouer, la direction prise par les toulousains après l'excellent Happily Depressed ep n'avait pas été des plus convaincantes, du moins pas exactement à la hauteur du potentiel initial qui avait pu être le leur. Maintenant on sait pourquoi. La machine se mettait tranquillement en place. Avec ce premier album I Pilot Daemon rectifie considérablement le tir, nous offrant une grosse démonstration bruitiste et sauvage, en même temps que perfectionnée. Paradoxal ? Pas tant que çà. Le quatuor a réussi à assembler les deux caractéristiques qui faisaient sa force. Un son surpuissant, fruit de l'œuvre de Silvin, en grande partie, et une finesse de composition, ajoutée à une activité mélodique à l'amertume envahissante. En émerger est illusoire, juste le temps d'un "Only at Night" plus traditionnel, réminiscence d'un passé récent, un peu en dedans. Dans le reste, rien à jeter. On évolue toujours dans une atmosphère aux contours breachiens témoin l'excellent "Wild Turkey", mid tempo tordu ultra bien maîtrisé, on se fait renverser par le chaotique "The Life Collider", avant de se laisser leurrer par "Purple Teeth", ses accents de pedal steel et son final hérité d'une véranda de Louisiane en été. Efficace et inspiré.
Mais le meilleur reste encore à venir. Dans ce quart d'heure épilogue où l'asphyxie pointe le bout de son nez. L'heure n'est plus à l'amusement. C'est d'abord "Black at Heart", morceau de bravoure, épique, lancinant sur lequel I Pilot Daemon pose son jeu dans une expression dans laquelle il n'est jamais aussi bon - cf "The Bluish Fennecs" sur Happily Depressed ep - se laisse envahir par ses propres notes, où le chant de Romain se fait étouffer par le gros son et la tourmente, pour se laisser avaler goulûment dans un final rythmé par une basse grasse comme un peigne d'ado. "Lost in Madrid" qui suit n'en est que le prolongement ultime, le rejeton honni qui projette Come What May dans un final totalement apocalyptique.

Un album qui valait bien quelques années d'attente. I Pilot Daemon redresse la barre et se réinstalle dans le haut du tableau des formations de hardcore puissant et sonore à fort potentiel aux côtés des Sofy Major et autres Plebeian Grandstand.

En stream et en free DL.

A écouter : We Deserve Happiness, Black at Heart, Lost in Madrid
14.5 / 20
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The Lighthouse is in our Back - Split w/ Anything But Yours ( 2007 )

Dernière production de Lacrymal Records, The Lighthouse is in our Back est le fruit de l'union, apparemment improbable, entre le post/math-punk/rock tout en nuance de Anything But Yours et le hardcore hot sauce de I Pilot Daemon. Le tout homogénéisé par le mastering de Pelle Henricsson (Breach, Refused, Entombed, Cult Of Luna...) que le label a eu la bonne idée d'impliquer sur ce projet.

Evolution sensible pour un Anything But Yours méthodique qui, par le biais de trois titres, troque son hardcore noisy, la fulgurance genre Breach, Refused adoptée sur le premier ep The Doctrine Story ep, pour une posture plus feutrée, dont l'option chant clair d'Alexander, en réaction au chant quasi screamo de Welcome To Karoshistan, n'est pas la moindre des innovations. Vaguelettes mélodiques, perles harmoniques, les allemands se déploient sans trop se dévoiler, suggèrent sans trop imposer, butinant avec parcimonie dans le verger cérébral de Slint ou Fugazi ("You Is You Is You Is You"), une passerelle emo punk ("Safe Haven") faisant naturellement la transition avec les rivages à fort magnétisme tellurique d'Isis sur le somptueux instrumental "Karoshistan". Un prolongement prometteur qui en dit long sur les aptitudes du quatuor de Regensburg.
I Pilot Daemon emprunte le trajet inverse. Découvert au détour d'un premier ep tonitruant, Happily Depressed, les toulousains optent sur ce coup-là pour une tournure assurément moins ambitieuse, mais surtout plus instinctive, plus dans l'esprit de "Waterlily & the Drunk Lovers". I Pilot Daemon desserre l'étreinte autour de son hardcore sombre et mélancolique, pour se jeter dans une mêlée vaporisée de fortes effluves rock n' roll. Surprenante de prime abord par sa rusticité, son ambiance motorisée finit presque par emporter notre adhésion ne serait-ce que par la dynamite qui se dégage d'un "Slow Motion Vampires" sur lequel Adrien Broué (Plebeian Grandstand) vient prêter sa voix, ou la presque caricaturale stoner-song "Holy Cobra". Efficace et puissant, donc, mais on attend tout de même les toulousains à un autre niveau.

Plaisir des oreilles, plaisir des yeux, plaisir des mains pour les plus rapides qui auront droit à un superbe digipack sérigraphié, à l'artwork signé Romain Barbot, The Lighthouse is in our Back est l'échantillon-témoin de deux représentants d'une scène européenne qui n'en finit plus de démontrer son potentiel mais qui devra confirmer ses bonnes intuitions sur une plus longue distance. Rendez-vous dans quelques mois...

"You Is You And You Is You" (Anything But Yours), "Holy Cobra" (I Pilot Daemon) en écoute sur le site du shop de Lacrymal Records. 

A écouter : Karoshistan (ABY), Slow Motion Vampires (IPD)
16 / 20
2 commentaires (17/20).
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Happily Depressed ( 2006 )

A chacun sa perception des choses. Tout dépend avec quels yeux on les regarde. Ainsi, pour les chinois, la constellation de la Lyre évoquait un tisserand alors que les astronomes arabes, selon les sources, préféraient y voir une carapace de tortue, un vautour ou même un aigle, tantôt aux ailes repliées, transportant une lyre, ou bien en piqué. Pour I Pilot Daemon qui a choisi ce thème ("Al Nasr Al Waki") pour introduire son premier ep Happily Depressed, il semblerait que cette dernière image soit la plus appropriée.

Les premières prestations du groupe il y a tout juste un an en première partie de Made Out Of Babies et des Daughters nous avaient littéralement bluffés quand à leur consistance, leur solidité et surtout une homogénéité assez unique de la part de personnes venant d'horizons aussi différents. A tel point que l'on se demandait comment les toulousains allaient retrouver ces sensations et cette ambiance si l'envie les prenaient de les fixer dans le vinyl. Happily Depressed fournit un élément de réponse. Produit de manière plus qu'honorable par Silvin Suquet, I Pilot Daemon étale une surprenante puissance de feu, puisant ses munitions aux quatre coins du hardcore moderne. Bâti sur un substrat n'étant pas sans rappeler Will Haven ou Amen Ra - une section rythmique surpuissante donc - le quatuor impose un univers meurtri par une masse d'accords sombres et doux-amers, mutant parfois vers un mode plus épilleptique. Brusquement, I Pilot Daemon dérive alors vers un style plus dynamique, plus alambiqué également où notes et vocalises voltigent, s'entrechoquent, dans une ambiance électrique dans le genre de Breach ou de Botch ("Waterlily & the Drunk Lovers").

"We are Always Beautiful in High Contrasts". Bien qu'empreinte d'une certaine présomption cette phrase, même extraite de son contexte, illustre très bien la maîtrise dont fait preuve I Pilot Daemon en toute circonstance. En effet, à la démonstration de force initiale, se superposent et se succèdent des partitions beaucoup plus éthérées où les méridionaux flirtent davantage avec les manifestations plus ouatées d'un Tool ou d'un Deftones ("Thorns", "Horoscope"), en raison notamment de l'alternance entre registre screamo et velouté de Romain qui se mue parfois en chuchotement. Cette opposition de tons permet ainsi d'éviter l'écueil de la linéarité et de l'hermétisme, donnant par la même occasion à Happily Depressed une image, sinon plus chaleureuse, du moins plus charnelle sous des dehors assez froids. Loin d'être épisodique, cette tendance se prolonge dans une tonalité plus atmosphérique proche de Neurosis ou du Isis de Celestial sur "Horoscope" et surtout "The Bluish Fennecs" où la densité émotionnelle des toulousains, jusque-là assez discrète bien que latente, apparaît comme sublimée par le caractère récurrent d'une ritournelle mélancolique, anesthésiant agréablement l'échine pour nous projeter inéluctablement dans une indicible torpeur.

Par son ambition, son inspiration, I Pilot Daemon signe donc une entrée remarquée sur la scène hardcore, rejoignant pêle-mêle les Monarch, Year Of No Light et Every Reason To au sein de la cohorte des formations françaises à fort potentiel. L'ensemble est bien évidemment perfectible et les toulousains devront confirmer leur très bonne tenue sur un full-length. On attend donc avec impatience I Pilot Daemon au prochain tournant. 

Happily Depressed est disponible chez Lacrymal Records


Télécharger : "Thorns", "Waterlily & the Drunk Lovers" sur MS

 

A écouter : Waterlily & the Drunk Lovers, The Bluish Fennecs