Il est plaisant de trouver ce genre de groupe en France. Il est même gratifiant de ce dire que les Etats-Unis ou le Royaume-Uni ne sont pas les seuls à abriter les bons groupes de Stoner / Doom. Parce qu'avec ce premier album, Atavist Of Mann, Huata arrive à se positionner au niveaux de formations importantes comme Cough, The Wounded Kings ou Bongripper.
Car Atavist Of Mann c'est déjà un son qui n'a rien à envier aux groupes précédemment cités. De type massif et ronflant, parfois si épais et aride que rien ne semble pouvoir s'y extraire. Un duo guitare / basse qui traîne ses cordes dans des catacombes poussiéreuses et oppressantes, la sainte-vibration en porte à faux, le tout broyé par une batterie à la charge éléphantesque. Seul la voix du maître de cérémonie paraît difficilement s'extraire de cette boue poisseuse dont les quelconques envie d'élévation sont constamment reprises afin de rester collée au pavé, accru par une production qui ne fait pas semblant d'en rajouter une couche supplémentaire et qui participe entièrement à la dimension occulte qui résonne dans l'édifice charpenté par les Huata. Il faut bien reconnaître que le groupe sait s'y prendre en matière d'ambiances. Dans l'esprit, on se rapproche quand même assez des travaux d'Electric Wizard, de type fuzz à tous les étages, effets psychédéliques, incantations ténébreuses en vue du rituel sacrificiel... Si le grand magicien étend effectivement ses ombres inquiétantes sur ce Atavist Of Mann, Huata arrive pourtant à s'en détacher, allumant d'autres cierges qui viennent éclairer sa chapelle. On pense notamment à Sunn O))) sur Thee Imperial Wizard à la densité impressionnante, mais aussi à Sleep par des passages au groove certain (Operation Mistletoe) et également à Cathedral dans ses aspect d'un Doom old school (Testi Svm Capri). L'autre point fort c'est aussi ces compositions sans quoi le son et les ambiances n'y suffiraient pas. Des lourdeurs obnubilantes d'un Lords Of The Flame au riffing fameux de Templars Of The Black Sun en passant par l'orgue qui instaure ses atmosphères chamanique et dérangeantes (Testi Svm Capri), Huata prouve qu'il sait écrire de bons morceaux même s'il se perd à travers quelques longueurs notamment sur la fin (Fall Of The Vth). Finalement, rien n'est laissé au hasard car chaque élément (musique, visuels, concerts) vient renforcer le propos d'Huata qui maîtrise entièrement les codes du genre et dont les lourdes vibrations finiront par nous rentrer dans le crâne et nous mettre à genou.
Atavit Of Mann est un bon disque de Doom parce que Huata a suffisamment de bonnes idées et un son son qui les met particulièrement bien en valeur. Le meilleur dans l'histoire, c'est qu'on sent que le groupe a encore une marge de progression et n'a pas dévoilé totalement tout ses secrets. En réglant quelques menus défauts (influences un peu trop appuyées, quelques longueurs) la suite promet d'être un cran au dessus et véritablement enivrante.
A écouter : Operation Mistletoe, Testi Svm Capri