Déjà auteurs de deux sulfureux opus (Greatest Hits et The Smell Of Horses) mêlant avec brio un soupçon de hardcore à la Refused et un souffle de désinvolture propre au stoner pour un résultat optimum, combinant puissance de feu et groove endiablé, les Houston Swing Engine reviennent avec (déjà ) leur troisième effort commun, The Tiger Flamboyant, pour nous refaire la cour. Avec le passé chargé de qualité des quatre protagonistes, pas de crainte préalable quant à une éventuelle baisse de régime ou à une faute de goût maladroite ; non, juste se pose la question de savoir comment les Suisses vont cette fois nous séduire?
Mais oui, Houston Swing Engine surfe sur des influences que l’on peut ressentir. Oui, Houston Swing Engine persévère sévère à produire de la musique de qualité. Et oui, Houston Swing Engine sont bougrement doués dans leur façon de distiller tout ça pour nous faire balancer notre corps en entier… Car Houston Swing Engine, c’est surtout et avant tout des riffs explosifs à la pelle, qui vous sautent aux oreilles et qui restent accrochés à votre cou («Evil clutch», «Tongue runner»). De fait, le groupe ravive les couleurs fondamentales du rock quand il se présente sensiblement sensuel comme sur «On the road» ou «Oh Lord be me beast !», des compositions menées par la voix rocailleuse de Danek, elle-même dotée d’une belle garde robe parfois lancinante, parfois sexy, souvent rugueuse pour varier les sensations. Question rythmique, la batterie de Frank semble rester au premier abord au service de la musique, secouant un tant soit peu le rythme ; mais en vérité, elle se construit une réelle identité en alternant entre frappes dures, accélérations diverses («Leather boot blues») et petites phases d’accalmie pour souffler un peu («The tiger flamboyant»). Et mieux revenir. A côté, la grosse basse bien ronde à présent menée par Louis XIV caresse les riffs dans le sens du poil pour remplir de groove le champ sonore poussiéreux du combo helvétique.
C’est donc bien une musique qui s’affine et qui prend des couleurs nouvelles par rapport aux deux premières livraisons du groupe et qui confirme que les gars sont loin d’être de simples bêtes de foire. Non, ce nouvel opus de Houston Swing Engine est excessivement riche ; car aujourd’hui, les Houston Swing Engine savent aussi se faire plus doux tel sur «The one who follows», trahissant, un peu, une préférence pour les Queens Of The Stone Age mais faisant surtout preuve de la diversité de leur mode d’expression. Ainsi, ce groupe est énervant de facilité pour vous balancer en pleine tronche des compositions possédées par l’énergie à l’instar de ce «Good boy» fiévreux de rock and roll.
Et comment alors ne pas parler de cet «Instrument.1» qui entame et annonce la furie avec classe avant de s’achever sur l’installation d’une intro bluesy pour un «Evil clutch» survolté. Ou à nouveau l’énorme «Oh lord be my beast!» très lunatique à cause de ses régulières sautes d’humeurs, et ce « The tiger flamboyant» avec sa fin aux relents crossover qui nous rappelle avec bonheur que François, lorsqu’il oeuvrait autrefois dans Eastwood, savait déjà placer des riffs corrosifs à souhait. Sa guitare revêt souvent des effets wah-wah ou fuzz («Gasoline, vodka and hot bullets», «Leather boot blues») renforçant l’univers caractéristique du groupe entre grands espaces et urgence moderne. Rajoutons à tout cela une découpe d’album originale (cf la fin en queue de poisson de «Evil clutch», la minute 54 d’instrumental de «Instrument.2» parfaitement intégrée à la fin de «The tiger flamboyant») qui apporte une lecture d’ensemble homogène et diffuse une agréable sensation de fluidité.
Houston Swing Engine ne prétend sans doute pas refaire le monde de la musique mais avec cette formation, les musiciens combinent de la meilleure façon possible leurs nombreuses influences et nous offrent un style hybride et surtout complètement jouissif pour finalement délivrer une musique originale et personnelle, à ne manquer, cette fois, sous aucun prétexte.
A écouter : Du début à la fin !