Encore une de ces soirées pluvieuses, à errer indolent dans cette jungle démesurée, au gré des liens qui tissent une Toile sans fin. Encore une fausse piste, recommandée par un guide faussement inspiré. Retour, marche arrière. Nouvelle piste, coup d'index paresseux... coup de hasard! Coup de foudre!! Deadman, le joyau inespéré au bout du saphir... On se laisse s'enlacer.
Et puis deux ans passent; le coup de coeur reçoit un léger coup de bambou. On se laisse s'en lasser... Jusqu'à la publication subite d'1 Document. L'euphorie engendre rapidement une égale anxiété. Le successeur sera-t-il à la hauteur du fondateur?
L'orfèvre n'a en tout cas pas perdu l'illumination. Tout est pensé, travaillé, repensé, retravaillé... Jusqu'à atteindre la pureté désirée dans le moindre carat. C'est toujours avec une infinie délicatesse qu'un violoncelle vient s'immiscer, que les choeurs se triplent et se quintuplent, ou que le piano guide le rythme de l'arrière.
Sur les nouvelles créations, les guitares acoustiques s'entourent d'un set complet d'instruments qui ouvrent des possibilités folkisantes judicieusement exploitées. L'opus s'en trouve plus varié, plus mature, et le chant d'Andrew Jackson encore davantage assuré (la palette a de quoi laisser rêveur).
Mais voila, l'artiste n'est plus en solo et doit composer avec une équipe entière. Plus il partage, plus son intimité propre semble s'effacer, emportant avec elle une partie de son lyrisme, et du charme d'un abandon touchant.
Preuve en sera faite sur le dernier titre "Oh Please Let Me Sleep" qui renoue avec l'intimisme dénudé. En un vers et deux murmures incantatoires, l'amant des Muses se fraie un chemin à l'âme, sans détour.
Inspirant. Envoûtant.
A écouter : "The Twilight of Idols" ; "Oh Please Let Me Sleep"