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Biographie

Hot Water Music

Jason Black: Basse
Chuck Ragan: Chant/Guitare
Chris Wollard: Chant/Guitare
George Rebelo: Batterie

1994 marque les débuts de ces piliers de la scène hardcore , provenant de Gainesville en Floride. Après avoir sorti un 7" intitulé Eating the Filler, puis l'EP Push for Coin, Hot Water Music (tiré du livre du même titre de Charles Bukowski) sort en '95 son tout premier album, Finding the Rythms.
On pourra dire qu'ils l'auront trouvé leur rythme; avec pratiquement un album par an, le quartet continue sa progression en 1996 avec Fuel for the Hate Game. Malgré tout, le groupe se sépare à la veille de la sortie de leur troisième galette, Forever and Counting. La scène post hardcore n'allait pas être en reste très longtemps, puisque le quartet se reformera rapidement, enchaînant les singles, jusqu'à la sortie de No Division en '99.
A Flight and a Crash accompagne l’arrivée du nouveau millénaire, mais aussi leur signature sur le prestigieux label Epitaph (Leftover Crack, Bouncing Souls, Bad Religion). Chuck, Jason, Chris et George ne sont toujours pas à bout de souffle, et donnent naissance en 2002 à Caution. Après une tournée avec Alexisonfire, et Moments in Grace, 2004 voit la parution de The New What Next.

Le groupe se sépare l'année d'après, poussé par des envies d'ailleurs. Envie rapidement concrétisée puisque trois de ses membres (Chris, George et Jason) fondent The Draft dans la foulée et sortent un album. Chuck Ragan préfère, lui, se la jouer solo. Il sera imité par son pote qui s'investit dans Chris Wollard and the Ship Thieves. Jason Black, lui, rejoint Senses Fail.

Mais très vite, en 2007, tout ce beau monde se retrouve pour un concert de reformation, puis quelques, uns, puis une tournée aux Etats Unis, une en Europe (en tête d'affiche du Groezrock '08)... Bref, la scène démangeait trop nos quatre gaillards qui annoncent alors leur retour. Le 22 janvier '08 parait même chez No Idea Till the Wheels Fall Off, compilation de b-sides et raretés.  Mais le 15 juin, George Rebelo (batterie) annonce son départ pour le poste vacant chez Against Me! Fausse alerte, cependant, en ce qui concerne l'avenir du groupe, puisque celui-ci finit, avec son line-up originel, par sortir en 2012 le très réussi Exister avant de revenir en 2017 avec Light It Up.

Chroniques

Light It Up Caution

Light It Up ( 2017 )

Il aura fallu attendre cinq ans pour que Hot Water Music nous offre la suite du brillant Exister, qui avait démontré en 2012 que le quatuor originaire de Floride était toujours plus que capable de pondre des tubes à la chaîne et de mettre à l’amende la plus grande partie des groupes de Punk Rock actuels. La fraîcheur retrouvée par le combo après un hiatus de près de deux ans avait certainement joué sur la qualité d’un album qui s’imposait comme une évidence. 2017 : Donald Trump a pris le pouvoir aux Etats-Unis et Hot Water Music, tournant sur les quatre mêmes cylindres qu’à ses débuts dans les années 90, ne compte pas rester à l’écart. Une maison en feu, au milieu d’un environnement hostile, illustre la pochette de Light It Up. Un symbole de l’ambiance incendiaire qui règne actuellement outre-Atlantique ? Toujours est-il que le groupe semble à plusieurs reprises s’adresser directement au nouveau locataire de la Maison Blanche, comme sur Sympathizer ("We are not bred to back your threat, I don’t care where you cut your speech, I ain't buying your sound,I want to walk on a common ground […] Can’t build a wall if we don’t want to, Sympathize with whomever you choose").

Plus rugueux et désabusé que son prédécesseur, Light It Up reste un modèle de combativité de la part d’un groupe qui, s’il ne semble avoir aucune intention de révolutionner sa musique, continue à faire ce qu’il fait de mieux. La patte Hot Water Music, immédiatement reconnaissable, place l’auditeur en terrain familier. Le plaisir à chaque fois renouvelé de retrouver les voix écorchées de Chuck Ragan et Chris Wollard suffit en bonne partie à combler les fans du quatuor. L’ambiance plus sombre dans laquelle baigne Light It Up en fait cependant un disque plus austère, mais également plus viscéral. Signe des temps, Hot Water Music veut remettre la sincérité à l’ordre du jour, comme pour contrebalancer les manipulations politiques et médiatiques auxquelles il assiste au quotidien. Le morceau titre, qui ne ferait pas tâche chez Bad Religion, illustre d’ailleurs parfaitement, en moins d’une minute trente, l’état d’esprit des Floridiens. Pas de temps à perdre, de faux semblant ou de tromperie sur la marchandise. « What you see is what you get », semble clamer cet album, qui ne laisse à aucun moment son message être déformé ou recomposé d’une façon ou d’une autre.

De Show Your Face à Hold Out en passant par Bury Your Idols, Hot Water Music avance pied au plancher, indifférent à tous les signaux lui demandant de s’arrêter. Lorsque le tempo se ralentit (Sympathizer, High Class Catastrophe), l’intensité reste la même, et l’émotion davantage palpable. La seule surprise dont aurait pu nous gratifier le groupe aurait été de ne pas être fidèle à lui-même. Certains y verront certainement un manque d’ambition artistique, d’autres la confirmation que le Rock est avant tout une affaire de volonté et d’engagement. Les racines profondément plongées dans le Punk et le Hardcore, Hot Water Music a depuis longtemps fait son choix.

17.5 / 20
2 commentaires (18.25/20).
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Caution ( 2002 )

Haleine chargée au bourbon, voix rauque et cigarilleuse, recueil de Bukoswki en main (le groupe tire son nom du titre d’un des ouvrages de l’écrivain américain), Hot Water Music débarque en  2002 avec un album qui va marquer toute une génération : Caution.

Errant dans un monde sans d’ssus-d’ssous, au milieu des révolutions perdues et des colombes (de paix) incinérées, Hot Water Music joue comme pour être certain de rester en vie. Pressés de trouver le remède, les floridiens n’attendent pas le feu vert et partent au rouge dès les premières secondes ( "I need a remedy of diesel and dust"). Hardcore en sueur, punk éraflé, HWM croise les fers et sert un récital frondeur. Pactés dans des formats aux temps limités, les premiers morceaux de l’opus allument des mèches et dynamitent tout sur leurs passages ("Remedy", "Trusty Chords", "I Was On A Mountain"). Le sang porté à ébullition, Chuck fait admirer son grain atypique sur l’ensemble des 12 morceaux. Rocailleux et éreinté sur les parois pentues, le frontman laisse apprécier quelques savoureux déraillements en fin de ponctuation. Mythique. En support, et pour renforcer l’addiction, HWM use de chœurs en échos, ou de paroles enchevêtrées pour un rendu terriblement accrocheur ("Caution", "The Sense"). Constatation du dégât des eaux ? Un album marqué par un désespoir gorgé de révolte. 

Descendants de formations comme The Rites Of Spring, Quicksand ou Fugazi, Hot Water Music reprend un flambeau habitué à mêler les essences ("Alright For Now"). Coreux d’approche, punk en rythme, le quatuor possède par delà ces clivages un don inné de la mélodie qui brouille les pistes et ensorcèle l’auditeur. Bénéficiant d’une double guitare, en dialogue permanent, Caution doit sa signature à ces résonances mélodiques et ces riffs qui ne meurent jamais ("The Sense", "The End"). Cette flèche, sans cesse maintenue au cœur, bénéficie en outre du support d’une batterie, placée à crue sur le dos de la bête, qui permet de préserver un sentiment de proximité, de cohérence et de coalition avec le reste des instruments.

Assumant une réflexion constante sur le monde, diffusant une peine existentielle de tous les instants ("Sweet Disasters"), Hot Water Music était un groupe qui pensait avec les cordes. Intelligent donc mais aussi diablement marquant musicalement pour quiconque ayant tenté l’aventure, la formation floridienne a jusqu’au bout tenu un rang de haute facture, maintenant la flamme allumée malgré les déluges. Hot Water Music est parti trop tôt.

A écouter : pour s'en souvenir