Holy Fuck
Rock / Electronique

Congrats
1) Chimes Broken
2) Tom Tom
3) Shivering
4) Xed Eyes
5) Neon Dad
6) House of Glass
7) Sabbatics
8) Shimmering
9) Acidic
10) Caught Up
Chronique
C’était il y a six ans maintenant, l’electro rock DIY des Canadiens nous avait tout émoustillés, nous laissant transis et fébriles avec leur troisième album Latin. Nous batifolions alors dans les fluides riches en fibres des squats et clubs souterrains d’un monde sans barrières. Et puis plus rien, très peu de concerts et encore moins de communication, les sales punks de Toronto sont principalement restés au fond de leur cave, à préparer, peaufiner – tels des nerds possédés – ce qui deviendra Congrats.
On pouvait penser que le Holy Fuck de 2016 donnerait dans une exploration sonore plus intensive, mais les Canadiens semblent avoir voulu simplifier un brin leurs intentions, sans toutefois se contenter d’enflammer les dancefloors, heureusement. En fait ce quatrième long aurait parfaitement pu sortir deux ans après Latin, tant les ambiances et esthétiques sont proches, Congrats exposant des contours plus épurés mais tout aussi génialement anguleux. L’architecture propre aux compositions du quartet apparaît plus évidente, quelque peu mise à nu, disposant néanmoins d’un contenu tout aussi débordant, un flux rythmique pété de feeling, des nappes de clavier à tomber, ce chant fantomatique mais étrangement chaleureux (féminin sur le cotonneux Shivering, ou mixte sur Neon Dad), tout y est, affiné, poncé avec amour et radicalité.
L’atmosphère globale est imprégnée d’un psychédélisme omniprésent, touche indispensable et reconnaissable, ici sublimée par des claviers rehaussés, ajustés au poil, notamment à travers le furieusement dansant Xed Eyes (mon tube de l’été perso). Comme il serait absurde de résister à cette ligne de basse funky et jouissive sur House of Glass, à l’afrobeat du futur agencé par le vibrant Sabbatics, ou à la chaleur hypnotique et instantanée dégagée par Tom Tom, le tout impulsé par un batteur ultra précis, autant dans la binarité que la profusion de groove. A noter le fiévreux et renversant Acidic en dernier point d’orgue, emmené par un tempo ragga/reggae tendu comme un tanga, avant un final déviant et percussif qui rappelle avec joie celui de LP.
Congrats est le nouveau bonbon d’Holy Fuck, fait maison, dont les matières premières ont été taillées sur mesure, pour amplifier la saveur organique d'une musique qui ne manquait pourtant pas de caractère. Qu’on soit bien clair, ce disque met à l’amende la plupart des productions actuelles dans le genre, ce qui était déjà le cas en 2010 à vrai dire. Maintenant on veut bien profiter de tout ça en direct, dans nos sous-sols à nous, s’il vous plaît, merci. Et félicitations, donc.
En disponibilité absolue sur Bandcamp.