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Biographie

Holy Fuck

Holy Fuck est une créature à deux têtes pensantes qui a émergé des bas-fonds de Toronto en 2005 avec un premier album éponyme. Les bras chargés de synthé pourris et les têtes pleines d’idées, les Canadiens délivrent une musique entre rock et musique électronique à base de séduisants bidouillages entre expérimentation et improvisation pure. Ils avaient l’énergie, ne leur restait qu’à asseoir une identité forte. C’est chose faite avec leur second album, LP, sorti en 2007. La musique organique du quartet s'aventurera encore plus loin en 2010 avec la sortie de Latin, ce qui les rapprochera d'autres formations exploratrices comme Battles ou Aucan. Après ça le groupe ne donnera quasiment plus signe de vie durant presque six ans, mais revient en 2016 à la surprise générale avec leur quatrième album, Congrats, abrité par le label Innovative Leisure (Badbadnotgood, Hanni El Khatib)

Chroniques

Congrats Latin LP
16.5 / 20
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Congrats ( 2016 )

C’était il y a six ans maintenant, l’electro rock DIY des Canadiens nous avait tout émoustillés, nous laissant transis et fébriles avec leur troisième album Latin. Nous batifolions alors dans les fluides riches en fibres des squats et clubs souterrains d’un monde sans barrières. Et puis plus rien, très peu de concerts et encore moins de communication, les sales punks de Toronto sont principalement restés au fond de leur cave, à préparer, peaufiner – tels des nerds possédés – ce qui deviendra Congrats.

On pouvait penser que le Holy Fuck de 2016 donnerait dans une exploration sonore plus intensive, mais les Canadiens semblent avoir voulu simplifier un brin leurs intentions, sans toutefois se contenter d’enflammer les dancefloors, heureusement. En fait ce quatrième long aurait parfaitement pu sortir deux ans après Latin, tant les ambiances et esthétiques sont proches, Congrats exposant des contours plus épurés mais tout aussi génialement anguleux. L’architecture propre aux compositions du quartet apparaît plus évidente, quelque peu mise à nu, disposant néanmoins d’un contenu tout aussi débordant, un flux rythmique pété de feeling, des nappes de clavier à tomber, ce chant fantomatique mais étrangement chaleureux (féminin sur le cotonneux Shivering, ou mixte sur Neon Dad), tout y est, affiné, poncé avec amour et radicalité.

L’atmosphère globale est imprégnée d’un psychédélisme omniprésent, touche indispensable et reconnaissable, ici sublimée par des claviers rehaussés, ajustés au poil, notamment à travers le furieusement dansant Xed Eyes (mon tube de l’été perso). Comme il serait absurde de résister à cette ligne de basse funky et jouissive sur House of Glass, à l’afrobeat du futur agencé par le vibrant Sabbatics, ou à la chaleur hypnotique et instantanée dégagée par Tom Tom, le tout impulsé par un batteur ultra précis, autant dans la binarité que la profusion de groove. A noter le fiévreux et renversant Acidic en dernier point d’orgue, emmené par un tempo ragga/reggae tendu comme un tanga, avant un final déviant et percussif qui rappelle avec joie celui de LP.

Congrats est le nouveau bonbon d’Holy Fuck, fait maison, dont les matières premières ont été taillées sur mesure, pour amplifier la saveur organique d'une musique qui ne manquait pourtant pas de caractère. Qu’on soit bien clair, ce disque met à l’amende la plupart des productions actuelles dans le genre, ce qui était déjà le cas en 2010 à vrai dire. Maintenant on veut bien profiter de tout ça en direct, dans nos sous-sols à nous, s’il vous plaît, merci. Et félicitations, donc.

En disponibilité absolue sur Bandcamp.

A écouter : pour aller mieux.
16 / 20
1 commentaire (12/20).
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Latin ( 2010 )

"Ouh putain !". Voilà les mots que j’ai expulsé spontanément à l’écoute de ce deuxième long des torontois, découverts avec un LP originel ambitieux, apparu environ au même moment que la claque Mirrored de Battles. La comparaison paraît d'ailleurs naturelle tant les deux groupes expérimentent des territoires similaires, ceux d’un electro-rock organique et bigarré. Chacun a toutefois sa manière de composer, et dans le cas d’Holy Fuck, c’est un peu l’atelier de bricolage. Des percussions et claviers faits maison, comme pour les pédales d’effet et quelques autres babioles sonores, destinées à faire bouger les corps tout en essayant d’insuffler des émotions nouvelles, voire oubliées.

Davantage que sur le LP de 2007, le Latin de 2010 maîtrise sa méthode sur le bout des ongles, et propose une tracklist calibrée au millimètre. MD introduit doucement l'objet sur un ambiant crépusculo-noisy, et c’est parti. La machine douée d’intelligence musicale est lancée, équipée d’un Red Lights foutrement dansant, d’un Latin America lumineux, d’un SHT MTN au groove percutant, suivi d’un Stilettos technoïde, potentiellement apte à enflammer n’importe quel dancefloor souterrain. Les perles sont légion. Le travail de recherche sonore se ressent à tous les niveaux, notamment par cet amoncèlement de couches électroniques, de textures organiques intégrées progressivement, ou mélangées. Le tout forme un ensemble complexe (mais décomplexé) et rythmiquement accessible, procurant une énergie positive à laquelle on succombe avec plaisir et délectation.

A l’instar de Battles, Holy Fuck diffuse une musique entraînante, hors normes, et même curative. Latin est un album à faire tourner régulièrement, seul pour s’extirper d’un mauvais coup de blues, ou lors de soirées pour transpirer, affichant le sourire niais de rigueur. Bien plus efficace et naturel qu’un antidépresseur.

A écouter : à intervalles réguliers.
16.5 / 20
1 commentaire (16/20).
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LP ( 2007 )

Qu’est-ce qui se cache derrière cet étrange patronyme Holy Fuck ? Seulement la capacité de rendre la musique électronique bien plus organique voire même plus rock que la plupart des figures de proue du style. A quoi imputer cette saisissante alchimie qui engourdie les neurones à coups de loops et de samples aux allures aliénantes tout en alimentant la pompe à sang nous agitant de frénétiques mouvement de tête et d’irrésistibles soubresauts de pieds. Des synthétiseurs de récupération aux sonorités étranges mais jamais kitsch, une batterie humaine fusionnant avec les machines ou encore une fraîcheur et un éclectisme auditif chauffé à blanc ? Sûrement un peu (beaucoup ?) de tout ça.
Les Holy Fuck abattent les murs, avec une élégance pourtant emprunte de la sueur enfumée de la scène, qui séparent les pièces de la demeure sonore. Des caves obscures parcourues de vapeurs vocales hallucinées de Milkshake, en passant par le corridor inlassablement agité par le rythme de Pulse et en empruntant l’ascenceur post-rockien de Lovely Allen : on commence à peine la visite et on se sent déjà chez soi. Le papier peint, sale et vieilli, s’effiloche sous les assauts dansants et hypnotiques d’un Royal Gregory tandis que le destructuré Safari, aux relents d’Aphex Twin dopé aux amphétamines, décape au corps le planché. Le grain indiscutablement live, la moitié des morceaux ayant été enregistré lors de concerts, donne un l’ensemble une teinte rugueuse, presque punk. Même lorsque le tempo se fait plus apaisé  avec Choppers, la tension demeure palpable, les tympans ne cessent pas pour autant de vibrer. Inclassable, insaisissable, on finit par perdre ses repères et se mettre à marcher au plafond, les lustres en guise d’animaux de compagnie. Le sang monte à la tête et l’emprise de Holy Fuck parvient à maintenir son emprise tout au long des 37 minutes du disque. Oui effectivement, lors de l’état des lieux un dégât des eaux a été repéré : la courte durée de LP, bien que qu’épargnant de la lassitude éprouvé à l’écoute d’efforts parfois trop longs, est peut-être une ombre au tableau mais ça doit sûrement être pour ça que la touche « répéter en boucle » a été crée.
Désarçonnant, spontané et habité d’une véritable âme, les Holy Fuck bâtissent, avec LP, un monument de bricolages sincères et audacieux. Difficile de ne pas succomber dés la première écoute mais plusieurs seront nécessaire pour réellement appréhender l’architecture sonore. Les clés en main, à vous de voir quand vous emménagez…

A écouter : dans son appartement, dans sa maison, dans sa voiture, dans le m�tro� partout finalement
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Style : Rock / Electronique
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Origine : Canada
Site Officiel : holyfuckmusic.com
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