Comme partout, le punk rock mélo a connu à Paris son âge d’or à la fin des 90’s. Ses lieux de rassemblement était la Boule Noire, le Divan du Monde, l’Elysée Montmartre, la Pèche ou le Batofar, et c’était toujours les mêmes visages qui peuplaient ses sols, pour voir Chris Demakes (chanteur des Less Than Jake) se faire molarder sur le torse, entendre Consumed/Tilt/Mad Caddies/No Use For A Name partager une seule et même scène ou pour mourir de compression sur des barrières à l’appel de "Stickin’ In my Eye". Hogwash était de ceux là. De ceux qui ont eu des colliers, des pics dans les cheveux, des fanzines photocopiés dans les mains et des etnies au pied.
Alors, à force d’être abreuvé de cette musique, ils ont fini par la ressortir sous forme de sueur. C’est ainsi que le punk doit se manifester. Insert Title Here et Old’s cool, New’s Cool furent ses premières démonstrations dans un style nourri aux banquets du Epifat 90’s sound. Et si on reprocha quelques maladresses de jeunesse à l’époque, il fallait reconnaître une catchysité rare en la matière pour des frenchies. 2010, l’eau a coulé et les épaules des dudes se sont étoffées. En atteste ce premier pas gracieux au piano - qui montre que le groupe s’en fout d’être taxé de sensible - pour introniser l’album : "This Is Not A Method (This Is A Provocation)". Joli titre, aux faux airs de slogan situationniste. Côté son, No Use For A Name/NOFX/Craig’s Brother/Strung Out sont encore adulés; à n’en pas douter ("Donna", "Safety Buzz", "Romina Rovere..."). Les mélodies sont donc bien mises en avant ("The Crying Waitress"), soulignées par un double chant (Rafik/Florian) lui-même mélodique et qui alterne les dictions et les up&down et une rythmique qui fuse sec sans se poser des questions. Du classique à la mitraille - une double - donc (tchoum-tchaq-tchaq-tchoum-tchaq-tchaq), mais avec du c(h)œurs à l’ouvrage, du dynamisme prégnant et une pointe de tripes en plus par rapport à avant, qui donne au ton un aspect tantôt plus rough ("Round One : Fight", "Paris Beach", "Simple Jack") tantôt plus poignant ("Russian Standard Of Care").
Avec une paire de titre typiquement hogwashien ("The Fall", "Waffles"), les amateurs ne seront pas dépaysés et retrouveront le temps de 13 titres les joies de la plongée dans l’univers punk rock mélo ; car le quatuor n’a pas trahi sa patrie d’origine. Plus que Paris plage, c’est carrément la Californie en Ile-de-France qu’ils donnent à entendre. Sticker Paralysis ressort de ce fait avec la mention honorable (à cause de quelques moments un peu répétitif ou pas franchement nouveaux surtout sur la 2e partie) ; le sentiment qu’il a peut-être perdu certains de ses dons pour l’immédiateté catchy mais pour mieux gagner en maturité en contre-partie (Progrès dans le chant, prod’ de qualité, compositions travaillées [Cf. le pont de "Paris Beach"], artwork bien foutu). Le baiser est donc moins doux à cause des poils qui ont poussé, mais le visage est plus racé et plus viril. Et vu que la barbe est hype en ce moment , let's bearded !
A écouter : "Donna", "Round One: Fight", "Paris Beach", "Russian Standard Of Care"