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Biographie

Ho99o9

Ho99o9 émerge en 2012 à Newark dans le New Jersey, réunissant TheOGM et Eaddy, tous deux issus du collectif artistique NJstreetKLAN, renommé aujourd'hui JerseyKLAN. D'abord influencé par le Gangsta Rap de DMX, le duo se tournera rapidement vers la scène orientée Punk et Art Punk de Brooklyn, incluant Japanther, The Death Set ou les shows artistiques A.L.I.E.N., en plus des inspirations horrifiques de White Zombie. On les rapprochera aussi de formations telles que Death Grips, Bad Brains ou Big Black.

Ho99o9 expulse son premier EP Mutant Freax en 2014 et fait le choix cohérent de l'autoproduction. Il seront pour l'occasion conviés à l'Afropunk Festival la même année, puis au SXSW de 2015, armés ici d'un second format court, Horrors of 1999. Leurs performances live ne laissent pas le public ni la presse indifférents. Ce qui les amènera à tourner à Londres, Paris, Amsterdam, puis aux Eurockéennes, au Pukkelpop, au Reading et autres festivals branchés, toujours en 2015. Après une mixtape (Dead Bodies In The Lake) et une tournée avec The Dillinger Escape Plan, TheOGM et Eaddy se mettent à bosser sur le premier album, United States of Horror, qui paraîtra en 2017.

Chronique

17 / 20
3 commentaires (12.83/20).
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United States Of Horror ( 2017 )

Des aliens, des envahisseurs, des pavés dans la mare culturelle. Le Hip-Hop a construit une partie de son patrimoine sur des cerveaux à priori malades, puisant de manière cyclique dans ses racines contestataires, comme pour ranimer les consciences assoupies, les extraire d’une torpeur uniformisée. Les deux entités d’Ho99o9 reprennent à leur sauce la subversion vitale des premiers Beastie Boys, par un caractère punk suintant à la Dead Kennedys, s’accordant aussi bien aux expérimentations d’un Death Grips qu’à l’urgence et l’abrasion de Black Flag.

TheOGM et Eaddy sont également et de toute évidence amateurs de films qui font peur, ils offrent d’ailleurs un parallèle assez pertinent avec la situation politique actuelle, notamment aux USA, qui ne se traduit pas seulement à travers un titre d’album. Chaque morceau véhicule ce regard sur un monde qui meurt, interpelle celles et ceux qui écoutent via le prisme d’une horreur fantasmée ou fictionnelle, pourtant existante, relatée quotidiennement mais imperceptible depuis le confort d’occidentaux plutôt préoccupés à se vautrer dans la consommation outrancière d’objets divertissants. United States of Horror s’inscrit dans cette démarche de mobilisation des esprits, pratiquant la dérision ou une forme de psychédélisme bienvenu pour encourager la réflexion, qu’il s’agisse de racisme, de guerre, de religion ou de capitalisme.

Ceci est illustré musicalement par les mots introductifs d’une enfant précoce, suivis du beat écrasant d’un War Is Hell explicite, éclatant de bruit et d’intentions néfastes pour la bonne société. Le délicieusement Jungle Face Tatt rappellera volontiers les belles heures de Prodigy, en plus crasseux donc en mieux, Street Power et sa mélodie d’Halloween laisse les guitares affoler les compteurs au sein d’un bordel judicieusement organisé, alors que le nerveux Bleed War scande son nom sans déglutir. Les 17 titres (interludes indispensables compris) forment un ensemble étonnamment cohérent malgré l’audace stylistique employée. On pourrait s’attarder sur chacun d’entre eux, comme le brûlot Knuckle Up, Sub-Zero et New Jersey Devil promptement nourris au Hardcore et au Metal, le morceau éponyme, hymne électro-rampant, ou le souffle autotuné d’Hydrolics. Compliqué de trouver le moindre défaut de fabrication, hormis une basse un peu trop confiante sur le très ponk City Rejects. Nulle obsolescence programmée. Le flow est carnassier, inquiétant, on imagine aisément deux humanoïdes déments nous tournant autour, assénant leurs mantras revendicatifs, on pourrait presque sentir des postillons, plus galvanisants que dérangeants. Ce malgré un Blaqq Hole bon a exorciser que l’on croirait échappé d’un projet de Mike Patton. On ne cracherait d’ailleurs pas sur une éventuelle collaboration avec ce dernier, tiens.

Ho99o9 privilégie l’autoproduction, cultive et s’approprie ce qu’incarnent fondamentalement le Hip-Hop et le Punk/Hardcore, y ajoutant une dose conséquente de légitime folie. Le duo régurgite cet héritage avec toute la mesure et la personnalité qu’on ne retrouve pas toujours au sein d’autres formations du même tonneau expérimental, d’autant plus pour un premier album. Si on complète le tableau avec des prestations publiques dangereusement possédées, on tient là un précieux qu’il faudra nécessairement chérir jusqu’à la mort, jusqu’à l’horreur fatale.

A écouter : fatalement.